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Actualités Recensions

Un prof ne devrait pas dire ça – Choses vues et choses tues dans l’Éducation Nationale

Éditeur ‏ : ‎ L’artilleur (5 avril 2023)
Langue ‏ : ‎ Français
Broché ‏ : ‎ 192 pages
ISBN-10 ‏ : ‎ 2810011680
ISBN-13 ‏ : ‎ 978-2810011681
Poids de l’article ‏ : ‎ 260 g
Dimensions ‏ : ‎ 14 x 1.6 x 22 cm

Professeure agrégée de littérature, Eve Vaguerland relate son expérience d’enseignante en collège et lycée. Ce qu’elle voit et ce qu’elle entend coïncide avec ce que tout citoyen un peu curieux perçoit de l’état de l’enseignement en France : un champ de ruines. Ici comme dans d’autres domaines, tout – ou à peu près – ce qui marchait a été bousillé. Les établissements d’enseignement s’apparentent de plus en plus à une garderie où l’on n’apprend plus grand chose. Ce sont les réseaux sociaux qui donnent désormais le ton ; et gare au professeur exigeant qui voudrait remettre les choses à l’endroit. Reste quand même un enseignement d’excellence, hélas réservé aux enfants provenant des milieux favorisés. Quant à la masse, qu’elle se débrouille ! Un prof… donne le portrait sans concession d’une machine – un « mammouth » dirait l’autre – complètement à bout de souffle.

Eve Vaguerlant, Un prof ne devrait pas dire ça, L’Artilleur, 2023, 191 pages, 18 €

L’extrait : « Au nom de la démocratisation de l’enseignement, on a créé le système scolaire le plus inégalitaire, le plus inapte à sortir les enfants de leur milieu d’origine. » (page 101)

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Histoire Recensions

Nous étions seuls

Éditeur ‏ : ‎ TALLANDIER (16 mars 2023)
Langue ‏ : ‎ Français
Broché ‏ : ‎ 336 pages
ISBN-13 ‏ : ‎ 979-1021052888
Poids de l’article ‏ : ‎ 404 g
Dimensions ‏ : ‎ 14 x 2.5 x 20.5 cm

C’est d’une plume alerte que Gérard Araud, ancien ambassadeur de France à Washington, synthétise « une histoire diplomatique de la France » entre 1919 et 1939. De bout en bout passionnant, ce qui est loin d’être évident lorsqu’il s’agit de traiter de diplomatie, Nous étions seuls dit bien comment les démocraties victorieuses en 1918 sont, par aveuglement, lâcheté et pacifisme, tombées dans l’impuissance qui allait inéluctablement mener à l’effondrement de Mai 40. Les Etats-Unis étant retombés dans l’isolationnisme, France et Grande-Bretagne se retrouvaient isolées face à l’ogre hitlérien. Plus exactement, c’est la France qui était seule… En dépit d’un Herriot ou d’un Laval, les dirigeant français n’eurent de cesse de mettre leur allié britannique en garde. Mais, comme chacun sait, il n’est de pire sourd que celui qui ne veut pas entendre.

Gérard Araud, Nous étions seuls, Tallandier, 2023, 334 pages, 22.90 €

L’extrait : « L’héroïsme britannique durant la bataille d’Angleterre et le charisme de Winston Churchill ont fait oublier les responsabilités écrasantes de la diplomatie britannique de 1919 à 1939, en particulier de 1933 à 1939, dans le désastre final. » (p. 308)

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Histoire Recensions

Les vainqueurs

ASIN ‏ : ‎ B08C47KGCS
Éditeur ‏ : ‎ TALLANDIER (5 novembre 2020)
Langue ‏ : ‎ Français
Poche ‏ : ‎ 320 pages
ISBN-13 ‏ : ‎ 979-1021046214
Poids de l’article ‏ : ‎ 300 g
Dimensions ‏ : ‎ 12 x 2 x 18 cm

En Europe et en France, à force de célébrer la paix, on en vient à oublier le sacrifice des soldats français, principaux artisans de la victoire. Car, si nos aïeux se sont tant battus, c’est d’abord parce qu’ils entendaient bouter l’ennemi hors du pays et sortir victorieux du conflit. La victoire d’abord, la paix ensuite. L’auteur insiste sur le fait que la France est en 1918 la principale puissance militaire de la coalition qui a vaincu l’Allemagne impériale. Elle réussit le tour de force d’équiper plusieurs armées, dont la jeune armée américaine. La dernière partie de l’ouvrage porte sur deux questions qui vont peser lourd sur la suite des événements. Fallait-il envahir l’Allemagne pour couper court au mythe du coup de poignard dans le dos, prétexte d’une propagande qui sera soigneusement orchestrée par les nazis ? Et pourquoi avoir si vite désarmé et s’être reposé sur ses lauriers ?

