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Histoire Recensions

Une histoire du Brésil

Broché : 480 pages
Editeur : Perrin (25 février 2016)v Langue : Français
ISBN-10 : 2262037507
ISBN-13 : 978-2262037505
Dimensions : 15,5 x 3,6 x 24 cm

 Une histoire du Brésil

Qu’il est bon de temps à autre de porter son regard au-delà des frontières de l’Europe, de s’intéresser à une histoire qui n’est pas la nôtre. Par conséquent, autant dire que cette histoire du Brésil est la bienvenue. Attention au titre ! Il s’agit d’Une histoire du Brésil, et non de l’histoire du Brésil. L’auteur, Michel Faure, a pris une option : considérer l’histoire cet immense pays sous un angle essentiellement politique. On ne lira pas cette histoire sans avoir cette précision à l’esprit. Peu de choses sur l’évolution économique et sociale, sur la place de la religion ou sur la vie culturelle, mais le panorama circonstancié et détaillé de l’évolution chaotique de régimes successifs, de la Vieille République aux tempêtes successives essuyées par l’actuelle présidence de Dilma Roussef, en passant bien sûr par l’Ordo Novo de Vargas. Le tableau dressé par Michel Faure laisse une impression assez curieuse. Il est tout de même étonnant qu’un pays aussi grand, disposant d’atouts aussi nombreux, ait du mal à devenir la grande puissance bénéficiaire des bienfaits dont l’a pourvues la nature. L’auteur décrit un certain nombre de points très positifs, le premier étant l’implantation de la démocratie en dépit d’une opposition puissante. En dépit de difficultés très sérieuses (inégalités sociales et économiques colossales, problèmes écologiques, criminalité galopante, insuffisance des structures…), le Brésil semble avoir plutôt bien négocié son entrée dans le XXI° siècle. Si certains, ici, considèrent avec horreur le mélange des populations propres au Brésil, au point d’avoir inventé un néologisme : la brésilianisation, l’important c’est le regard que portent les natifs sur leur patrie : une force encore indolente, géant endormi qui doit encore se débarrasser de ses pieds d’argile pour asseoir toute sa puissance.

 

Michel Faure, Une histoire du Brésil, Perrin, 2016, 441 pages, 24.90€

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Histoire Recensions

France 1940 : Défendre la République

Broché : 320 pages
Editeur : Perrin (16 mars 2017)
Langue : Français
ISBN-10 : 2262065608
ISBN-13 : 978-2262065607
Dimensions : 15,5 x 2 x 21,5 cm

 France 1940 : Défendre la République

Dès l’introduction, l’auteur donne le ton. Plutôt que de livrer une énième histoire de la catastrophe des mois de mai et juin 1940, Philip Nord a préféré « suggérer une approche sans intransigeance, nuancée, de la défaite française ». Il faut insister : là où d’autres auteurs comme Jacques Benoist-Méchin ou Alistair Horne décrivent par le menu le détail des opérations militaires et les affres des dirigeants politiques, abasourdis devant l’ampleur de la déroute, Philip Nord a préféré  considérer les événements de haut. Cette vision surplombante a le mérite de dégager des lignes de faîte qu’on a certainement eu tort de négliger. La thèse de l’universitaire américain se résume en quelques phrases : la France était bien seule dans son combat contre la puissance militaire germanique, les politiciens de la III° République avaient plutôt bien préparé l’outil militaire et la débâcle n’était pas inévitable. En un mot, le régime n’était pas aussi pourri que certains, par esprit de revanche ou de haine à l’égard de la république, ont voulu le dire. Certes, nombreuses furent les défaillances mais elles ne sauraient expliquer à elle seule la catastrophe qui s’abattit sur le pays. Pour l’auteur, en dépit de ses faiblesses et dans la mesure où la France constituait la première ligne des nations démocratiques contre l’ennemi commun, elle s’est comportée de façon très honorable. Ce qui a abattu le régime est plutôt à chercher du côté des ennemis du régime républicain, ces partisans d’un régime autoritaire qui, à l’instar de Pétain, assimilaient la République à la chienlit. C’est cette contestation interne, ce manque de confiance à l’égard des institutions, cette défiance de l’avenir qui a contribué, presque aussi sûrement que les blindés de la Whermacht, à liquider le régime et à abattre le pays. En quelques courts chapitres, Philip Nord renouvelle la compréhension d’événements qui ont marqué durablement la société française.

