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Histoire Recensions

1914, la France responsable ?

Éditeur : L’artilleur (19 avril 2017)
Langue : : Français
Broché : 368 pages
ISBN-10 : 2810007594
ISBN-13 : 978-2810007592
Poids de l’article : 400 g
Dimensions : 14 x 3.4 x 22 cm

Pour Bertrand Blandin, la France, à force de mener un jeu trouble, est une responsable majeure de la guerre civile européenne de 1914-1918. La France de 1914 est une nation revancharde, trop faible toute seule pour faire jeu égal avec l’Allemagne mais forte du soutien de ses alliés. Pour contraindre l’Allemagne à la guerre sur deux fronts, le personnel au pouvoir à Paris, et d’abord le Président Poincaré, va jouer avec le feu. Résultat : ce qui, après l’attentat de Sarajevo, aurait pu demeurer un accident isolé, limité aux Balkans, va de proche en proche gagner l’ensemble des grandes puissances. A la fin d’un raisonnement solidement étayé, la conclusion de Bertrand Blandin apparaît, sans appel : « Le 30 juillet 1914, la Russie et la France ont entraîné le monde dans une catastrophe sans précédent, alors que les intérêts vitaux des deux pays n’étaient nullement menacés. » (p. 277) Encore plus troublant, l’escamotage de documents, le retard mis par l’ambassadeur de France à Moscou à donner des informations et le trucage de dépêches cruciales (p. 306) n’ont qu’un but : « effacer des livres d’histoire la responsabilité de la France et de son allié la Russie. »

Bertrand Blandin, 1914, la France responsable ?, L’Artilleur, 2016, 359 pages, 22€

L’etxrait : « L’escamotage des télégrammes serbes, le trucage des dépêches de Jules Cambon, le mystérieux retard du télégramme de Paléologue annonçant la mobilisation générale russe, sa réécriture sous forme d’un communiqué d’une dizaine de lignes, toutes ces manœuvres n’ont qu’un seul but : effacer des livres d’histoire la responsabilité de la France et de son alliée la Russie. » (p. 306)

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Actualités Recensions

Les Gaulois réfractaires demandent des comptes au Nouveau Monde

Éditeur : Fayard (10 juin 2020)
Langue : : Français
Broché : 162 pages
ISBN-10 : 2213717486
ISBN-13 : 978-2213717487
Poids de l’article : 230 g
Dimensions : 13.5 x 1.1 x 21.5 cm

Philippe de Villiers revient sur la façon dont notre pays, les autorités publiques en premier lieu, ont géré la crise du coronavirus. On peut bien sûr rétorquer à l’auteur qu’il est plus facile, lorsque l’on n’est pas aux affaires, de dire ce qu’il aurait fallu faire et ce que l’on aurait pu éviter. Cela dit, P. de Villiers pose des questions dont on ne peut faire l’économie : Fallait-il vendre aux Chinois, dont on sait que leur souci de l’hygiène peut être aléatoire, un laboratoire P 4, sorte de bombe atomique bactériologique ? Pourquoi les pouvoirs publics n’ont-ils pas pris en compte les avertissements récurrents de l’Armée pour qui la crise devait fatalement arriver ? Comment se fait-il que nous soyons à ce point dépendants d’autres pays, pour les médicaments par exemple dont 90 % sont fabriqués en Chine ou en Inde ? P. de Villiers n’accuse personne nommément mais les échos de sa philippique résonnent. Les puissants et autres décideurs ont décidé d’emmener tout un pays sur la voie de la mondialisation à outrance, sans jamais vraiment demander l’avis du peuple. Après tant d’échecs, n’est-il pas normal que ce dernier demande des comptes. Les gens qui ont prôné la mondialisation et l’ouverture ont laissé un pays en friche, un peuple déboussolé, une nation désindustrialisée : ils doivent s’en expliquer.

Philippe de Villiers, Les Gaulois réfractaires… , Fayard, 2020, 155 pages, 15 €

L’extrait : « La construction européenne est, en réalité, l’antiphrase par laquelle on désigne une déconstruction de l’Europe véritable, celle de la civilisation européenne. » (p. 48-49)

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Biographies Recensions

Augusto Pinochet

Éditeur : Perrin (23 janvier 2020)
Langue : Français
Broché : 384 pages
ISBN-10 : 2262070156
ISBN-13 : 978-2262070151
Poids de l’article : 500 g
Dimensions : 14.2 x 3.2 x 21.1 cm

