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Histoire Recensions

Charles Martel

Éditeur : Perrin (12 novembre 2020)
Langue : Français
Broché : 400 pages
ISBN-10 : 2262080658
ISBN-13 : 978-2262080655
Poids de l’article : 600 g
Dimensions : 15.5 x 3.1 x 24.1 cm

Il faut s’appeler Georges Minois pour oser s’atteler à la biographie d’un personnage à propos duquel on ne sait à peu près rien. Les temps obscurs dans lesquels a vécu Charles Martel sont avares de documents ; « Le siècle 650 – 750 est un désert culturel, un creux dans le chemin de la civilisation occidentale… », précise l’auteur (p. 118). En conséquence, il fallait tenter une autre approche, une autre démarche : « cerner le personnage en question à partir de son environnement » (p. 13). L’auteur dégage l’esprit de cette terrible époque, ses élites rapaces, un certain recul civilisationnel, un christianisme mal assis, un clergé médiocre, etc. Par son charisme, sa personnalité, ses capacités militaires, Charles Martel s’impose comme l’homme fort de l’Occident. Guerrier redouté, il unifie le monde franc, s’appuyant sur la papauté et les missionnaires pour propager à coups d’épée la civilisation et le christianisme. L’auteur démontre qu’en vainquant les Arabes à Poitiers C. Martel n’avait pas en tête l’idée de la guerre sainte, laquelle est venue bien après. Ce Charles Martel est un grand livre d’histoire.

Georges Minois, Charles Martel, Perrin, 2020, 374 pages, 23€

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1914, la France responsable ?

Éditeur : L’artilleur (19 avril 2017)
Langue : : Français
Broché : 368 pages
ISBN-10 : 2810007594
ISBN-13 : 978-2810007592
Poids de l’article : 400 g
Dimensions : 14 x 3.4 x 22 cm

Pour Bertrand Blandin, la France, à force de mener un jeu trouble, est une responsable majeure de la guerre civile européenne de 1914-1918. La France de 1914 est une nation revancharde, trop faible toute seule pour faire jeu égal avec l’Allemagne mais forte du soutien de ses alliés. Pour contraindre l’Allemagne à la guerre sur deux fronts, le personnel au pouvoir à Paris, et d’abord le Président Poincaré, va jouer avec le feu. Résultat : ce qui, après l’attentat de Sarajevo, aurait pu demeurer un accident isolé, limité aux Balkans, va de proche en proche gagner l’ensemble des grandes puissances. A la fin d’un raisonnement solidement étayé, la conclusion de Bertrand Blandin apparaît, sans appel : « Le 30 juillet 1914, la Russie et la France ont entraîné le monde dans une catastrophe sans précédent, alors que les intérêts vitaux des deux pays n’étaient nullement menacés. » (p. 277) Encore plus troublant, l’escamotage de documents, le retard mis par l’ambassadeur de France à Moscou à donner des informations et le trucage de dépêches cruciales (p. 306) n’ont qu’un but : « effacer des livres d’histoire la responsabilité de la France et de son allié la Russie. »

Bertrand Blandin, 1914, la France responsable ?, L’Artilleur, 2016, 359 pages, 22€

L’etxrait : « L’escamotage des télégrammes serbes, le trucage des dépêches de Jules Cambon, le mystérieux retard du télégramme de Paléologue annonçant la mobilisation générale russe, sa réécriture sous forme d’un communiqué d’une dizaine de lignes, toutes ces manœuvres n’ont qu’un seul but : effacer des livres d’histoire la responsabilité de la France et de son alliée la Russie. » (p. 306)

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Crois ou meurs !

ISBN-13 : 979-1021025721
Broché : 507 pages
Éditeur : Coédition Tallandier (28 mars 2019)
Langue : Français
ASIN : B07LD23D92
Dimensions : 14.5 x 3 x 21.5 cm

L’auteur s’est attelé à écrire une histoire très décapante, une sorte d’antidote à l’histoire de la Révolution écrite par Michelet et les historiens marxistes, une vision très différente de ce qui est enseigné à l’Ecole : le peuple se levant comme un seul homme contre l’oppression, levant l’étendard des droits de l’homme et ainsi de suite. Depuis quelques décennies, toute une historiographie s’est mise à contester cette fable. Claude Quétel donne en quelque sorte le coup de pied de l’âne en dessillant les yeux de ceux qui se refusaient à voir la réalité. Pour C. Quétel, 1789 est une mauvaise révolution, une révolution qui dérape dès le départ. Quant au peuple, il n’existe pas ! Comme ce sera le cas en Russie en 1917, ce que l’on appelle le peuple, ce sont quelques milliers d’excités parisiens. Cela dit, Crois ou meurs ! compose un récit chronologique très classique et s’achève sur une passionnant essai d’historiographie critique, montrant comment les historiens ont évolué sur la question, passant d’une folle passion au plus grand scepticisme. Décapant !

