ASIN : B08C47KGCS Éditeur : TALLANDIER (5 novembre 2020) Langue : Français Poche : 320 pages ISBN-13 : 979-1021046214 Poids de l’article : 300 g Dimensions : 12 x 2 x 18 cm
En Europe et en France, à force de célébrer la paix, on en vient à oublier le sacrifice des soldats français, principaux artisans de la victoire. Car, si nos aïeux se sont tant battus, c’est d’abord parce qu’ils entendaient bouter l’ennemi hors du pays et sortir victorieux du conflit. La victoire d’abord, la paix ensuite. L’auteur insiste sur le fait que la France est en 1918 la principale puissance militaire de la coalition qui a vaincu l’Allemagne impériale. Elle réussit le tour de force d’équiper plusieurs armées, dont la jeune armée américaine. La dernière partie de l’ouvrage porte sur deux questions qui vont peser lourd sur la suite des événements. Fallait-il envahir l’Allemagne pour couper court au mythe du coup de poignard dans le dos, prétexte d’une propagande qui sera soigneusement orchestrée par les nazis ? Et pourquoi avoir si vite désarmé et s’être reposé sur ses lauriers ?
Michel Goya, Les vainqueurs, Tallandier, 2018, 342 pages, 21.50 €
L’extrait : « Sur terre, l’armée française a détrôné l’armée allemande en 1918 comme puissance militaire après avoir contribué majoritairement à sa défaite. » (p. 9)
ISBN-13 : 979-1021025721 Broché : 507 pages Éditeur : Coédition Tallandier (28 mars 2019) Langue : Français ASIN : B07LD23D92 Dimensions : 14.5 x 3 x 21.5 cm
L’auteur s’est attelé à écrire une histoire très décapante, une sorte d’antidote à l’histoire de la Révolution écrite par Michelet et les historiens marxistes, une vision très différente de ce qui est enseigné à l’Ecole : le peuple se levant comme un seul homme contre l’oppression, levant l’étendard des droits de l’homme et ainsi de suite. Depuis quelques décennies, toute une historiographie s’est mise à contester cette fable. Claude Quétel donne en quelque sorte le coup de pied de l’âne en dessillant les yeux de ceux qui se refusaient à voir la réalité. Pour C. Quétel, 1789 est une mauvaise révolution, une révolution qui dérape dès le départ. Quant au peuple, il n’existe pas ! Comme ce sera le cas en Russie en 1917, ce que l’on appelle le peuple, ce sont quelques milliers d’excités parisiens. Cela dit, Crois ou meurs ! compose un récit chronologique très classique et s’achève sur une passionnant essai d’historiographie critique, montrant comment les historiens ont évolué sur la question, passant d’une folle passion au plus grand scepticisme. Décapant !
Claude Quétel, Crois ou meurs !, Tallandier/Perrin, 2019, 511 pages, 21.90 €
L’extrait : « La gauche de cette nouvelle Assemblée est athée […] Aux Jacobins, ils avancent cette idée, matricielle des totalitarismes du XX° siècle, que l’homme nouveau engendré par la Révolution se doit de rompre avec la tradition et son fer de lance, la religion. » (p. 214)
Broché : 606 pages Collection : L’art de la guerre Langue : Français ISBN-13 : 979-1021023000 ASIN : B01N6GO0KJ Dimensions : 23 x 3,2 x 16,5 cm
Il y a une trentaine d’années, l’antiquisant Paul Petit avait publié un livre remarqué, La paix romaine. L’idée était arrêtée que Rome avait réussi à imposer la paix à des peuples barbares en perpétuelle guerre civile. C’était particulièrement vrai pour la Gaule, incapable de s’unir face à César. Ici, on a le sentiment que Yann Le Bohec prend le contre-pied en proposant une histoire militaire de la Rome antique, du milieu du VIII° siècle avant Jésus-Christ à 410 après J.-C., date de la prise de Rome par Alaric. Avec raison, il considère qu’au sein d’un monde porté à la violence les Romains n’étaient pas plus cruels que les autres peuples. Cependant, en présentant cette succession de guerres et de batailles, l’auteur donne le sentiment que Rome s’est largement bâtie par la guerre. Guerre pour assurer sa prééminence en Italie, guerre pour contrer des adversaires aussi hardis que Carthage, guerre pour imposer son impérialisme, guerre enfin pour se protéger des incursions barbares… Si l’exposé de Yann Le Bohec est aussi intéressant que complet, il conviendra de ne pas en rester là. Pour importante qu’elle soit, l’histoire bataille ne considère qu’un seul aspect d’une civilisation tellement riche par ailleurs. Cette réserve étant faite, cette Histoire des guerres romaines constitue une synthèse assez impressionnante.