Avec une rigueur et une honnêteté qui l’honorent, Michel Faure raconte la vie ordinaire d’un type ordinaire, un militaire besogneux mais suffisamment madré pour accéder à la tête de l’armée chilienne. Ce que l’on sait moins, c’est que Pinochet n’est pas à l’origine du coup d’Etat qui a conduit à l’assassinat d’Allende et à sa prise du pouvoir ; il n’a fait que prendre le train en route. Comme le définit l’auteur, le « pinochétisme » est un mélange de dictature (2 328 disparus, 38 254 personnes détenues arbitrairement et à peu près 200 000 poussées à l’exil) et de libéralisme économique. Curieusement, Pinochet ne faisait pas de l’autoritarisme un absolu, il disait croire en la démocratie, mais une démocratie selon son désir, détestant le pluralisme et donnant libre cours aux joies du marché. Derrière l’image du parfait mari, chef d’une famille modèle on n’a pas tardé à découvrir un prévaricateur opportuniste et corrompu. L’indéniable réussite économique des années Pinochet ne suffit pas, selon M. Faure, à grandir un personnage d’une grande médiocrité.

Michel Faure, Augusto Pinochet, Perrin, 2020, 380 pages, 24€

L’extrait : « Le « pinochétisme », si une telle chose existe, s’avère donc la laborieuse synthèse d’une pratique dictatoriale et d’une ambition démocratique, c’est-à-dire l’horreur et les bons sentiments » (p. 275)

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Actualités Recensions

Bloc contre bloc

Éditeur : Les éditions du Cerf (7 novembre 2019)
Langue : Français
Broché : 284 pages
ISBN-10 : 2204134112
ISBN-13 : 978-2204134118
Poids de l’article : 320 g
Dimensions : 13.7 x 2.4 x 21.1 cm

Il n’est pas certain que la victoire d’Emmanuel Macron aux Présidentielles de 2017 ait fait bouger les lignes autant qu’il le souhaitait. Au contraire, explique Jérôme Sainte-Marie, il existe en France deux blocs antagonistes qui se regardent en chiens de faïence : d’un côté la France populaire, celle d’en-bas, de l’autre la France des décideurs, des centres villes, se coulant aisément dans une mondialisation qu’elle juge heureuse. Le parallèle que dresse l’auteur entre l’état actuel du pays et la lecture qu’en faisait Marx au lendemain de la révolution de 1848 ne manque pas de pertinence ; on retrouve à presque deux siècles de distance les mêmes dynamiques : l’arrogance des classes privilégiées et la sourde colère des perdants. D’un côté les enracinés de la France périphérique, de l’autre ceux qui valorisent le changement et l’adaptation permanents. Bref, nous n’en avons pas fini avec la lutte des classes. Mais si les majorités changent les gouvernements qui se succèdent mènent peu ou prou la même politique. De cela les classes populaires ne veulent plus, mais y a-t-il encore quelqu’un pour les écouter ?

Jérôme Sainte-Marie, Bloc contre bloc, Le Cerf, 2019, 287 pages, 18€

L’extrait : « L’heure est au refus de l’histoire nationale et à l’intersectionnalité […]. Il ne s’agit plus de rechercher un monde meilleur et encore moins de changer de société, mais de libérer l’individu des dominations qu’il subit, car l’individu est considéré comme la fin et la mesure de toute chose. » (p. 97)

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Portraits Recensions

Isabelle de France

Broché : 380 pages
ISBN-10 : 2262077223
ISBN-13 : 978-2262077228
Éditeur : Perrin (20 août 2020)
Langue : Français
Dimensions : 14.1 x 3.5 x 21 cm

Alors que la France et l’Angleterre ont été durant des siècles d’irréconciliables ennemies, on peine à considérer combien, en plein Moyen Age, ces deux nations avaient des liens étroits. A la Cour d’Angleterre, les nobles parlaient français et nombreux étaient ceux qui avaient un pied sur le sol des deux pays. Dans le jeu des alliances matrimoniales, essentiel pour toutes les cours d’Europe, le mariage d’Isabelle, fille de Philippe le Bel, avec le roi Edouard II donne un éclairage particulier aux rapports entre ces deux nations ennemies. Dans cette passionnante biographie, Sophie Brouquet raconte l’histoire d’une jeune femme intelligente, débordante d’ambition, essayant de tirer son épingle du jeu face à un mari incapable d’exercer son autorité. En toile de fond les rapports souvent compliqués et empreints de méfiance entre les cours de France et d’Angleterre ainsi que la traditionnelle limitation (depuis la Grande Charte de 1215) du pouvoir royal par les barons anglais. Une biographie aussi éclairante que captivante.