 

Philip Nord, France 1940. Défendre la République, Perrin, 2017, 232 pages, 19.90€

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Churchill, stratège passionné

Broché : 280 pages
Editeur : Perrin (24 novembre 2016)
Collection : MTRE DE GUERRE
Langue : Français
ISBN-10 : 2262050473
ISBN-13 : 978-2262050474
Dimensions : 16,3 x 3,3 x 21 cm

 Churchill, stratège passionné

L’excellente collection « Maître de guerre » délaisse les militaires pour s’intéresser aux politiques. Il faut dire qu’il ne s’agit pas de n’importe quel homme politique et que celui auquel s’intéresse François Kersaudy est un être ô combien singulier. Tout, dans l’itinéraire de Winston Churchill, s’est déroulé sous le signe de l’exception. Collégien peu doué, ce descendant du grand Malborough s’intéresse tôt à la chose militaire. Aventurier et indiscipliné, il est cavalier en Inde. Quittant l’armée, le voilà reporter de guerre en Afrique du Sud durant la Guerre des Boers. Député et ministre alors qu’il a tout juste trente ans, il est Premier Lord de l’Amirauté à la déclaration de la guerre de 14-18. La suite, on la connaît… surtout ces épisodes où, tenant tête à l’Allemagne hitlérienne, il promet au peuple anglais du sang, de la sueur et des larmes. Tout au long de ce récit vivant, agrémenté de cartes et d’images toujours très significatives, François Kersaudy livre l’image d’un excentrique bon vivant, passionné par l’armée, joueur, plein d’idées, tantôt excellentes, parfois saugrenues. Doté d’une prescience extraordinaire et d’un sens de la formule faisant souvent mouche, W. Churchill connut aussi quelques ratés majeurs dus à une imagination débridée l’amenant à jouer gros sans avoir beaucoup d’atouts dans son jeu. Ce Churchill montre les multiples facettes d’un personnage dont on se demande si, par ses multiples activités, il n’a pas eu plusieurs vies. Et puis, cerise sur le gâteau, impossible de s’ennuyer en compagnie de cet amoureux du whisky soda, francophile et amateur de bons mots. On se souvient par exemple de l’exclamation qu’il poussa quand il apprit l’obtention du Prix Nobel de littérature : « Je ne savais pas que j’écrivais si bien. » F. Kersaudy dresse le portrait vivant d’un homme sacrément attachant.

 

François Kersaudy, Churchill, stratège passionné, Perrin, 2017, 443 pages, 24€

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Histoire Recensions

Les hommes de Vichy

Broché : 350 pages
Editeur : Perrin (19 janvier 2017)
Langue : Français
ISBN-10 : 2262049297
ISBN-13 : 978-2262049294
Dimensions : 15,5 x 3 x 24 cm

