Catégories
Actualités Recensions

Décadanse

Éditeur ‏ : ‎ Albin Michel (12 avril 2023)
Langue ‏ : ‎ Français
Broché ‏ : ‎ 528 pages
ISBN-10 ‏ : ‎ 2226435190
ISBN-13 ‏ : ‎ 978-2226435194
Poids de l’article ‏ : ‎ 710 g
Dimensions ‏ : ‎ 15.5 x 3.8 x 24 cm

Après La fin d’un monde, livre consacré à la façon dont la France de la tradition s’est effacée au profit d’une France nouvelle et moderne, Patrick Buisson poursuit l’exploration de la société française. Un feu couvait, avant même l’explosion de Mai 68. La France bourgeoise, corsetée d’interdits, lâchait peu à peu du lest. A une sexualité longtemps bridée succédait ce que Jean-Claude Guillebaud nommera la « tyrannie du plaisir », autrement dit l’injonction à la satisfaction des sens. En quelques décennies, la plupart des barrières mises en œuvre par des siècles de morale religieuse et républicaine allait sauter, avec pour acmé certaines lois-phares comme les lois Neuwirth (loi autorisant la contraception orale) et Veil (dépénalisation de l’avortement). Faut-il préciser que le monde réel n’a pas mis longtemps à rattraper le joli mois de mai et que la pédophilie, acceptée au prétexte qu’après tout il n’était pas déraisonnable de multiplier les expériences, est devenue un crime majeur ? Comme le constate l’auteur, qui fait appel à une vaste culture, historique, littéraire, voire cinématographique, une révolution, même non sanglante, finit toujours par dévorer ses enfants.

Patrick Buisson, Décadanse, Albin Michel, 2023, 524 pages, 24.90 €

L’extrait : « … l’interdit d’interdire  avait naufragé bien des esprits jusqu’à l’abdication de tout discours critique de crainte de passer pour réactionnaire. » (p. 381)

Catégories
Actualités Recensions Religion

La fin d’un monde

Éditeur ‏ : ‎ Albin Michel (5 mai 2021)
Langue ‏ : ‎ Français
Broché ‏ : ‎ 528 pages
ISBN-10 ‏ : ‎ 2226435204
ISBN-13 ‏ : ‎ 978-2226435200
Poids de l’article ‏ : ‎ 720 g
Dimensions ‏ : ‎ 15.5 x 3.7 x 24 cm

Avec La fin d’un monde, Patrick Buisson livre une œuvre d’une densité rare, éclairé par un style de grande qualité. Dans une première partie, l’auteur dit son désarroi devant la disparition de la civilisation paroissiale et rurale qui était celle de la France jusqu’aux décennies 1970-1980. Dans la deuxième partie, P. Buisson raconte ce qu’il appelle le krach de la foi ; le catholicisme était appelé à devenir une religion minoritaire. Enfin, l’auteur revient sur la fin traditionnelle du père, un rôle qui a tendance à s’évanouir, par exemple avec la PMA. Les chapitres consacrés à l’évolution de l’Eglise catholique, au cours des années 1960-1975, sont l’occasion d’une ample réflexion sur les suites du concile Vatican II et sa réception parmi les simples fidèles. Sans mettre en cause les grands textes conciliaires, l’auteur estime que, mal reçu, le concile Vatican II a désemparé nombre de fidèles. Appliqué dare-dare par une nouvelle génération de prêtres désireuse de débarrasser la foi de la gangue de conformisme qui affadissait le sel de l’Evangile, Vatican II a dérouté les gens en leur donnant le sentiment que bien des acquis se trouvaient relativisés. Bien que trop unilatérale, discutable, la thèse mérite d’être débattue. Cet ouvrage est remarquable de culture et d’intelligence.

Patrick Buisson, La fin d’un monde, Albin Michel, 2021, 523 pages, 22.90 €

L’extrait : « Vieux d’environ cent mille ans, l’homo religiosus est entré en phase terminale. La croyance en un au-delà de la mort s’estompe en parfait synchronie avec le désir de transmettre la vie qui, lui aussi, est en chute libre. » (p. 13)

Catégories
Recensions Témoignages

La cause du peuple

Broché : 464 pages
Editeur : Perrin (28 septembre 2016)
Collection : HORS COLLECTION
Langue : Français
ISBN-10 : 2262069360
ISBN-13 : 978-2262069360
Dimensions : 15,6 x 4 x 24,1 cm

 La cause du peuple

Patrick Buisson, l’ancien conseiller du Président Sarkozy, revisite le précédent quinquennat d’une façon originale et enlevée. Ici, rien d’une trame chronologique narrant de 2007 à 2012 les épisodes les plus tumultueux de la présidence Sarkozy, mais l’analyse au scalpel d’un échec programmé dès le début. Pour P. Buisson, en effet, l’échec de Nicolas Sarkozy face à François Hollande en 2012 tient pour une grande part à l’incapacité à demeurer campé sur une ligne, celle de la cause du peuple. Au lieu de redonner la parole aux anonymes, aux perdants de la mondialisation, bref à la France des « petits blancs », Nicolas Sarkozy s’est enferré dans son copinage avec les puissants et les riches. Dès son élection la cause était jouée. Comment rendre la souveraineté au peuple, dire que l’on entend ses souffrances et, quelques jours plus tard, fréquenter les patrons du Cac 40 ? Grand écart intenable… Les chapitres revisitent les thèmes chers à l’auteur, thèmes dont il tenté d’infuser la pertinence chez l’ancien président et l’équipe qui l’entourait : l’identité nationale, le rapport au religieux, la politique de civilisation… Patrick Buisson analyse en surplomb des chapitres dont l’actualité nous montre qu’ils demeurent de vrais sujets de débat. La cause du peuple n’est pas un livre politique comme les autres ; plus exactement c’est un livre qui magnifie la politique. Foin des petites bagarres politiciennes n’ayant aucun intérêt. Avec une capacité d’analyse très aiguë, aidé d’une vaste culture littéraire et historique, Patrick Buisson se livre à une étude serrée de la société française, minée par le communautarisme, fragmentée, livrée pieds et mains liés à la consommation, dépossédée de sa souveraineté. Comment l’un des premiers Etats-nations du continent est-il devenu ce conglomérat, ce territoire à prendre, cette forteresse vide ? Non seulement La cause du peuple tend à consacrer le peuple comme artisan de son destin, mais il se livre à une analyse sans concession d’un pouvoir déliquescent, habité par des gens sans conviction. Un grand livre.

Patrick Buisson, La cause du peuple, Perrin, 2016, 460 pages, 21.90€