Sophie Brouquet, Isabelle de France, Perrin, 2020, 426 pages, 23 €

L’extrait : « … cette reine médiévale, ni louve ni putain, est une femme de son temps, une Capétienne exceptionnelle par son intelligence supérieure, sa volonté de fer, mais aussi par son pragmatisme lui permettant de survivre dans un monde de violence et de déchirements politiques. » (p. 358)

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Portraits Recensions

Les grandes figures de la droite

Broché : 416 pages
ISBN-10 : 2262088101
ISBN-13 : 978-2262088101
Éditeur : Perrin (3 septembre 2020)
Langue : Français
Dimensions : 15.5 x 3.5 x 24 cm

Une vingtaine de contributeurs, réunis par Jean-Christophe Buisson et Guillaume Tabard, racontent les grandes figures de la droite, de 1789 à nos jours, de Rivarol à Nicolas Sarkozy. Les portraits sont enlevés, insistant sur l’originalité de ces différents parcours. Les articles de fin de volume semblent plus parlants ; il ne faut pas s’en étonner car il s’agit de personnages contemporains, évidemment plus familiers que Chateaubriand ou Tocqueville. Etrangement, certains parcours disent beaucoup de ce qui différencie droite et gauche. Les gens de gauche sont tout fiers de se de dire de gauche et jamais il n’aurait idée de mettre leur drapeau dans la poche. Au contraire, appartenir à la droite semble toujours un peu honteux ; « Je suis à droite mais, chut ! Il ne faut pas le dire. » Pour tout dire, on peut sous cet angle s’interroger sur la présence dans le livre de certains politiques qui, bien qu’appartenant théoriquement à la droite, ont appliqué une politique davantage centriste, quand elle n’était pas carrément de gauche.

Jean-Christophe Buisson & Guillaume Tabard (sous la dir. de), Les grandes figures de la droite, Perrin, 2020, 408 pages, 22 €

L’extrait : « Entre de Gaulle et Giscard, il y a toute l’étendue qui sépare la France telle qu’elle se rêve et la France telle qu’elle est. » (p. 358)

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Histoire Recensions

Crois ou meurs !

ISBN-13 : 979-1021025721
Broché : 507 pages
Éditeur : Coédition Tallandier (28 mars 2019)
Langue : Français
ASIN : B07LD23D92
Dimensions : 14.5 x 3 x 21.5 cm

L’auteur s’est attelé à écrire une histoire très décapante, une sorte d’antidote à l’histoire de la Révolution écrite par Michelet et les historiens marxistes, une vision très différente de ce qui est enseigné à l’Ecole : le peuple se levant comme un seul homme contre l’oppression, levant l’étendard des droits de l’homme et ainsi de suite. Depuis quelques décennies, toute une historiographie s’est mise à contester cette fable. Claude Quétel donne en quelque sorte le coup de pied de l’âne en dessillant les yeux de ceux qui se refusaient à voir la réalité. Pour C. Quétel, 1789 est une mauvaise révolution, une révolution qui dérape dès le départ. Quant au peuple, il n’existe pas ! Comme ce sera le cas en Russie en 1917, ce que l’on appelle le peuple, ce sont quelques milliers d’excités parisiens. Cela dit, Crois ou meurs ! compose un récit chronologique très classique et s’achève sur une passionnant essai d’historiographie critique, montrant comment les historiens ont évolué sur la question, passant d’une folle passion au plus grand scepticisme. Décapant !

Claude Quétel, Crois ou meurs !, Tallandier/Perrin, 2019, 511 pages, 21.90 €

L’extrait : « La gauche de cette nouvelle Assemblée est athée […] Aux Jacobins, ils avancent cette idée, matricielle des totalitarismes du XX° siècle, que l’homme nouveau engendré par la Révolution se doit de rompre avec la tradition et son fer de lance, la religion. » (p. 214)

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Recensions Témoignages

Les conquérants de l’inutile

Broché : 200 pages
ISBN-10 : 2352212308
ISBN-13 : 978-2352212300
Éditeur : Paulsen – Guerin (30 mars 2017)
Langue : Français
Dimensions : 15.2 x 3.5 x 21.1 cm

C’est en 1961 que l’alpiniste Lionel Terray, qui n’a que 40 ans, publie ce livre de souvenirs au titre si suggestif. Depuis sa publication, le succès des Conquérants de l’inutile ne s’est jamais démenti et c’est justice. Ecrit d’une plume alerte, empli de poésie, respirant finesse et intelligence, le livre de L. Terray est un des monuments de la littérature consacrée à l’alpinisme. Adolescent, il ne savait pas trop que faire de sa vie. Mais rapidement lui est venu l’amour des hauts sommets ; un amour vite transformé en passion incandescente. Rêvant montagnes et pensant montagnes il en fit son métier. Se liant avec quelques-uns des as de l’alpinisme français de l’après-guerre, comme Gaston Rébuffat et Louis Lachenal, il se lança à l’assaut des sommets les plus abrupts, des faces les plus dangereuses. Toujours plus haut, toujours plus de risque et de fatigue, tant est si bien que le lecteur se pose fatalement la question du pourquoi.  Lionel Terray est décédé dans l’exercice de son art à l’âge de 44 ans. La montagne perdait un de ses plus grands amoureux et la littérature un espoir prometteur.

