De la Révolution française on connaît les acteurs les plus célèbres, Robespierre, Danton et autres… Quantité de seconds couteaux demeurent dans l’ombre. Barras ne fut pas précisément l’un de ces derniers ; il n’empêche que son nom apparaît peu dans les livres d’histoire. Christine Le Bozec rend justice à ce personnage singulier. Suffisamment madré pour éviter les excès et les extrêmes, il traverse la Révolution avec succès. Régicide, il n’est cependant pas de ceux qui veulent faire table rase du passé. Son intelligence tactique fait de lui le roi du Directoire. Il voit dans le jeune général Bonaparte un allié de choix et l’aide à gravir les échelons. Trop confiant, Barras ne voit pas venir le 18-Brumaire, ce coup d’Etat qui met fin au Directoire en 1799. L’auteur offre des pages particulièrement intéressantes sur le Directoire, son rôle et sa composition. Barras ne fut certainement pas le personnage frivole, léger et dépensier que l’on en a fait. Sa personnalité complexe, faite de louvoiements, de contrastes et d’illusions consonne avec l’image brouillonne qu’a laissée le Directoire.
Christine Le Bozec, Barras, Perrin, 2016, 400 pages, 24 €
L’extrait : « En l’occurrence, Barras commençait à éprouver les mêmes inquiétudes que l’ensemble des thermidoriens qui, s’ils aspiraient à achever la Révolution, repoussaient toute idée de retour en arrière. » (p. 146)