 Les hommes de Vichy

En spécialiste de la France des années 40, Jean-Paul Cointet a eu l’heureuse idée de synthétiser en un volume l’essentiel des informations essentielles à la connaissance des hommes qui ont entouré Pétain de 1940 à 1944, date de l’exil forcé à Sigmaringen. Bien qu’étant courts, la bonne vingtaine de portraits ici présentés donne l’essentiel des biographies d’hommes qui, tous, à des degrés divers, ont eu des comptes à rendre à la Libération. A côté des figures connues qu’étaient Laval ou de Brinon, l’auteur a tenu à présenter des hommes qui, bien qu’ayant davantage agi dans l’ombre, ont pu influencer la politique de l’Etat français. Jean Bichelonne  ou Paul Marion n’étaient pas les seconds couteaux qu’on imagine : eux aussi ont eu leur part d’influence.  Ces « hommes de Vichy » apparaissent dans un ordre qui a sa logique propre. Il y avait les fondateurs comme Weygand et Darlan, puis les conseillers du Prince, à l’image de Du Moulin de Labarthète. A côté des doctrinaires à la façon de Vallat et de Massis il fallait compter sur les  épurateurs comme Darnand. Néanmoins, ce qui frappe le plus dans cette galerie, c’est l’hétérogénéité des parcours et des profils, ce que l’auteur explique en préface (p. 13) : « Etudier les hommes de Vichy est une manière de mettre fin à une approche  voyant dans ce régime un bloc, dans l’espace comme dans le temps. » En effet, il est rigoureusement impossible de dresser le portrait-type du collaborateur du maréchal Pétain. Ce dernier est comme l’icône qui unifie tout ce petit monde qui n’échappait pas, dans l’atmosphère étroite et confiné de la ville-préfecture de l’Allier, aux mesquineries et jalousies propres à tous les paniers de crabes. Beaucoup viennent de vieilles familles catholiques et n’ont d’autre souci que de régénérer un pays qu’ils estiment décadent. Il y a aussi les arrivistes, puis ceux qui se persuadent de la victoire de l’Allemagne et veulent arrimer le char de l’Etat au Reich. Si ces portraits laissent apparaître de temps à autre un peu de brillance, on ne peut qu’être frappé, au final, par la médiocrité d’un personnel politique qui, somme toute, avait les toutes les apparences de celui de la défunte III° République.

 

Jean-Paul Cointet, Les hommes de Vichy, Perrin, 2017, 375 pages, 23.90€

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La cause du peuple

Broché : 464 pages
Editeur : Perrin (28 septembre 2016)
Collection : HORS COLLECTION
Langue : Français
ISBN-10 : 2262069360
ISBN-13 : 978-2262069360
Dimensions : 15,6 x 4 x 24,1 cm

 La cause du peuple

Patrick Buisson, l’ancien conseiller du Président Sarkozy, revisite le précédent quinquennat d’une façon originale et enlevée. Ici, rien d’une trame chronologique narrant de 2007 à 2012 les épisodes les plus tumultueux de la présidence Sarkozy, mais l’analyse au scalpel d’un échec programmé dès le début. Pour P. Buisson, en effet, l’échec de Nicolas Sarkozy face à François Hollande en 2012 tient pour une grande part à l’incapacité à demeurer campé sur une ligne, celle de la cause du peuple. Au lieu de redonner la parole aux anonymes, aux perdants de la mondialisation, bref à la France des « petits blancs », Nicolas Sarkozy s’est enferré dans son copinage avec les puissants et les riches. Dès son élection la cause était jouée. Comment rendre la souveraineté au peuple, dire que l’on entend ses souffrances et, quelques jours plus tard, fréquenter les patrons du Cac 40 ? Grand écart intenable… Les chapitres revisitent les thèmes chers à l’auteur, thèmes dont il tenté d’infuser la pertinence chez l’ancien président et l’équipe qui l’entourait : l’identité nationale, le rapport au religieux, la politique de civilisation… Patrick Buisson analyse en surplomb des chapitres dont l’actualité nous montre qu’ils demeurent de vrais sujets de débat. La cause du peuple n’est pas un livre politique comme les autres ; plus exactement c’est un livre qui magnifie la politique. Foin des petites bagarres politiciennes n’ayant aucun intérêt. Avec une capacité d’analyse très aiguë, aidé d’une vaste culture littéraire et historique, Patrick Buisson se livre à une étude serrée de la société française, minée par le communautarisme, fragmentée, livrée pieds et mains liés à la consommation, dépossédée de sa souveraineté. Comment l’un des premiers Etats-nations du continent est-il devenu ce conglomérat, ce territoire à prendre, cette forteresse vide ? Non seulement La cause du peuple tend à consacrer le peuple comme artisan de son destin, mais il se livre à une analyse sans concession d’un pouvoir déliquescent, habité par des gens sans conviction. Un grand livre.

