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Histoire Recensions

Le crépuscule du matérialisme

Broché : 184 pages
Editeur : SALVATOR (16 mai 2019)
Langue : Français
ISBN-10 : 2706717963
ISBN-13 : 978-2706717963
Dimensions : 21 x 1,4 x 14 cm

Depuis largement plus d’un siècle, tout un discours tend à faire courir le bruit que science et foi sont absolument antinomiques, voire que tout être digne de raison ne saurait se satisfaire d’un discours basé ce qui ne peut être prouvé. Le but du livre de Richard Bastien n’est pas de prouver scientifiquement les vérités de foi, ni de mettre sur un même plan science et foi, mais plus simplement d’affirmer qu’il est possible de croire aux vertus de la science tout en adhérant à une croyance religieuse. Le petit livre de R. Bastien est l’occasion de remettre les pendules à l’heure, d’affirmer haut et fort qu’un croyant peut appuyer sa foi sur le travail de la raison. Un bémol toutefois : affirmer que si l’athéisme est vrai, « la notion même de morale perd tout son sens » (p. 13). C’est faire bon marché de ces athées fidèles et respectueux, à la façon d’André Comte Sponville, qui tentent de se frayer un chemin dans la vie tout en conservant une haute idée de l’homme, de sa morale et de son éthique.

Richard Bastien, Le crépuscule du matérialisme, Salvator, 2019, 185 pages, 20€

 

L’extrait : « Les tenants du matérialisme philosophique  […] sont convaincus que rien n’existe en dehors de la réalité sensible, ils estiment que toute religion n’est que superstition. » (p.30)

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Histoire Recensions

Koursk 1943

Broché : 336 pages
Editeur : Perrin (1 mars 2018)
Collection : Domaine étranger
Langue : Français
ISBN-10 : 2262071217
ISBN-13 : 978-2262071219
Dimensions : 15,4 x 2,7 x 21,5 cm

Tout un pan de l’historiographie contemporaine a déjà revisité cette gigantesque confrontation. Jusqu’à ces années passées régnaient deux discours. Côté soviétique était poussé un chant de victoire, la stratégie mise au point par la Stavka (le GQG de l’Armée rouge) était considérée comme la plus à même de briser l’échine de la Wehrmacht. Son de cloche assez similaire en Occident où l’on pensait comme suicidaire l’idée d’Hitler d’attaquer du fort au fort. Le résultat de la bataille semblait donner raison à ces appréciations puisqu’à partir de l’été 43 l’Armée allemande perd définitivement l’initiative sur le front russe. Roman Töppel dresse un bilan plus mesuré du gigantesque affrontement qu’a été la bataille de Koursk. Incontestable victoire stratégique soviétique, la bataille montra une fois de plus les qualités opérationnelles et manœuvrières de l’Armée allemande. Le total des pertes est accablant pour l’Armée rouge qui, pour un char allemand détruit, en perdait cinq ou six. Bataille mythique mais non décisive, Koursk apparaît comme le modèle de la bataille dite d’attrition. A ce jeu-là, l’Allemagne ne pouvait pas sortir vainqueur.

Roman Töppel, Koursk 1943, Perrin, 2018, 303 pages, 21 €

 

L’extrait : « A force de vouloir démolir le « mythe de la Wehrmacht », entreprise qui fut salutaire, l’on a fini par oublier ce qui faisait l’étonnante efficacité de l’armée du Troisième Reich ». (J. Lopez, introduction, p. 11)

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La véritable histoire des douze Césars

Broché : 416 pages
Editeur : Perrin (5 septembre 2019)
Langue : Français
ISBN-10 : 2262074380
ISBN-13 : 978-2262074388
Dimensions : 14,2 x 3,5 x 21,1 cm

Marchant sur les pas de Suétone, Virginie Girod revisite l’histoire des premiers empereurs romains. Ce travail de rafraîchissement rend plus actuelle cette histoire de pouvoir qui se déroule sur un siècle dans ce qui constitue le cœur de ce fabuleux Empire romain, quasiment au zénith de sa puissance. Les douze portraits d’empereurs, d’Auguste à Domitien, nous plongent dans la Rome de la lutte et de la conservation du pouvoir, une Rome cruelle où la vie des puissants demeure sans cesse à la merci de coups bas et de trahisons. Le style nerveux de l’auteur rend cette galerie de portraits très actuels. La véritable histoire des douze Césars peut se lire comme une réflexion sur le pouvoir. La lutte acharnée pour sa conquête et le destin de chacun de ces douze empereurs montre la véracité du dicton selon lequel la Roche Tarpéienne est proche du Capitole. Au final, Virginie Girod donne à voir, autant qu’à lire, une Rome de sexe et de sang.