Yann Le Bohec, Histoire des guerres romaines, Tallandier, 2017, 607 pages, 25.90 €
L’extrait : « L’Etat romain a souvent répondu à de vraies agressions, et de plus en plus souvent pour défendre des alliés. Mais qu’allait faire son armée, si loin de l’Italie ? » (p. 197)
Broché : 519 pages Editeur : Editions Tallandier (9 mars 2017) Langue : Français ISBN-13 : 979-1021023963 ASIN : B01MYZLCLE Dimensions : 21,5 x 3,6 x 14,5 cm
Histoire de l’Armée française, 1914-1918
Lorsque sonne le clairon annonciateur de l’armistice, le 11 novembre 1918, l’Armée française est sans conteste la première du monde. Par la qualité de ses chefs, l’abondance de son matériel, son expérience stratégique et tactique, elle dépasse les autres armées alliées. La synthèse de François Cochet et Rémy Porte concerne l’ensemble des ressources mises en œuvre par l’Armée à la fin du conflit : combat, production d’armes, camouflage, logistique, commandement et ainsi de suite. Le tableau donne une fine appréciation du poids que représente l’outil militaire en cette cinquième année de guerre. Sans oublier le fait que, pour impressionnant qu’il paraisse, cet instrument commence à accumuler les handicaps qui vont directement mener à la raclée du mois de mai 1940. De plus en plus lourde et de moins en moins innovante, l’Armée française sera incapable d’enrayer un déclin qui était en germe dès la Première Guerre. De ce point de vue, on aurait aimé que la comparaison soit établie avec les principales armées du moment, amies ou ennemies. Honnête, bien documentée, écrite de façon très claire par deux spécialistes reconnus, cette Histoire… , qui retrace les « évolutions et adaptations des hommes, des matériels et des doctrines », pose un jalon dans l’historiographie propre à la période. Dernière chose à souligner, les auteurs ont raison, nous semble-t-il, de réhabiliter le corps des officiers supérieurs. Si beaucoup furent médiocres et dépassés par les événements, encore plus étaient-ils à prendre soin des hommes placés sous leur commandement. Les auteurs tordent le cou à la légende d’officiers calfeutrés dans leur bureau, loin du front, à l’abri du danger. Ils ont été nombreux, parmi les généraux et les colonels, à tomber sous les coups de l’ennemi. S’il y eut de gravissimes fautes, cette guerre n’a jamais été une guerre de classes.