Patrick Buisson, La cause du peuple, Perrin, 2016, 460 pages, 21.90€

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1918 : L’étrange victoire

Broché : 416 pages
Editeur : Perrin (27 octobre 2016)
Langue : Français
ISBN-10 : 2262030383
ISBN-13 : 978-2262030384
Dimensions : 14 x 3,4 x 21,1 cm

 1918

Le 5ème et dernier volume de la série consacrée par Jean-Yves Le Naour à la Première Guerre mondiale possède les qualités de ses prédécesseurs : sources sûres et variées, vue en surplomb des événements dans leur globalité, relativisation accordée aux faits militaires… Pourquoi l’auteur estime-t-il « étrange » la victoire de 1918 ? Principalement pour deux raisons. Militairement, l’année 1918 consacre le dernier effort du Reich pour emporter la décision à l’Ouest, une fois la paix signée avec les bolcheviks, laquelle permet de rameuter plusieurs dizaines de divisions en France. Une série d’offensives fait vaciller le front allié et, lors d’une seconde bataille de la Marne, les Allemands sont arrêtés à quelques dizaines de kilomètres de la capitale. Cette série de coups de boutoir aura pour effet la nomination, dans le camp de l’Entente, d’un commandant en chef de l’ensemble des armées alliées. Anglais, Américains et Français tombent d’accord sur le nom de Foch. Il faudra beaucoup de patience et de détermination à ce dernier pour mettre fin aux égoïsmes nationaux. Alors que le redressement allié s’opère à partir de juillet – et qui met fin une bonne fois pour toutes à la légende entretenue par les nazis du coup de poignard dans le dos -, chacun fourbit ses armes pour gagner la paix, Britanniques et Français voyant d’un œil fort différent la place de l’Allemagne dans le nouveau concert des nations. La capitulation déguisée dans l’armistice du 11 novembre était lourde d’ambiguïtés pour l’avenir. Comme l’écrit l’auteur : « Avec le recul, il était donc possible de se demander s’il n’aurait pas été plus habile de conclure la paix sur le sol de l’ennemi. » La paix signée en cette fin d’année 1918 était chargée des embarras dont les totalitarismes surent tirer argument pour mettre à bas la construction édifiée lors du Traité de Versailles. 1918 annonçait 1939.

 

Jean-Yves Le Naour, 1918. L’étrange victoire, Perrin, 2016, 410 pages, 23€

 

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Carthage – Histoire d’une métropole méditerranéenne

Broché : 464 pages
Editeur : Perrin (14 avril 2016)
Langue : Français
ISBN-10 : 2262041121
ISBN-13 : 978-2262041120
Dimensions : 15,5 x 3,7 x 24,1 cm

 Carthage

Dans la mémoire collective Carthage continue de souffrir la comparaison avec Rome. Alors que la cité punique s’effondrait en 146 avant J.-C. sous les coups de l’occupant romain, l’histoire à la fois longue et prestigieuse de Rome ne faisait que commencer. Il n’empêche : le conflit entre les deux cités rivales a marqué l’histoire de la Méditerranée. L’ouvrage de Khaled Melliti ne se voulant pas exhaustif, on pourra regretter l’absence de certains domaines. Dommage par exemple que la vie quotidienne à Carthage ne soit pas évoquée ; elle aurait pu amener d’intéressantes comparaisons avec La vie quotidienne à Rome vue par Jérôme Carcopino. Certes, l’ouvrage de ce dernier se situe au premier siècle de notre ère mais les trois siècles qui séparent l’apogée de la puissance carthaginoise et le début de l’Empire romain se situent dans le domaine de réflexion de l’histoire longue. Regret, a-t-on signalé, d’une histoire purement diplomatique et militaire, tentation de nombreux livres d’histoire qui préfère se pencher en détail sur l’histoire des dynasties plutôt que sur l’histoire vécue des peuples. Cela étant dit, on saluera le gros travail d’érudition de Khaled Melliti ainsi que la façon claire avec laquelle il narre les guerres puniques. Après les foudroyants succès d’Hannibal en Italie (victoire de Cannes en 216) et la défaite devant les troupes de Scipion sur le territoire même de Carthage, les historiens avaient tendance à considérer comme du menu fretin les années qui suivaient. L’auteur insiste avec raison sur les considérants qui ont amené Rome à vouloir se débarrasser une bonne fois pour toute de sa rivale, semblant donner raison à l’obsession de Caton l’Ancien pour qui « Carthage devait être détruite ». C’est la résurrection économique, au début du II° siècle de notre ère, qui va peu à peu conduire Rome sur les chemins du déshonneur : la crainte d’avoir à affronter une puissance punique renouvelée – après les très dures guerres puniques – valait bien la destruction complète de Carthage par les soldats de Scipion Emilien.