Virginie Girod, La véritable histoire des douze Césars, Perrin, 2019, 413 pages, 24 €

 

L’extrait : « L’empereur se trouve à une place intermédiaire entre les hommes et les dieux. Comment garder les pieds sur terre dans cet espace symbolique où personne ne peut vous rejoindre ? » (p. 14)

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Les vérités cachées de la guerre d’Algérie

Broché : 416 pages
Editeur : Fayard (24 octobre 2018)
Collection : Divers Histoire
Langue : Français
ISBN-10 : 221367129X
ISBN-13 : 978-2213671291
Dimensions : 15,3 x 2,8 x 23,5 cm

Jean Sévillia a écrit un livre passionnant, aisé à lire, usant de force pédagogie. Comment ne pas louer un livre éclairant à ce point les rivalités existant parmi les divers mouvements indépendantistes, les velléités putchistes des partisans de l’Algérie française, le froid réalisme du général de Gaulle devenu entre-temps chef de l’Etat (1958) et ainsi de suite ? Sous la plume de Jean Sévillia, tout paraît limpide. Grâce à son éclairage, les événements qui semblaient enchevêtrés et complexes deviennent accessibles et aisément compréhensibles. Pour l’histoire commune de la France et de l’Algérie, ce sont bien sûr les derniers chapitres qui comptent le plus car les conclusions de la guerre continuent d’influencer les relations bilatérales. Malgré les incompréhensions et le triste sort fait aux rapatriés, la France s’est délestée d’un boulet qui risquait de lui faire rater l’entrée dans le formidable essor économique des Trente Glorieuses. En Algérie, l’amère réalité a triomphé des idéaux indépendantistes. Une caste, adossée sur l’armée, s’est emparée du pouvoir pour ne plus le lâcher.

Jean Sévillia, Les vérités cachées de la guerre d’Algérie, Fayard, 2018, 415 pages, 23 €

L’extrait : « Le fond de l’affaire, décidément, est que de Gaulle veut en finir à tout prix. » (p. 310)

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Histoire économique de Vichy

Broché : 500 pages
Editeur : Perrin (7 septembre 2017)
Langue : Français
ISBN-10 : 2262035652
ISBN-13 : 978-2262035655
Dimensions : 15,5 x 3 x 24 cm

Il est un aspect de l’Etat français (1940-1944) qui a été peu évoqué jusqu’à présent, il s’agit de la vie économique. Ce manque vient d’être comblé par une équipe de trois jeunes historiens, auteurs de cette excellente étude. Comme l’écrivent les auteurs, « la collaboration économique […] a servi les intérêts de l’Allemagne nazie, sous couvert de bien maigres contreparties. » (p. 115). Ce que l’on savait moins, sans totalement l’ignorer, les trois auteurs l’évoquent à satiété : une certaine forme de revanche idéologique prise par les tenants de l’ordre ancien sur la France du Front populaire, la spoliation des entreprises et des biens détenus par les Français de confession juive… Les auteurs ne versent pas dans le manichéisme. Leur typologie des collaborations est éclairante qui distingue le collaborationnisme économique, la collaboration-profit et la collaboration-survie. De même précisent-ils qu’à Vichy il y avait tout un monde entre les tenants de la France rurale traditionnelle, que l’Etat français voulait remettre sur le devant de la scène, des jeunes loups de la finance et de l’économie qui ont su prendre des décisions qui durent encore (le P-D. G date de l’époque).

Fabrice Grenard, Florent Le Bot, Cédric Perrin, Histoire économique de Vichy, Perrin, 2017, 440 pages, 27 €

L’extrait : « La collaboration économique a servi les intérêts de l’Allemagne nazie sous couvert de bien maigres contreparties. » (p. 115)

 

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Barbarossa : 1941 – La guerre absolue

Broché : 956 pages
Editeur : Passés Composés (28 août 2019)
Collection : Hors collection Passés composés
Langue : Français
ISBN-10 : 2379331863
ISBN-13 : 978-2379331862
Dimensions : 16,6 x 5,2 x 24,3 cm