Michel Goya, Les vainqueurs, Tallandier, 2018, 342 pages, 21.50 €

L’extrait : « Sur terre, l’armée française a détrôné l’armée allemande en 1918 comme puissance militaire après avoir  contribué majoritairement à sa défaite. » (p. 9)

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Histoire Recensions

Crois ou meurs !

ISBN-13 : 979-1021025721
Broché : 507 pages
Éditeur : Coédition Tallandier (28 mars 2019)
Langue : Français
ASIN : B07LD23D92
Dimensions : 14.5 x 3 x 21.5 cm

L’auteur s’est attelé à écrire une histoire très décapante, une sorte d’antidote à l’histoire de la Révolution écrite par Michelet et les historiens marxistes, une vision très différente de ce qui est enseigné à l’Ecole : le peuple se levant comme un seul homme contre l’oppression, levant l’étendard des droits de l’homme et ainsi de suite. Depuis quelques décennies, toute une historiographie s’est mise à contester cette fable. Claude Quétel donne en quelque sorte le coup de pied de l’âne en dessillant les yeux de ceux qui se refusaient à voir la réalité. Pour C. Quétel, 1789 est une mauvaise révolution, une révolution qui dérape dès le départ. Quant au peuple, il n’existe pas ! Comme ce sera le cas en Russie en 1917, ce que l’on appelle le peuple, ce sont quelques milliers d’excités parisiens. Cela dit, Crois ou meurs ! compose un récit chronologique très classique et s’achève sur une passionnant essai d’historiographie critique, montrant comment les historiens ont évolué sur la question, passant d’une folle passion au plus grand scepticisme. Décapant !

Claude Quétel, Crois ou meurs !, Tallandier/Perrin, 2019, 511 pages, 21.90 €

L’extrait : « La gauche de cette nouvelle Assemblée est athée […] Aux Jacobins, ils avancent cette idée, matricielle des totalitarismes du XX° siècle, que l’homme nouveau engendré par la Révolution se doit de rompre avec la tradition et son fer de lance, la religion. » (p. 214)

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Histoire Recensions

Histoire des guerres romaines

Broché : 606 pages
Collection : L’art de la guerre
Langue : Français
ISBN-13 : 979-1021023000
ASIN : B01N6GO0KJ
Dimensions : 23 x 3,2 x 16,5 cm

Il y a une trentaine d’années, l’antiquisant Paul Petit avait publié un livre remarqué, La paix romaine. L’idée était arrêtée que Rome avait réussi à imposer la paix à des peuples barbares en perpétuelle guerre civile. C’était particulièrement vrai pour la Gaule, incapable de s’unir face à César. Ici, on a le sentiment que Yann Le Bohec prend le contre-pied en proposant une histoire militaire de la Rome antique, du milieu du VIII° siècle avant Jésus-Christ à 410 après J.-C., date de la prise de Rome par Alaric. Avec raison, il considère qu’au sein d’un monde porté à la violence les Romains n’étaient pas plus cruels que les autres peuples. Cependant, en présentant cette succession de guerres et de batailles, l’auteur donne le sentiment que Rome s’est largement bâtie par la guerre. Guerre pour assurer sa prééminence en Italie, guerre pour contrer des adversaires aussi hardis que Carthage, guerre pour imposer son impérialisme, guerre enfin pour se protéger des incursions barbares… Si l’exposé de Yann Le Bohec est aussi intéressant que complet, il conviendra de ne pas en rester là. Pour importante qu’elle soit, l’histoire bataille ne considère qu’un seul aspect d’une civilisation tellement riche par ailleurs. Cette réserve étant faite, cette Histoire des guerres romaines constitue une synthèse assez impressionnante.