Claude Quétel, Crois ou meurs !, Tallandier/Perrin, 2019, 511 pages, 21.90 €

L’extrait : « La gauche de cette nouvelle Assemblée est athée […] Aux Jacobins, ils avancent cette idée, matricielle des totalitarismes du XX° siècle, que l’homme nouveau engendré par la Révolution se doit de rompre avec la tradition et son fer de lance, la religion. » (p. 214)

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Le bonheur était pour demain

Poids de l’article : 400 g
Broché : 384 pages
ISBN-13 : 978-2021388619
Éditeur : Le Seuil (18 avril 2019)
Langue : Français
Dimensions : 14.2 x 2.2 x 19.1 cm

Pourquoi le toujours plus, cette fuite en avant dans le matérialisme et le consumérisme alors que nous peinons à nous satisfaire des joies les plus simples ? A la manière de J.-J. Rousseau, P. Bihouix propose dix promenades, ce qu’il appelle « les rêveries d’un ingénieur solitaire ». La pointe du propos vise avant tout à mettre en perspective les paradoxes nés de la volonté de l’homme d’asservir la terre à ses projets prométhéens. Nous souhaitons le bonheur, ici et maintenant, mais un bonheur passant essentiellement par les objets et la consommation. Le bonheur est possible, semble dire l’auteur, mais jamais il ne ressemblera à ce que l’on voudrait qu’il soit. Il ne sera pas dans le déferlement des objets connectés, dans l’homme augmenté et l’accélération permanente ; il faudra le chercher dans « la lenteur, la douceur, le silence, la grâce de l’ennui parfois, si nécessaire aux enfants pour se construire, des moments simples, toutes choses disparues ou presque, dans un environnement toujours plus artificialisé, climatisé, motorisé et numérisé. » (p. 355)  Dans le cadre d’un monde fini, le temps est venu de réfléchir à une nouvelle utopie, à condition toutefois que nos efforts d’innovation servent à autre chose qu’au profit immédiat.

Philippe Bihouix, Le bonheur était pour demain, Seuil, 2019, 371 pages, 19€

L’extrait : « Il est à craindre que plus l’environnement se dégradera, plus les tensions sociales s’exacerberont et plus les annonces d’un monde meilleur se succéderont… » (p. 143)

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1940 Vérités et légendes

1940 Verités et légendes
Poids de l’article : 300 g
Broché : 288 pages
ISBN-13 : 978-2262065584
Éditeur : Perrin (11 juin 2020)
Langue : Français
Dimensions : 12 x 2.4 x 19.1 cm

L’habitude de la collection « Vérités & Légendes » est de répondre en quelques pages à des questions très précises. Ici, en l’occurrence et par exemple : Le commandement français était-il à la hauteur ? Fallait-il déclarer Paris ville ouverte ? La Ligne Maginot était-elle une bonne idée ? L’auteur pointe avec finesse et pertinence des éléments dont on a longtemps ignoré la prévalence. Si la France a bien des alliés en 1940, pour l’essentiel elle est seule à porter le poids de la bataille, alignant une centaine de divisions quand la Grande-Bretagne, démilitarisé à l’excès depuis 1918, n’en fournit qu’une dizaine. Une autre question demeure pendante : qu’en a-t-il été du soldat français ? Céline avait-il tort ou raison lorsqu’à propos des événements qui vont de la déclaration de guerre de septembre 1939 à l’attaque allemande du 10 mai 1940 il écrivait : « Neuf mois de belotte, six semaines de course à pied » ? Rémy Porte n’hésite pas à évoquer « la ténacité et le courage des soldats français de 1940. » (p. 148). Mais le plus évident n’est-il pas que 1940 doit se comprendre d’abord comme une défaite intellectuelle ?