 

Khaled Melliti, Carthage, Perrin, 2016, 549 pages, 25€

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Une Histoire de la marine de guerre française

Broché : 528 pages Editeur : Perrin (7 avril 2016) Langue : Français ISBN-10 : 2262037159 ISBN-13 : 978-2262037154 Dimensions t: 15,6 x 3,9 x 24,1 cm
Broché : 528 pages
Editeur : Perrin (7 avril 2016)
Langue : Français
ISBN-10 : 2262037159
ISBN-13 : 978-2262037154
Dimensions t: 15,6 x 3,9 x 24,1 cm

 Une Histoire de la marine de guerre française

La marine de guerre a-t-elle toujours fait figure de parent pauvre ? La lecture du livre du contre-amiral Rémi Monaque peut le laisser croire. Du reste, il n’est pas le seul à faire ce constat. En 1977, le Britannique H.E. Jenkins, auteur d’une très impartiale Histoire de la marine française, avait tiré un constat identique : Si la France n’a pas à avoir honte de sa marine de guerre, la marine française, à juste titre, peut avoir quelque raison d’avoir honte de la France. A côté de l’habileté d’amiraux comme Duquesne ou Tourville, de la bravoure de corsaires comme Jean Bart et Surcouf, de la qualité de nos vaisseaux du temps de la marine à voile, que d’errements, de reculs et de demi-mesures ! Sauf exception, la marine française n’a pu faire mieux que d’être un brillant second ; les nombreuses déconvenues qu’elle a essuyées sont pour l’essentiel dues aux reculades à un pouvoir politique dont les choix erratiques ont sans cesse balancé : la mer ou la terre ?  La géographie a rendu le choix des plus malaisés. Tandis que les Anglais pouvaient se contenter d’une minuscule armée de terre et avaient par conséquent tout loisir de renforcer leur marine, la France a toujours été tiraillée entre l’appel du large et la défense du territoire national. Comment nos aïeux auraient-ils pu être aussi puissants sur mer que sur terre ? Si certains ministères comme ceux de Richelieu et de Colbert surent donner aux marins les moyens de la puissance, les saccades de l’histoire nationale empêchèrent la France de devenir une très grande puissance maritime. A partir de la Révolution, la marine va connaître un déclin progressif jusqu’à la Première Guerre mondiale. Depuis les années 1980, la marine est soumise à une dure épreuve, ses effectifs et son budget étant sans cesse victimes de purges sévères. Très complète, cette Histoire de la marine se lit avec grand plaisir.

Rémi Monaque, Une Histoire de la marine de guerre française, Perrin, 2016, 526 pages, 26 €

 

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Mussolini. Un dictateur en guerre

Broché : 250 pages Editeur : Perrin (19 mai 2016) Langue : Français ISBN-10 : 2262043728 ISBN-13 : 978-2262043728 Dimensions : 13,9 x 2,4 x 20,9 cm
Broché : 250 pages
Editeur : Perrin (19 mai 2016)
Langue : Français
ISBN-10 : 2262043728
ISBN-13 : 978-2262043728
Dimensions : 13,9 x 2,4 x 20,9 cm