Jean Lopez et Lasha Otkhmezuri viennent de publier ce qui se fait de mieux en matière d’histoire militaire. En un gros volume de près de 900 pages, ils revisitent de façon magistrale la campagne menée en 1941 en Union Soviétique. C’est de superlatifs qu’il faut user à propos d’un tel chef d’œuvre. Sous-titré 1941. La guerre absolue, on a envie d’écrire : voici le livre qui épuise le sujet et dont on imagine mal ce qui pourrait le dépasser ou le surpasser. Les opérations militaires font évidemment l’objet d’une étude fouillée, montrant à satiété qu’en dépit de succès tactiques magistraux, l’invasion du territoire soviétique fut loin d’être une promenade militaire pour les Allemands. Nombreuses ont été publiées des études relatives à cette titanesque campagne. Cependant, ce Barbarossa innove par bien des aspects. En mettant l’accent sur les aspects logistique, idéologique et géographique du conflit, les auteurs démontrent de façon implacable que, non seulement la Wehrmacht n’a pas gagné mais qu’elle ne pouvait tout simplement pas vaincre le colosse russe. De cette lutte à mort entre les deux totalitarismes ressort l’idée qu’à cette époque la vie d’un homme ne valait pas cher. Ce Barbarossa, une mise en scène de l’Apocalypse.

Jean Lopez & Lasha Otkhmezuri, Barbarossa, Passés Composés, 957 pages, 31 €

L’extrait : « En réalité, il n’existe aucune raison stratégique ou militaire impérieuse d’attaquer en 1941 une Union soviétique ligotée par sa propre paranoïa anti-occidentale, en pleine restructuration militaire et disposée, tant qu’elle en profite,  continuer son compagnonnage avec le Reich. » (p. 172)

 

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Churchill et la France

Broché : 576 pages
Editeur : Perrin (12 janvier 2017)
Collection : Hors collection
Langue : Français
ISBN-10 : 2262033242
ISBN-13 : 978-2262033248
Dimensions : 15,4 x 3,3 x 24 cm

Anglophile et auteur d’une fameuse biographie de Lawrence d’Arabie, Christian Destremeau récidive dans l’excellence avec ce Churchill et la France. Les deux guerres mondiales jouent un rôle majeur dans cette histoire mouvementée et parfois un peu fantasque. […] Si Churchill eut parfois des mots durs à l’encontre des dirigeants français, il conserva toute sa vie un véritable attachement à la France, à preuve ses fréquents passages dans la capitale, son amour pour la langue de Molière – qu’il malmenait ! -, son attachement au terroir français, sa cuisine… ses vins et ses alcools… L’auteur semble éprouver une sympathie sans bornes pour l’ancien Premier Ministre britannique. Comment ne pas le comprendre ? Les gaffes, bourdes et erreurs de Churchill furent toujours rachetées par sa bonhommie, son humour potache et ses faiblesses, faiblesses d’autant plus facilement pardonnées qu’elles font partie du personnage à part entière, comme son amour pour les cigares et le whisky. Les aléas de la cohabitation franco-britannique n’y ont rien changé : Churchill a toujours bénéficié en France d’un capital inentamé de sympathie. Le livre de C. Destremeau ne le fera pas chuter, bien au contraire !

Christian Destremeau, Churchill et la France, Perrin, 2017, 404 pages, 24 €

L’extrait : « Il a choisi la familiarité et la proximité, voire le comique de bas étage, qui éclairent un peu sa vision des Français : un peuple doué, éminemment sympathique, mais manquant de maturité et qu’il faut guider dans le droit chemin. » (p. 11)

 

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Pierre Laval, un mystère français

Broché : 900 pages
Editeur : Perrin (18 octobre 2018)
Collection : Perrin biographie
Langue : Français
ISBN-10 : 2262040184
ISBN-13 : 978-2262040185
Dimensions : 15,5 x 4,2 x 24,1 cm

Renaud Meltz vient de signer là un maître-livre, ce qui se fait de mieux en matière de biographie. Au terme de plus de mille pages tirées au cordeau, il donne de Pierre Laval une image bien différente de celle donnée par nos traditionnelles images d’Epinal. Pour beaucoup, Laval incarne la figure du traître, de celui qui, passé les troubles de la Seconde guerre mondiale, n’a droit qu’à une chose : douze balles dans la peau. Loin de ces jugements à l’emporte-pièce, l’auteur donne de l’ancien avocat, ministre et Président du Conseil de Vichy une image plus mesurée. Pour médiocre qu’il fut, Pierre Laval s’avère au final un personnage infiniment complexe. L’auteur fait justice de la caricature qui a terni l’ancien Président du Conseil. Il relate le passé socialiste du jeune avocat monté à la capitale, sa proximité avec les humbles et son pacifisme foncier. Passé juillet 40, la suite est moins reluisante : mise à mort de la III° République, sympathie à l’égard des régimes totalitaires (« Je souhaite la victoire de l’Allemagne… »), création du STO, etc. Devenu le bouc émissaire d’un certain nombre de lâchetés, Pierre Laval, à l’issue d’une parodie de procès, finit sa vie sous les balles françaises. Sans faire mystère de ses compromissions et de sa médiocrité générale, on peut se demander, une fois le livre refermé, si Laval était le mauvais génie que l’on en a fait.