Yann Le Bohec, Histoire des guerres romaines, Tallandier, 2017, 607 pages, 25.90 €

L’extrait : « L’Etat romain a souvent répondu à de vraies agressions, et de plus en plus souvent pour défendre des alliés. Mais qu’allait faire son armée, si loin de l’Italie ? » (p. 197)

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Histoire Recensions

Histoire de l’Armée française, 1914-1918

Broché : 519 pages
Editeur : Editions Tallandier (9 mars 2017)
Langue : Français
ISBN-13 : 979-1021023963
ASIN : B01MYZLCLE
Dimensions : 21,5 x 3,6 x 14,5 cm

 Histoire de l’Armée française, 1914-1918

Lorsque sonne le clairon annonciateur de l’armistice, le 11 novembre 1918, l’Armée française est sans conteste la première du monde. Par la qualité de ses chefs, l’abondance de son matériel, son expérience stratégique et tactique, elle dépasse les autres armées alliées. La synthèse de François Cochet et Rémy Porte concerne l’ensemble des ressources mises en œuvre par l’Armée à la fin du conflit : combat, production d’armes, camouflage, logistique, commandement et ainsi de suite. Le tableau donne une fine appréciation du poids que représente l’outil militaire en cette cinquième année de guerre. Sans oublier le fait que, pour impressionnant qu’il paraisse, cet instrument commence à accumuler les handicaps qui vont directement mener à la raclée du mois de mai 1940. De plus en plus lourde et de moins en moins innovante, l’Armée française sera incapable d’enrayer un déclin qui était en germe dès la Première Guerre. De ce point de vue, on aurait aimé que la comparaison soit établie avec les principales armées du moment, amies ou ennemies. Honnête, bien documentée, écrite de façon très claire par deux spécialistes reconnus, cette Histoire… , qui retrace les « évolutions et adaptations des hommes, des matériels et des doctrines », pose un jalon dans l’historiographie propre à la période. Dernière chose à souligner, les auteurs ont raison, nous semble-t-il, de réhabiliter le corps des officiers supérieurs. Si beaucoup furent médiocres et dépassés par les événements, encore plus étaient-ils à prendre soin des hommes placés sous leur commandement. Les auteurs tordent le cou à la légende d’officiers calfeutrés dans leur bureau, loin du front, à l’abri du danger. Ils ont été nombreux, parmi les généraux et les colonels, à tomber sous les coups de l’ennemi. S’il y eut de gravissimes fautes, cette guerre n’a jamais été une guerre de classes.

 

François Cochet & Rémy Porte, Histoire de l’Armée française, 1914-1918, Tallandier, 2017, 520 pages, 25.90€

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Histoire Recensions

La bataille du Cotentin

Broché : 304 pages
Editeur : TALLANDIER (28 mai 2015)
Collection : L’histoire en batailles
Langue : Français
ISBN-13 : 979-1021004177
ASIN : B00G68N714
Dimensions : 21,5 x 0,2 x 14,5 cm

 La bataille du Cotentin

Il y a soixante-dix ans s’achevait la libération du Cotentin ; rien d’étonnant à ce que cette bataille fasse l’objet de nouvelles publications. Dans ce récit fort bien emmené, Christophe Prime suit pas à pas la libération de ce morceau de France des griffes de la machine de guerre nazie, du débarquement américain à Utah Beach jusqu’à l’opération Cobra, le plan de bataille qui chassa définitivement les Allemands de Normandie et les poussa à quitter précipitamment la France pour s’abriter derrière le Westphall. Très classiquement, l’auteur relate les lâchers de parachutistes à la vieille du Débarquement, le Débarquement lui-même et la poussée des troupes US à l’intérieur des terres, les réactions allemandes et ainsi de suite. Méthodiquement, aidé par une supériorité matérielle écrasante, les troupes américaines parviennent à chasser les Allemands de la péninsule. Elles le font parfois au prix fort car certaines de leurs divisions manquent cruellement d’expérience. Elles font face à des combattants allemands déterminés, les bleus étant encadrés de manière efficace par des soldats chevronnés, souvent des rescapés du terrible front de l’Est. Christophe Prime met en évidence les difficultés américaines… et les solutions qui sont prises pour y remédier. Si l’expérience lui fait défaut, le GI a pour lui l’enthousiasme et la volonté d’en découdre. Il jouit d’une supériorité aérienne totale et d’un service de santé de tout premier ordre. Pour beaucoup, la bataille du Cotentin constituera une expérience suffisamment forte, une aide qui se fera apprécier quand viendront la bataille des Ardennes et l’invasion de l’Allemagne. Quant aux Allemands, en dépit d’une infériorité numérique et matérielle constante, ils font preuve de leurs qualités habituelles : intelligence tactique, habileté à utiliser le terrain, supériorité de l’armement, etc. « L’armée allemande impose à son adversaire une terrible guerre d’usure dans le bocage et les marais du Cotentin. Chaque haie, chaque bosquet est un nid de résistance pour les soldats allemands. » La bataille du Cotentin fut une bataille rude et sanglante. Que dix-mille GI’s y soient tombés, des villes et villages rayés de la carte attestent la violence des combats qui aboutirent à la libération du sol national. Au total, le récit enlevé de Christophe Prime restitue bien l’ambiance fiévreuse de ces temps difficiles.