François Cochet & Rémy Porte, Histoire de l’Armée française, 1914-1918, Tallandier, 2017, 520 pages, 25.90€
Broché : 304 pages Editeur : TALLANDIER (28 mai 2015) Collection : L’histoire en batailles Langue : Français ISBN-13 : 979-1021004177 ASIN : B00G68N714 Dimensions : 21,5 x 0,2 x 14,5 cm
La bataille du Cotentin
Il y a soixante-dix ans s’achevait la libération du Cotentin ; rien d’étonnant à ce que cette bataille fasse l’objet de nouvelles publications. Dans ce récit fort bien emmené, Christophe Prime suit pas à pas la libération de ce morceau de France des griffes de la machine de guerre nazie, du débarquement américain à Utah Beach jusqu’à l’opération Cobra, le plan de bataille qui chassa définitivement les Allemands de Normandie et les poussa à quitter précipitamment la France pour s’abriter derrière le Westphall. Très classiquement, l’auteur relate les lâchers de parachutistes à la vieille du Débarquement, le Débarquement lui-même et la poussée des troupes US à l’intérieur des terres, les réactions allemandes et ainsi de suite. Méthodiquement, aidé par une supériorité matérielle écrasante, les troupes américaines parviennent à chasser les Allemands de la péninsule. Elles le font parfois au prix fort car certaines de leurs divisions manquent cruellement d’expérience. Elles font face à des combattants allemands déterminés, les bleus étant encadrés de manière efficace par des soldats chevronnés, souvent des rescapés du terrible front de l’Est. Christophe Prime met en évidence les difficultés américaines… et les solutions qui sont prises pour y remédier. Si l’expérience lui fait défaut, le GI a pour lui l’enthousiasme et la volonté d’en découdre. Il jouit d’une supériorité aérienne totale et d’un service de santé de tout premier ordre. Pour beaucoup, la bataille du Cotentin constituera une expérience suffisamment forte, une aide qui se fera apprécier quand viendront la bataille des Ardennes et l’invasion de l’Allemagne. Quant aux Allemands, en dépit d’une infériorité numérique et matérielle constante, ils font preuve de leurs qualités habituelles : intelligence tactique, habileté à utiliser le terrain, supériorité de l’armement, etc. « L’armée allemande impose à son adversaire une terrible guerre d’usure dans le bocage et les marais du Cotentin. Chaque haie, chaque bosquet est un nid de résistance pour les soldats allemands. » La bataille du Cotentin fut une bataille rude et sanglante. Que dix-mille GI’s y soient tombés, des villes et villages rayés de la carte attestent la violence des combats qui aboutirent à la libération du sol national. Au total, le récit enlevé de Christophe Prime restitue bien l’ambiance fiévreuse de ces temps difficiles.
Christophe Prime, La bataille du Cotentin, Tallandier, 2015, 302 pages, 20.90 €
Broché: 256 pages Editeur : TALLANDIER (26 février 2015) Collection : Témoignage Langue : Français ISBN-13 : 979-1021008557 ASIN : B00MF8NZSE Dimensions : 21,5 x 2 x 14,5 cm
Libérez Tombouctou !
Il est dans la nature de beaucoup de raconter ce qu’ils ont vécu au cours de circonstances extraordinaires. Le colonel Frédéric Gout n’a pas fait exception à la règle en publiant ses souvenirs de guerre. Après quelques mois passés au Mali en début 2013 à traquer les combattants d’AQMI (Al Qaïda au Maghreb Islamique), il a tenu à relater son expérience, de l’annonce de l’engagement au retrait des opérations. Commandant le groupe aéromobile au sein de la brigade Serval, Frédéric Gout plonge le lecteur au cœur de l’action. Plaisant à lire, le récit confirme l’excellence des matériels engagés ainsi que le professionnalisme des soldats engagés dans cette fameuse opération Serval, destinée à libérer le Mali de la menace islamiste. Le témoignage est vif. Comme tout bon militaire, le narrateur sait aller droit au but. A y regarder de plus près, il n’est pas impossible que ce qui fait la force du récit soit la source, pour une part, de certaines faiblesses qui, si elles ne sont pas rédhibitoires, laissent une étrange impression. Le lecteur habitué au récit des batailles d’autrefois doit s’y faire : la guerre d’aujourd’hui n’a rien à voir avec celle d’hier. Adieu les gros bataillons et bienvenue à de petits groupes supérieurement entraînés, capables de délivrer une terrible puissance de feu. Au-delà de ces