Rémy Porte, 1940. Vérités et légendes, Perrin, 2020, 286 pages, 13 €

L’extrait : « Comme de manière presque systématique au début d’un conflit, le danger est d’attribuer à l’ennemi ses propres modes de pensée, ses méthodes de réflexion, ses choix doctrinaux. » (p. 160)

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De Gaulle et les Grands

Broché : 432 pages
Editeur : Perrin (5 mars 2020)
Langue : Français
ISBN-10 : 226208002X
ISBN-13 : 978-2262080020
Dimensions : 14,2 x 3,1 x 21,1 cm

Cet ouvrage, qui raconte les relations entretenues entre 1940 et 1970 par le général de Gaulle avec les Grands de ce monde, de Churchill à Mao, est tout bonnement passionnant. Les liens tissés entre de Gaulle et les hommes d’Etat de l’époque ont connu des fortunes diverses. Ces rapports ont été commandés par une idée dont le Général ne s’est jamais départi. Dominaient de façon impérieuse chez le fondateur de la V° République la conviction qu’une politique digne de ce nom devait être subordonnée à la grandeur et à la dignité de la nation. Ce qui inspirait cette conduite devait beaucoup à la connaissance très pointue chez de Gaulle de l’histoire de notre pays. L’autre vérité, c’était que si idéologies et les régimes passaient, les peuples, eux, conservaient leur identité propre, leur génie, des capacités susceptibles de transcender le présent pour s’inscrire dans la longue durée. De là l’idée du rapprochement avec l’Allemagne ou l’évidence que derrière le communisme, forcément transitoire, il y avait d’abord et surtout la Russie, son peuple, son histoire, sa culture.

Eric Branca, De Gaulle et les Grands, Perrin, 2020, 425 pages, 23€

 

L’extrait : « Mieux vaut, à ses yeux, perdre la partie et la vie en se battant jusqu’au bout […] que survivre sans gloire quand l’essentiel est en cause. » (p. 27)

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Lénine, l’inventeur du totalitarisme

Broché : 450 pages
Editeur : Perrin (28 septembre 2017)
Langue : Français
ISBN-10 : 2262065373
ISBN-13 : 978-2262065379
Dimensions : 15,4 x 3,4 x 24,1 cm

Il était temps que toute la vérité sur Lénine fût rétablie, ce que fait avec brio Stéphane Courtois, l’un de nos meilleurs historiens du communisme. Son Lénine est une véritable bouffée d’oxygène, un livre à prendre au premier degré, une sorte de programme à appliquer d’urgence… quand on sait qu’il existe dans la France de 2018 des avenues et des stades Lénine. En retraçant la vie de Lénine, l’auteur dévoile un être cruel, sans pitié, cynique, animé d’une seule passion : s’emparer du pouvoir et le conserver. L’itinéraire politique de Lénine est une chose, sa personnalité une autre. S’il est un leader charismatique, il est très tôt dépeint comme « un égocrate développant une vision mégalomaniaque, assis sur une vision paranoïaque du monde divisé entre amis et ennemis, légitimant la violence… » (p. 218) Au fond, Lénine a aimé l’humanité à la façon de Marat : pour faire le bonheur d’une minorité, il était prêt à exterminer le reste de l’humanité par le fer et le feu.

Stéphane Courtois, Lénine, l’inventeur du totalitarisme, Perrin, 2017, 497 pages, 25€

 

L’extrait : « Des trois grandes passions de Lénine, une seule avait abouti : la passion révolutionnaire de la destruction de la société. » (p. 436)

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Le crépuscule du matérialisme

Broché : 184 pages
Editeur : SALVATOR (16 mai 2019)
Langue : Français
ISBN-10 : 2706717963
ISBN-13 : 978-2706717963
Dimensions : 21 x 1,4 x 14 cm

Depuis largement plus d’un siècle, tout un discours tend à faire courir le bruit que science et foi sont absolument antinomiques, voire que tout être digne de raison ne saurait se satisfaire d’un discours basé ce qui ne peut être prouvé. Le but du livre de Richard Bastien n’est pas de prouver scientifiquement les vérités de foi, ni de mettre sur un même plan science et foi, mais plus simplement d’affirmer qu’il est possible de croire aux vertus de la science tout en adhérant à une croyance religieuse. Le petit livre de R. Bastien est l’occasion de remettre les pendules à l’heure, d’affirmer haut et fort qu’un croyant peut appuyer sa foi sur le travail de la raison. Un bémol toutefois : affirmer que si l’athéisme est vrai, « la notion même de morale perd tout son sens » (p. 13). C’est faire bon marché de ces athées fidèles et respectueux, à la façon d’André Comte Sponville, qui tentent de se frayer un chemin dans la vie tout en conservant une haute idée de l’homme, de sa morale et de son éthique.

