Éditeur : Fayard Date de publication : 26 septembre 2012 Langue : Français Nombre de pages de l’édition imprimée : 523 pages ISBN-10 : 2213670765 ISBN-13 : 978-2213670768 Poids de l’article : 717 g Dimensions : 15.3 x 4 x 23.5 cm
Pour l’auteur, Russe habitant à Leningrad, aucun doute : le tsar Alexandre Ier n’avait qu’un désir, qu’un souhait : abattre Napoléon et son empire. Au terme d’un récit enlevé, qui fait la part belle à la diplomatie, on peut dire qu’Oleg Sokolov a réussi son pari. Face à un Napoléon désireux avant tout de mater l’Angleterre, parfois naïf, Alexandre fait preuve d’un cynisme à toute épreuve. Diplomate et politique machiavélien, il ruse et feint, poussant l’empereur des Français à bout. Mieux qu’un récit narrant l’opposition de deux empires, ce combat de deux empires, qui court de 1805 à 1812, éclaire l’histoire de l’Europe de l’époque sous un jour assez nouveau. Un passionnant livre d’histoire.
Oleg Sokolov, Le combat de deux empires, Fayard, 2012, 522 pages, 25 €
L’extrait : « A compter de ce moment, le but d’Alexandre Ier, le mobile de tous ses actes sera le renversement de Napoléon. » (p.78)
Éditeur : Fayard (10 juin 2020) Langue : : Français Broché : 162 pages ISBN-10 : 2213717486 ISBN-13 : 978-2213717487 Poids de l’article : 230 g Dimensions : 13.5 x 1.1 x 21.5 cm
Philippe de Villiers revient sur la façon dont notre pays, les autorités publiques en premier lieu, ont géré la crise du coronavirus. On peut bien sûr rétorquer à l’auteur qu’il est plus facile, lorsque l’on n’est pas aux affaires, de dire ce qu’il aurait fallu faire et ce que l’on aurait pu éviter. Cela dit, P. de Villiers pose des questions dont on ne peut faire l’économie : Fallait-il vendre aux Chinois, dont on sait que leur souci de l’hygiène peut être aléatoire, un laboratoire P 4, sorte de bombe atomique bactériologique ? Pourquoi les pouvoirs publics n’ont-ils pas pris en compte les avertissements récurrents de l’Armée pour qui la crise devait fatalement arriver ? Comment se fait-il que nous soyons à ce point dépendants d’autres pays, pour les médicaments par exemple dont 90 % sont fabriqués en Chine ou en Inde ? P. de Villiers n’accuse personne nommément mais les échos de sa philippique résonnent. Les puissants et autres décideurs ont décidé d’emmener tout un pays sur la voie de la mondialisation à outrance, sans jamais vraiment demander l’avis du peuple. Après tant d’échecs, n’est-il pas normal que ce dernier demande des comptes. Les gens qui ont prôné la mondialisation et l’ouverture ont laissé un pays en friche, un peuple déboussolé, une nation désindustrialisée : ils doivent s’en expliquer.
Philippe de Villiers, Les Gaulois réfractaires… , Fayard, 2020, 155 pages, 15 €
L’extrait : « La construction européenne est, en réalité, l’antiphrase par laquelle on désigne une déconstruction de l’Europe véritable, celle de la civilisation européenne. » (p. 48-49)
Broché : 416 pages Editeur : Fayard (24 octobre 2018) Collection : Divers Histoire Langue : Français ISBN-10 : 221367129X ISBN-13 : 978-2213671291 Dimensions : 15,3 x 2,8 x 23,5 cm
Jean Sévillia a écrit un livre passionnant, aisé à lire, usant de force pédagogie. Comment ne pas louer un livre éclairant à ce point les rivalités existant parmi les divers mouvements indépendantistes, les velléités putchistes des partisans de l’Algérie française, le froid réalisme du général de Gaulle devenu entre-temps chef de l’Etat (1958) et ainsi de suite ? Sous la plume de Jean Sévillia, tout paraît limpide. Grâce à son éclairage, les événements qui semblaient enchevêtrés et complexes deviennent accessibles et aisément compréhensibles. Pour l’histoire commune de la France et de l’Algérie, ce sont bien sûr les derniers chapitres qui comptent le plus car les conclusions de la guerre continuent d’influencer les relations bilatérales. Malgré les incompréhensions et le triste sort fait aux rapatriés, la France s’est délestée d’un boulet qui risquait de lui faire rater l’entrée dans le formidable essor économique des Trente Glorieuses. En Algérie, l’amère réalité a triomphé des idéaux indépendantistes. Une caste, adossée sur l’armée, s’est emparée du pouvoir pour ne plus le lâcher.