changements d’ambiance et ces considérations tactiques, Libérez Tombouctou est de nature à perturber l’habitué des récits classiques. Sans qu’il faille remonter loin, on est loin de Paul Carrel (Ils arrivent) ou de Cornelius Ryan (La bataille de Berlin). Guerre de techniciens et de professionnels, la guerre au Mali est l’archétype de la guerre asymétrique et impersonnelle d’aujourd’hui, une guerre du faible au fort où le vainqueur final n’est pas toujours celui que l’on croit. A noter : ces figures de style agaçantes attachées à ce sabir politiquement correct qu’on utilise dans les armées : on ne doit plus dire « ennemi » mais « élément ». Un véhicule « impacté » signifie qu’il a été « détruit », et ainsi de suite…
Broché: 266 pages Editeur : TALLANDIER (9 janvier 2014) Collection : CONTEMPO. Langue : Français ISBN-13: 979-1021004306 ASIN: B00EU77CMS Dimensions : 21,4 x 14,6 x 2,6 cm
Sous le feu
Ancien officier d’active de l’Armée française, Michel Goya est devenu un spécialiste reconnu des armées d’aujourd’hui. Fort de son expérience de terrain, s’appuyant aussi bien sur le témoignage des Poilus de 1914-1918 que sur celui de soldats venant de vivre des conflits contemporains (Irak, Afghanistan…), il se penche sur le comportement du simple soldat. Les guerres modernes peuvent être considérées comme des sortes de laboratoire à visée anthropologique. « Le but de ce livre, écrit l’auteur (p. 19), est d’accompagner le combattant dans cet univers afin d’essayer de comprendre les phénomènes qui s’y déroulent ». L’étude de Michel Goya rejoint celles dont les historiens anglo-saxons se sont fait une spécialité à l’instar de John Keegan qui, dans Anatomie de la bataille, décrit l’univers du soldat au sein de la mêlée : un monde clos à tel point que le combattant ignore pratiquement tout du déroulement de la bataille. La plume alerte de Michel Goya et la densité de son propos donnent au sujet une perspective nouvelle. Le lecteur apprendra ainsi qu’à la guerre l’énorme majorité des hommes ne fait rien d’autre que suivre. Beaucoup ne font même pas le coup de feu ; seule une poignée, ceux dont l’esprit se conforme le plus facilement à l’atmosphère du combat, se bat véritablement. Ainsi, durant la guerre de Corée (1950-1953), la moitié des pilotes américains n’a jamais ouvert le feu sur un appareil ennemi. De même les pertes et dommages occasionnés à l’ennemi sont généralement le fait d’une minorité d’individus. Sur les 20 000 pilotes d’avions de chasse du III° Reich, seul un groupe de 500 d’entre eux a obtenu la moitié des victoires aériennes. En revanche, si la peur de tuer est un puissant inhibiteur, « l’expérience de la guerre réduit la peur de mourir alors que cette d’être mutilé physiquement et psychologiquement augmente » (p. 52). Cela dit, l’énorme majorité de la troupe, si elle n’adopte pas une conduite héroïque, obéit aux ordres et tient à faire son devoir. Le fait de se comporter honorablement et de ne pas laisser tomber les camarades est un puissant facteur de cohésion parmi la troupe. En revanche, la ferveur patriotique n’apparaît pas fondamentale.
Comment les hommes se comportent-ils devant l’extrême danger ? Plus qu’un énième ouvrage sur la guerre, Sous le feu est à considérer comme un ouvrage d’ethnologie. En quelques pages bien senties, l’étude de Michel Goya dit beaucoup de la façon dont l’individu appréhende la guerre, temps souvent banalement ennuyeux et rarement héroïque. Aujourd’hui, alors que les armées sont devenues professionnelles, la mort est bel et bien devenue une « hypothèse de travail » (sous-titre du livre).
Michel Goya, Sous le feu : La mort comme hypothèse de travail, Tallandier, 2014, 267 pages, 20.90 €
Broché: 575 pages Editeur : Editions Tallandier (25 octobre 2012) Collection : Biographie Langue : Français ISBN-10: 2847347348 ISBN-13: 978-2847347340 Dimensions : 22,6 x 16,4 x 3,4 cm
Franklin D. Roosevelt
Des Trois Grands qui ont gagné le dernier conflit mondial, Franklin Delano Roosevelt est sans doute le moins connu. La personnalité géniale et fantasque de Churchill a fait couler beaucoup d’encre. Il en est allé de même pour celle, diabolique et fascinante, de Staline. Roosevelt apparaît beaucoup plus comme la figure d’un « président normal » pour reprendre une expression qui a cours ces temps-ci.