Lionel Terray, Les conquérants de l’inutile, Guérin, 1961 (rééd. 2017), 435 pages, 22€

L’extrait : « Sans autre témoin que son compagnon de cordée, dans la solitude et le silence de la montagne, l’alpniste se at pour la seule joie de triompher de l’obstacle qu’il s’est imposé, pour le seul orgueil de se sentir fort et courageux. Aucun jeu n’est plus dépouillé des contingences humaines, aucune activité n’est plus pure, plus désintéressée que l’alpinisme dans sa forme primitive… » (p. 185)

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Histoire Recensions

Le bonheur était pour demain

Poids de l’article : 400 g
Broché : 384 pages
ISBN-13 : 978-2021388619
Éditeur : Le Seuil (18 avril 2019)
Langue : Français
Dimensions : 14.2 x 2.2 x 19.1 cm

Pourquoi le toujours plus, cette fuite en avant dans le matérialisme et le consumérisme alors que nous peinons à nous satisfaire des joies les plus simples ? A la manière de J.-J. Rousseau, P. Bihouix propose dix promenades, ce qu’il appelle « les rêveries d’un ingénieur solitaire ». La pointe du propos vise avant tout à mettre en perspective les paradoxes nés de la volonté de l’homme d’asservir la terre à ses projets prométhéens. Nous souhaitons le bonheur, ici et maintenant, mais un bonheur passant essentiellement par les objets et la consommation. Le bonheur est possible, semble dire l’auteur, mais jamais il ne ressemblera à ce que l’on voudrait qu’il soit. Il ne sera pas dans le déferlement des objets connectés, dans l’homme augmenté et l’accélération permanente ; il faudra le chercher dans « la lenteur, la douceur, le silence, la grâce de l’ennui parfois, si nécessaire aux enfants pour se construire, des moments simples, toutes choses disparues ou presque, dans un environnement toujours plus artificialisé, climatisé, motorisé et numérisé. » (p. 355)  Dans le cadre d’un monde fini, le temps est venu de réfléchir à une nouvelle utopie, à condition toutefois que nos efforts d’innovation servent à autre chose qu’au profit immédiat.

Philippe Bihouix, Le bonheur était pour demain, Seuil, 2019, 371 pages, 19€

L’extrait : « Il est à craindre que plus l’environnement se dégradera, plus les tensions sociales s’exacerberont et plus les annonces d’un monde meilleur se succéderont… » (p. 143)

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Histoire Recensions

1940 Vérités et légendes

1940 Verités et légendes
Poids de l’article : 300 g
Broché : 288 pages
ISBN-13 : 978-2262065584
Éditeur : Perrin (11 juin 2020)
Langue : Français
Dimensions : 12 x 2.4 x 19.1 cm

L’habitude de la collection « Vérités & Légendes » est de répondre en quelques pages à des questions très précises. Ici, en l’occurrence et par exemple : Le commandement français était-il à la hauteur ? Fallait-il déclarer Paris ville ouverte ? La Ligne Maginot était-elle une bonne idée ? L’auteur pointe avec finesse et pertinence des éléments dont on a longtemps ignoré la prévalence. Si la France a bien des alliés en 1940, pour l’essentiel elle est seule à porter le poids de la bataille, alignant une centaine de divisions quand la Grande-Bretagne, démilitarisé à l’excès depuis 1918, n’en fournit qu’une dizaine. Une autre question demeure pendante : qu’en a-t-il été du soldat français ? Céline avait-il tort ou raison lorsqu’à propos des événements qui vont de la déclaration de guerre de septembre 1939 à l’attaque allemande du 10 mai 1940 il écrivait : « Neuf mois de belotte, six semaines de course à pied » ? Rémy Porte n’hésite pas à évoquer « la ténacité et le courage des soldats français de 1940. » (p. 148). Mais le plus évident n’est-il pas que 1940 doit se comprendre d’abord comme une défaite intellectuelle ?

Rémy Porte, 1940. Vérités et légendes, Perrin, 2020, 286 pages, 13 €

L’extrait : « Comme de manière presque systématique au début d’un conflit, le danger est d’attribuer à l’ennemi ses propres modes de pensée, ses méthodes de réflexion, ses choix doctrinaux. » (p. 160)