Christophe Prime, La bataille du Cotentin, Tallandier, 2015, 302 pages, 20.90 €

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Recensions Témoignages

Libérez Tombouctou !

Broché: 256 pages Editeur : TALLANDIER (26 février 2015)
Collection : Témoignage
Langue : Français
ISBN-13 : 979-1021008557
ASIN : B00MF8NZSE
Dimensions : 21,5 x 2 x 14,5 cm

 Libérez Tombouctou !

Il est dans la nature de beaucoup de raconter ce qu’ils ont vécu au cours de circonstances extraordinaires. Le colonel Frédéric Gout n’a pas fait exception à la règle en publiant ses souvenirs de guerre. Après quelques mois passés au Mali en début 2013 à traquer les combattants d’AQMI (Al Qaïda au Maghreb Islamique), il a tenu à relater son expérience, de l’annonce de l’engagement au retrait des opérations. Commandant le groupe aéromobile au sein de la brigade Serval, Frédéric Gout plonge le lecteur au cœur de l’action. Plaisant à lire, le récit confirme l’excellence des matériels engagés ainsi que le professionnalisme des soldats engagés dans cette fameuse opération Serval, destinée à libérer le Mali de la menace islamiste. Le témoignage est vif. Comme tout bon militaire, le narrateur sait aller droit au but. A y regarder de plus près, il n’est pas impossible que ce qui fait la force du récit soit la source, pour une part, de certaines faiblesses qui, si elles ne sont pas rédhibitoires, laissent une étrange impression. Le lecteur habitué au récit des batailles d’autrefois doit s’y faire : la guerre d’aujourd’hui n’a rien à voir avec celle d’hier. Adieu les gros bataillons et bienvenue à de petits groupes supérieurement entraînés, capables de délivrer une terrible puissance de feu. Au-delà de ces changements d’ambiance et ces considérations tactiques, Libérez Tombouctou est de nature à perturber l’habitué des récits classiques. Sans qu’il faille remonter loin, on est loin de Paul Carrel (Ils arrivent) ou de Cornelius Ryan (La bataille de Berlin). Guerre de techniciens et de professionnels, la guerre au Mali est l’archétype de la guerre asymétrique et impersonnelle d’aujourd’hui, une guerre du faible au fort où le vainqueur final n’est pas toujours celui que l’on croit. A noter : ces figures de style agaçantes attachées à ce sabir politiquement correct qu’on utilise dans les armées : on ne doit plus dire « ennemi » mais « élément ». Un véhicule « impacté » signifie qu’il a été « détruit », et ainsi de suite…

 

Frédéric Gout, Libérez Tombouctou !, Tallandier, 2015, 256 pages, 18.90 €

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Histoire Recensions

Sous le feu : La mort comme hypothèse de travail

Broché: 266 pages
Editeur : TALLANDIER (9 janvier 2014)
Collection : CONTEMPO.
Langue : Français
ISBN-13: 979-1021004306
ASIN: B00EU77CMS
Dimensions : 21,4 x 14,6 x 2,6 cm

 Sous le feu

Ancien officier d’active de l’Armée française, Michel Goya est devenu un spécialiste reconnu des armées d’aujourd’hui. Fort de son expérience de terrain, s’appuyant aussi bien sur le témoignage des Poilus de 1914-1918 que sur celui de soldats venant de vivre des conflits contemporains (Irak, Afghanistan…), il se penche sur le comportement du simple soldat. Les guerres modernes peuvent être considérées comme des sortes de laboratoire à visée anthropologique. « Le but de ce livre, écrit l’auteur (p. 19), est d’accompagner le combattant dans cet univers afin d’essayer de comprendre les phénomènes qui s’y déroulent ». L’étude de Michel Goya rejoint celles dont les historiens anglo-saxons se sont fait une spécialité à l’instar de John Keegan qui, dans Anatomie de la bataille, décrit l’univers du soldat au sein de la mêlée : un monde clos à tel point que le combattant ignore pratiquement tout du déroulement de la bataille. La plume alerte de Michel Goya et la densité de son propos donnent au sujet une perspective nouvelle. Le lecteur apprendra ainsi qu’à la guerre l’énorme majorité des hommes ne fait rien d’autre que suivre. Beaucoup ne font même pas le coup de feu ; seule une poignée, ceux dont l’esprit se conforme le plus facilement à l’atmosphère du combat, se bat véritablement. Ainsi, durant la guerre de Corée (1950-1953), la moitié des pilotes américains n’a jamais ouvert le feu sur un appareil ennemi. De même les pertes et dommages occasionnés à l’ennemi sont généralement le fait d’une minorité d’individus. Sur les 20 000 pilotes d’avions de chasse du III° Reich, seul un groupe de 500 d’entre eux a obtenu la moitié des victoires aériennes. En revanche, si la peur de tuer est un puissant inhibiteur, « l’expérience de la guerre réduit la peur de mourir alors que cette d’être mutilé physiquement et psychologiquement augmente » (p. 52). Cela dit, l’énorme majorité de la troupe, si elle n’adopte pas une conduite héroïque, obéit aux ordres et tient à faire son devoir. Le fait de se comporter honorablement et de ne pas laisser tomber les camarades est un puissant facteur de cohésion parmi la troupe. En revanche, la ferveur patriotique n’apparaît pas fondamentale.