Renaud Meltz, Pierre Laval, un mystère français, Perrin, 2018, 900 pages, 35€

L’extrait : « Laval ne donne pas le sentiment de comprendre que le pays tout entier rejette l’Occupation comme une période non seulement malheureuse, mais aussi indigne. » (p. 1047)

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Infographie de la Seconde Guerre mondiale

Broché : 200 pages
Editeur : Perrin (4 octobre 2018)
Langue : Français
ISBN-10 : 2262068259
ISBN-13 : 978-2262068257
Dimensions : 23,8 x 1,9 x 29,5 cm

Il existe maintes façons d’aborder le second conflit mondial ; celle initiée par Jean Lopez est probablement l’une des plus originales. En moins de deux cents pages, Jean Lopez et son équipe réussissent le tour de force de raconter la guerre, sous tous ses aspects, au moyen de graphiques toujours très lisibles même si parfois ils demandent beaucoup d’attention, chose normale au vu de la complexité d’actions comme le Débarquement. Si les opérations militaires tiennent le haut du pavé, comme il fallait s’y attendre, les autres aspects ne sont pas oubliés. Les pages concernant l’économie des belligérants, la liquidation du peuple juif, la Collaboration au sein de l’Europe occupée ou le déplacement des peuples à l’Est de l’Europe en 1945-1946 font l’objet de pages particulièrement éclairantes. Au terme de ce voyage dans ce chapitre terrible de l’histoire européenne et mondiale, des points saillants apparaissent, par exemple l’ampleur colossale des pertes soviétiques. Autre caractéristique : l’irrésistible montée en puissance de l’industrie américaine. En 1941, il fallait être fou… ou japonais pour oser s’attaquer à une telle puissance économique.

Jean Lopez (sous la dir.), Infographie de la Seconde Guerre mondiale, Perrin, 2018, 27 €

L’extrait : « Cet ouvrage est une source d’approfondissements, de découvertes, d’étonnements et de remises en question du savoir que chacun détient sur la pire horreur du XX° siècle » (p. 2 de l’avant-propos)

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La famille royale au Temple

Broché : 500 pages
Editeur : Perrin (16 août 2018)
Langue : Français
ISBN-10 : 2262070822
ISBN-13 : 978-2262070823
Dimensions : 15,6 x 3,1 x 24,1 cm

Pour un peu, on pourrait dire : La famille royale au Temple, c’est de la petite histoire. Or,  l’auteur prouve le contraire. Lorsque ce qu’on appelle de la petite histoire se trouve à la conjonction des tensions du formidable mouvement historique qu’a été la Révolution de 89, cela devient de la grande histoire. D’emblé Charles-Eloi Vial prévient le lecteur de la portée symbolique de l’enfermement de la famille royale au Temple : « L’emprisonnement du roi et de sa famille incarne parfaitement cette montée aux extrêmes de 1792, où la révolution « bourgeoise » de 1789, portée par les élites éclairées du Tiers, de la noblesse et du clergé progressiste, fut progressivement submergée par la masse populaire […] » (p. 18) Le récit décrit tour à tour les conditions de vie déplorables dans laquelle vécut la famille royale, la vie quotidienne au sein de sa prison, la suspicion quasi-pathologique des gardiens, le procès du couple royal… La famille royale au Temple donne à voir la France divisée de ce temps-là. A travers cet emprisonnement ce qui était donné à voir, en ses prémisses, c’était la fracture séculaire qui allait diviser les Français à propos de la Révolution, version très politique de qu’Emile Poulat appelait « la guerre des deux France ».

Charles-Eloi Vial, La famille royale au Temple, Perrin, 2018, 440 pages, 25€

L’extrait : « Voulu comme le symbole de la déchéance de Louis XVI, le Temple a au contraire servi de point de ralliement à ses défenseurs. Le martyre interminable de la famille royale constituait sans doute la pire façon de mettre fin à une monarchie multiséculaire. » (p. 348)