 Mussolini. Un dictateur en guerre

Si le fascisme semble aussi vilipendé que le nazisme, il s’avère aussi que la comparaison entre ces deux systèmes totalitaires ne vaut pas raison. Bien sûr, le fascisme draina la plupart des oripeaux propres au totalitarisme : enrégimentement de la jeunesse, propagande étouffante, régime à parti unique, chasse aux opposants, dirigisme économique, etc. Cela dit, la comparaison avec le nazisme ou le stalinisme se fait au bénéfice du fascisme. Si le régime mussolinien était dur, il n’était pas impitoyable comme pouvait l’être à la même époque l’Allemagne hitlérienne : pas de camp de la mort, pas de chasse à mort à l’encontre des personnes de confession juive, une monarchie et une Eglise – religion de l’énorme majorité des Italiens – respectées et ainsi de suite. Mais c’est moins les affaires intérieures qui intéressent l’auteur de ce Mussolini que la politique extérieure d’un chef d’Etat dont les rodomontades ne purent jamais dissimuler la faiblesse congénitale d’un régime reposant sur une base trop fragile. En matière de politique étrangère et de diplomatie, l’histoire de l’Italie mussolinienne emprunte beaucoup à la fable de la grenouille qui voulait se faire aussi grosse que le bœuf.  Désireux d’agrandir l’empire colonial italien et de jouer dans la cour des grands, le Duce s’enflamma pour une politique de grandeur dont l’Italie n’avait assurément pas les moyens. « C’est une guerre pour les Allemands ou les Japonais, disait le Duce, pas pour nous. » (p.217) Doté d’un équipement industriel vieillot et d’un outil militaire inadapté, l’Italie sera, jusqu’en 1943, constamment à la remorque de son puissant allié du nord. S’illusionnant sur les capacités d’une nation insuffisamment industrialisée, l’Italie fut incapable de soutenir la guerre parallèle en Méditerranée. Pour l’Italie la guerre se résuma en une succession de défaites, de mécomptes et de désillusions.

Max Schiavon a réussi à dresser le portrait d’un homme pas forcément antipathique mais égaré par son appétit de puissance.

 

Max Schiavon, Mussolini. Un dictateur en guerre, Perrin, 2016, 270 pages, 21€

 

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Une journée avec

Broché : 380 pages
Editeur : Perrin (4 mai 2016)
Langue : Français
ISBN-10 : 2262050708
ISBN-13 : 978-2262050702
Dimensions : 14,1 x 3,4 x 21,1 cm

 Une journée avec

Fruit du travail commun d’une quinzaine de collaborateurs, Une journée avec se donne pour objectif de décrire la journée type d’un homme ou d’une femme illustre, de Charlemagne à Elizabeth II d’Angleterre. Autant dire qu’avec un tel sujet le lecteur se trouve bien plus souvent dans le cabinet de travail, la chambre à coucher ou la salle à manger d’un roi ou d’un président que sur un champ de bataille  ou dans une réunion diplomatique. La quinzaine de contributions présentées dans ce livre, toutes plaisantes à lire, donne raison au célèbre adage de Napoléon affirmant que, pour un domestique, il n’y a pas de grand homme. Si d’apparence Une journée avec nous emmène volontiers dans la petite histoire, il n’en reste pas moins que celle-ci possède des liens solides avec sa sœur jumelle, la grande histoire. En effet, il n’est pas dit que les habitudes horaires, alimentaires ou autres d’un personnage de premier plan n’ont pas eu d’influence sur sa destinée. La façon qu’avait Napoléon Ier de travailler et de mener une journée en dit long sur le comportement qu’il eut jusque dans les grandes affaires : cette hâte, cette hyperactivité qui parfois s’apparentait à de la précipitation a pu gâter de très pertinentes intuitions. On pourra conseiller à nombre de nos contemporains, soucieux d’être sans cesse connectés, « La vie de caserne de Charles de Gaulle à l’Elysée ». L’article donne à voir un De Gaulle détestant le téléphone, un engin qui coupe le fil de votre conversation et oblige à reprendre plusieurs fois la même démonstration. Une mention particulière au « Dimanche ordinaire de François Mitterrand », portrait très savoureux.

Sur un thème original, conduit par des récits menés tambour battant, Une journée avec, s’il n’a pas la prétention de constituer un grand livre d’histoire, fait pénétrer le lecteur dans l’intimité des grands de ce monde, passé et présent. Ce faisant, il éclaire des personnalités et offre une vue originale sur leur cheminement intérieur.

 

Claude Quétel & Franz-Olivier Giesbert, Une journée avec, Perrin, 2016, 380 pages, 21€