Or, derrière une personnalité à première vue terne et anodine c’est un véritable homme d’Etat qui apparaît. Cousin éloigné du président Theodore Roosevelt, issu d’un milieu bourgeois, auteur d’un parcours scolaire et étudiant assez moyen, Franklin D. Roosevelt se prend d’intérêt pour la politique dès le début de sa vie d’adulte. L’ascension est spectaculaire : sénateur à l’âge de 28 ans, secrétaire adjoint à la Marine durant la Première Guerre mondiale, gouverneur de l’Etat de New-York en 1929, il est choisi comme candidat démocrate aux élections présidentielles de 1932. Il y sera réélu trois fois jusqu’à sa mort en 1945. Grâce à une politique novatrice il sort le pays de la Grande Dépression. Conscient de la puissante des Etats-Unis, il les dégage de l’isolationnisme dans lequel la plupart de ses prédécesseurs avaient voulu le confiner. C’est un combat à mort qu’il engage contre le Japon expansionniste et l’Allemagne nazie. Jamais il ne faiblira dans la conduite de la guerre, exigeant du III° Reich une capitulation sans condition.
Esprit religieux, profondément démocrate, soucieux de voir flotter partout l’étendard de la liberté, Roosevelt ne fit pas toujours l’unanimité. Initiateur du projet visant à donner aux Etats-Unis l’arme atomique, il lui fut également reproché d’avoir tardé à reconnaître l’ampleur du génocide dont les juifs furent victimes. De même, nombreux critiquèrent sa naïveté et sa conduite des affaires face à un Staline aux ambitions démesurées. Il n’empêche, ce qui apparaît parfois comme un certain cynisme chez Roosevelt ne peut cacher l’essentiel : Roosevelt fut un homme quasi-providentiel. Il possédait ce qui faisait défaut à beaucoup d’hommes politiques : une vision claire des grands problèmes du temps. La biographie d’Yves-Marie Péréon, toujours riche d’enseignements, contribue grandement à nous remémorer les talents de cette grande figure du XX° siècle.
Yves-Marie Péréon, Franklin D. Roosevelt, Tallandier, 2012, 576 pages, 27 €
Broché: 304 pages Editeur : Editions Tallandier (20 septembre 2012) Collection : APPROCHES Langue : Français ISBN-10: 2847349197 ISBN-13: 978-2847349191 Dimensions : 21,4 x 14,4 x 2,6 cm
Sun Tzu ou l’art de gagner des batailles
Il y a 2 400, un sage chinois nommé Sun Tzu écrivait L’art de la guerre, un traité lu et assimilé par des générations de stratèges. Court, constitué d’aphorismes simples, L’art de la guerre donne des recommandations aux généraux pour leur donner la victoire à peu de frais. En effet, pourquoi vaincre son ennemi si c’est pour être, au bout du compte, aussi ruiné que lui ? Voulant vérifier la pertinence des axiomes développés par Sun Tzu, l’historien états-unien Bevin Alexander les applique à quelques batailles récentes de l’aire occidentale : Waterloo, Gettysburg, La Marne, Stalingrad… L’auteur s’applique à vérifier la pertinence des idées du célèbre Chinois sur le mode : « Regardez l’effarante conduite du général sudiste Lee à Gettysburg ! Il a perdu une bataille qu’il aurait dû gagner, tout simplement parce qu’il a méconnu les principes édictés par Sun Tzu. » Les conceptions stratégiques et tactiques de ce dernier sont simples et de bon sens : cacher ses intentions, éviter les gros de l’ennemi pour s’en prendre aux troupes de moindre importance, éviter les attaques frontales et ainsi de suite.