Richard Bastien, Le crépuscule du matérialisme, Salvator, 2019, 185 pages, 20€

 

L’extrait : « Les tenants du matérialisme philosophique  […] sont convaincus que rien n’existe en dehors de la réalité sensible, ils estiment que toute religion n’est que superstition. » (p.30)

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Koursk 1943

Broché : 336 pages
Editeur : Perrin (1 mars 2018)
Collection : Domaine étranger
Langue : Français
ISBN-10 : 2262071217
ISBN-13 : 978-2262071219
Dimensions : 15,4 x 2,7 x 21,5 cm

Tout un pan de l’historiographie contemporaine a déjà revisité cette gigantesque confrontation. Jusqu’à ces années passées régnaient deux discours. Côté soviétique était poussé un chant de victoire, la stratégie mise au point par la Stavka (le GQG de l’Armée rouge) était considérée comme la plus à même de briser l’échine de la Wehrmacht. Son de cloche assez similaire en Occident où l’on pensait comme suicidaire l’idée d’Hitler d’attaquer du fort au fort. Le résultat de la bataille semblait donner raison à ces appréciations puisqu’à partir de l’été 43 l’Armée allemande perd définitivement l’initiative sur le front russe. Roman Töppel dresse un bilan plus mesuré du gigantesque affrontement qu’a été la bataille de Koursk. Incontestable victoire stratégique soviétique, la bataille montra une fois de plus les qualités opérationnelles et manœuvrières de l’Armée allemande. Le total des pertes est accablant pour l’Armée rouge qui, pour un char allemand détruit, en perdait cinq ou six. Bataille mythique mais non décisive, Koursk apparaît comme le modèle de la bataille dite d’attrition. A ce jeu-là, l’Allemagne ne pouvait pas sortir vainqueur.

Roman Töppel, Koursk 1943, Perrin, 2018, 303 pages, 21 €

 

L’extrait : « A force de vouloir démolir le « mythe de la Wehrmacht », entreprise qui fut salutaire, l’on a fini par oublier ce qui faisait l’étonnante efficacité de l’armée du Troisième Reich ». (J. Lopez, introduction, p. 11)

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La véritable histoire des douze Césars

Broché : 416 pages
Editeur : Perrin (5 septembre 2019)
Langue : Français
ISBN-10 : 2262074380
ISBN-13 : 978-2262074388
Dimensions : 14,2 x 3,5 x 21,1 cm

Marchant sur les pas de Suétone, Virginie Girod revisite l’histoire des premiers empereurs romains. Ce travail de rafraîchissement rend plus actuelle cette histoire de pouvoir qui se déroule sur un siècle dans ce qui constitue le cœur de ce fabuleux Empire romain, quasiment au zénith de sa puissance. Les douze portraits d’empereurs, d’Auguste à Domitien, nous plongent dans la Rome de la lutte et de la conservation du pouvoir, une Rome cruelle où la vie des puissants demeure sans cesse à la merci de coups bas et de trahisons. Le style nerveux de l’auteur rend cette galerie de portraits très actuels. La véritable histoire des douze Césars peut se lire comme une réflexion sur le pouvoir. La lutte acharnée pour sa conquête et le destin de chacun de ces douze empereurs montre la véracité du dicton selon lequel la Roche Tarpéienne est proche du Capitole. Au final, Virginie Girod donne à voir, autant qu’à lire, une Rome de sexe et de sang.

Virginie Girod, La véritable histoire des douze Césars, Perrin, 2019, 413 pages, 24 €

 

L’extrait : « L’empereur se trouve à une place intermédiaire entre les hommes et les dieux. Comment garder les pieds sur terre dans cet espace symbolique où personne ne peut vous rejoindre ? » (p. 14)