Comment les hommes se comportent-ils devant l’extrême danger ? Plus qu’un énième ouvrage sur la guerre, Sous le feu est à considérer comme un ouvrage d’ethnologie. En quelques pages bien senties, l’étude de Michel Goya dit beaucoup de la façon dont l’individu appréhende la guerre, temps souvent banalement ennuyeux et rarement héroïque. Aujourd’hui, alors que les armées sont devenues professionnelles, la mort est bel et bien devenue une « hypothèse de travail » (sous-titre du livre).

Michel Goya, Sous le feu : La mort comme hypothèse de travail, Tallandier, 2014, 267 pages, 20.90 €

 

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Biographies Recensions

Franklin D. Roosevelt

Broché: 575 pages
Editeur : Editions Tallandier (25 octobre 2012)
Collection : Biographie
Langue : Français
ISBN-10: 2847347348
ISBN-13: 978-2847347340
Dimensions : 22,6 x 16,4 x 3,4 cm

 Franklin D. Roosevelt

Des Trois Grands qui ont gagné le dernier conflit mondial, Franklin Delano Roosevelt est sans doute le moins connu. La personnalité géniale et fantasque de Churchill a fait couler beaucoup d’encre. Il en est allé de même pour celle, diabolique et fascinante, de Staline. Roosevelt apparaît beaucoup plus comme la figure d’un « président normal » pour reprendre une expression qui a cours ces temps-ci.

Or, derrière une personnalité à première vue terne et anodine c’est un véritable homme d’Etat qui apparaît. Cousin éloigné du président Theodore Roosevelt, issu d’un milieu bourgeois, auteur d’un parcours scolaire et étudiant assez moyen, Franklin D. Roosevelt se prend d’intérêt pour la politique dès le début de sa vie d’adulte. L’ascension est spectaculaire : sénateur à l’âge de 28 ans, secrétaire adjoint à la Marine durant la Première Guerre mondiale, gouverneur de l’Etat de New-York en 1929, il est choisi comme candidat démocrate aux élections présidentielles de 1932. Il y sera réélu trois fois jusqu’à sa mort en 1945. Grâce à une politique novatrice il sort le pays de la Grande Dépression. Conscient de la puissante des Etats-Unis, il les dégage de l’isolationnisme dans lequel la plupart de ses prédécesseurs avaient voulu le confiner. C’est un combat à mort qu’il engage contre le Japon expansionniste et l’Allemagne nazie. Jamais il ne faiblira dans la conduite de la guerre, exigeant du III° Reich une capitulation sans condition.

Esprit religieux, profondément démocrate, soucieux de voir flotter partout l’étendard de la liberté, Roosevelt ne fit pas toujours l’unanimité. Initiateur du projet visant à donner aux Etats-Unis l’arme atomique, il lui fut également reproché d’avoir tardé à reconnaître l’ampleur du génocide dont les juifs furent victimes. De même, nombreux critiquèrent sa naïveté et sa conduite des affaires face à un Staline aux ambitions démesurées. Il n’empêche, ce qui apparaît parfois comme un certain cynisme chez Roosevelt ne peut cacher l’essentiel : Roosevelt fut un homme quasi-providentiel. Il possédait ce qui faisait défaut à beaucoup d’hommes politiques : une vision claire des grands problèmes du temps. La biographie d’Yves-Marie Péréon, toujours riche d’enseignements, contribue grandement à nous remémorer les talents de cette grande figure du XX° siècle.

Yves-Marie Péréon, Franklin D. Roosevelt, Tallandier, 2012, 576 pages, 27 €