Si l’ouvrage se lit aisément, on touche néanmoins assez vite aux limites du genre. En effet, ce genre de systématisation ne tient pas devant la réalité des faits. L’auteur affirme que Napoléon a commis une erreur en attaquant de front l’armée de Wellington. La belle affaire ! Pouvait-il faire autrement alors qu’il était dans l’ignorance de la position et de la composition de l’armée ennemie ? Sun Tzu écrit que tout l’art de la guerre consiste à parvenir à ses objectifs en versant le moins de sang possible, par la ruse par exemple. Idée évidemment séduisante car, comme disait je ne sais plus quel grand stratège, « votre ennemi n’aime pas la guerre, il préférerait vous envahir sans rencontrer de résistance. » Le problème, c’est que le siècle dernier a développé un nouveau type de guerre, une guerre que les Anciens n’avaient pas prévu : la guerre de conquête et d’extermination, comme celle que les Allemands entreprirent lorsqu’en juin 1941 ils attaquèrent l’Union Soviétique. Deux ans plus tard, alors que l’initiative est passée à l’Armée Rouge, celle-ci ne feint pas, n’atermoie pas… Elle est si puissante qu’elle peut se permettre d’attaquer du fort au fort pour anéantir toute résistance ennemie. L’art opératif mis au point par les stratèges soviétiques s’apparente à la Blitzkrieg germanique : la guerre devient mouvement et rapidité, avec des pertes toujours plus lourdes. Il y a vingt-cinq siècles, Sun Tzu ne pouvait le prévoir.
Bevin Alexander, Sun Tzu ou l’art de gagner des batailles, Tallandier, 2012,296 pages, 20.90 €
Broché: 720 pages Editeur : Editions Tallandier (26 avril 2012) Langue : Français ISBN-10: 2847347747 ISBN-13: 978-2847347746 Dimensions : 21,4 x 14,4 x 4,2 cm
1941-1942 : Et si la France avait continué la guerre…
Après 1940. Et si la France avait continué la guerre…, Jacques Sapir, Franck Stora et Loïc Mahé poursuivent leur narration de la Seconde Guerre Mondiale telle qu’elle aurait pu se passer si la prise du pouvoir par Pétain en juin 1940 avait échoué. Le gouvernement de la République continue la lutte depuis Alger. Y participent les grandes figures de la III° République finissante comme Reynaud, Mandel et Daladier, plus ceux, comme De Gaulle, qui n’ont jamais accepté la défaite. A Paris, les collabos ont pris langue avec l’occupant, mais ils ne sont qu’une poignée. De la sorte, appuyé sur son Empire, ayant rallié une grande partie de la France combattante, le gouvernement continue la guerre aux côtés de la Grande-Bretagne. La coalition sera rejointe par les Etats-Unis après Pearl Harbor en décembre 1941. La guerre fait rage sur deux fronts majeurs : en Méditerranée et en Asie du Sud-Est. En Méditerranée, les flottes française et anglaise ne tardent pas à mater la Regia Marina. Grâce aux fournitures américaines, les aviations alliées mènent la vie dure à la Luftwaffe. De ce fait, les Allemands peinent à conquérir la Corse et la Grèce. Ils essuient même de cuisants revers dans les îles grecques. Devant le relatif marasme de ses armes, Hitler a repoussé son grand dessein : l’invasion de l’Union Soviétique, laquelle ne commencera qu’en 1942. En Asie, les Japonais lorgnent du côté de l’Indonésie et de l’Indochine. Après quelques succès initiaux, eux aussi doivent déchanter devant l’opiniâtreté des Alliés. Comme dans la réalité le conflit devient vite planétaire.
Comment ne pas applaudir un récit aussi bien mené, de bout en bout très réaliste ? Les auteurs, spécialistes en histoire militaire, donnent du conflit une image saisissante : on dirait du Raymond Cartier au meilleur de sa forme. Et si la France avait continué la guerre… s’avère de ce point de vue une réussite accomplie. Un petit regret toutefois : il nous semble que cette histoire est trop favorable aux armes alliées. Or, tant en 1914-1918 qu’en 1939-1945 les Allemands ont fait preuve d’une maîtrise et d’une intelligence tactique supérieures. Les chiffres l’attestent : ils ont toujours causé plus de pertes et de dommages à leurs adversaires qu’eux-mêmes en ont subis… Cela dit, le mérite du livre est de faire rêver car, après tout, le récit comporte une forte dose de réalisme et il aurait très bien pu arriver que Pétain ne prenne pas le pouvoir en juin 1940. Parfois, l’histoire ne tient pas à grand-chose ; c’est ce que cet ouvrage permet de vérifier avec intelligence.
Jacques Sapir, Franck Stora, Loïc Mahé, 1941-1942. Et si la France avait continué la guerre… , Tallandier, 2012, 721 pages, 26.90 €
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