Jean Sévillia, Les vérités cachées de la guerre d’Algérie, Fayard, 2018, 415 pages, 23 €
L’extrait : « Le fond de l’affaire, décidément, est que de Gaulle veut en finir à tout prix. » (p. 310)
Broché : 480 pages Editeur : Fayard (29 octobre 2014) Collection : Biographies Historiques Langue : Français ISBN-10 : 2213655316 ISBN-13 : 978-2213655314 Dimensions : 15,3 x 2,5 x 23,5 cm
Pie XII
Le spécialiste de l’histoire de l’Italie contemporaine qu’est Pierre Milza ne pouvait pas ne pas consacrer un livre à Pie XII, un pape dont l’importance est manifeste pour la compréhension de l’évolution de l’Eglise au cours de la seconde moitié du XX° siècle. Biographie très classique, le Pie XII de Pierre Milza jouit d’une postériorité qui lui permet d’intégrer l’ensemble de ce que la communauté des chercheurs sait d’Eugenio Pacelli. Issu de la bourgeoisie romaine, fils d’une famille pieuse, le jeune Eugenio Pacelli a tôt fait de découvrir la vocation qui l’habite : il sera prêtre. Seulement, il était dit que ce brillant sujet ne saurait se contenter d’un office médiocre au service de la sainte Eglise romaine. Ses qualités d’intellectuel et de diplomate lui font brûler les étapes : nonce à Munich en 1917, puis à Berlin en 1925, secrétaire d’Etat du pape Pie XI en 1929… C’est en 1939, à la veille de la guerre, que les cardinaux l’élisent sur le trône de saint Pierre. Vient la guerre, la période des grands déchirements : que doit faire et que doit dire le pape devant l’étendue des crimes de guerre, la Shoah en premier lieu ? Diplomate à l’excès, soucieux du sort des catholiques de langue allemande, il condamne les crimes nazis avec une retenue qui donnera des arguments à ceux qui, tel l’auteur du Vicaire Rolf Hochhut, lui ont reproché avec force ses silences. En réalité, s’il abhorre le nazisme et montre son souci du peuple juif en sauvant de l’horreur des milliers de juifs italiens, Pie XII, sans doute en raison de sa germanophilie latente, déteste encore plus le communisme. « Si pour le parti de Hitler la question est celle de la mise en tutelle des Eglises dans le cadre d’un Etat autoritaire, voire totalitaire, pour les communistes il s’agit de mettre en place leur complète éradication » (p. 141-142)
Toujours intéressant, facile à lire, ce Pie XII est indéniablement de très bonne facture. Cela suffira-t-il pour l’amener à concurrencer d’autres biographies du pape Pacelli, comme celle de Robert Serrou, rien n’est moins sûr ? Concentrée essentiellement sur les aspects diplomatiques du pontificat, le livre de Pierre Milza fait malheureusement l’impasse sur quantité de dossiers essentiels à la compréhension de l’histoire de l’Eglise au XX° siècle, comme le refus des prêtres-ouvriers. Pontificat important au plan des relations internationales, il le fut également pour l’évolution de l’Eglise, avant l’élection de Jean XXIII et la convocation du second concile du Vatican. !
Pierre Milza, Pie XII, Fayard, 2014, 475 pages, 25 €
Broché: 304 pages Editeur : Fayard (18 février 2015) Collection : Documents Langue : Français ISBN-10 : 2213686505 ISBN-13 : 978-2213686509 Dimensions : 15,3 x 2,5 x 23,5 cm
La France à quitte ou double
Se peut-il que la France se livre au Front National comme la Grèce s’est offerte au gouvernement d’extrême-gauche piloté par Alexis Tsipras ? Ce « quitte », François de Closets n’ose y croire. Pourtant, il se montre tellement perplexe face à l’insuffisance des réponses apportées par la classe politique qu’il fait de l’accession au pouvoir du parti de Marine Le Pen une probabilité à ne pas négliger. S’il dénonce avec vigueur le simplisme du programme du Front national, François de Closets tient surtout rigueur aux politiques d’avoir vécu dans le mensonge et la dénégation depuis quarante ans. Quarante années de laxisme et de lâcheté qu’il va peut-être falloir payer au prix fort. François de Closets estime que « le Front national prospère sur tous les errements de notre classe dirigeante. La remise en cause de l’identité nationale, la prescription de la mixité pluriculturelle, l’incertitude sur la laïcité, l’instrumentalisation de l’antiracisme, l’ignorance du communautarisme qui s’installe, font le jeu de Marine Le Pen. » (p. 296) Evacuant assez vite les questions identitaires et culturelles, l’observateur avisé qu’est F. de Closets revient avec force sur les graves errements économiques et sociaux qui, depuis des décennies, défont le pays : dette abyssale, présent acheté à crédit, désertification, abandon des populations habitant les périphéries… Voilà plusieurs décennies que l’auteur crie dans le désert, ne cessant de mettre en garde les responsables politiques et économiques. Les dangers qui guettent la France valent que tout soit mis sur la table sans quoi les déchirements sociaux et économiques seront tels que le champ libre sera donné à l’extrémisme. Un pays en cessation de paiement est toujours tenté par les sirènes du populisme ; ont-ils oublié cette leçon de l’histoire ces politiciens qui jouent leur partition sur le mot bien connu de la comtesse du Barry sur l’échafaud : « Encore une minute monsieur le bourreau ! ». De façon froide et réalise, l’auteur joue son rôle de lanceur d’alerte. Il le fait pendant qu’il est encore temps et que la France dispose encore de solides atouts. Attention, toutefois, à ne pas les gaspiller dans la frivolité et l’oubli des réalités.
Un livre grave et tonique.
François de Closets, La France à quitte ou double, Fayard, 2015, 301 pages, 20.90 €
Broché: 264 pages Editeur : Fayard (13 février 2013) Collection : Littérature Française Langue : Français ISBN-10: 2213654719 ISBN-13: 978-2213654713 Dimensions : 21,2 x 13,4 x 2,8 cm
Remonter la Marne
Jean-Paul Kauffmann, ancien otage au Liban, écrivain, rédacteur en chef de L’amateur de cigares, est un formidable conteur. Dans L’Arche des Kerguelen ou La chambre noire de Longwood, il avait déjà montré sa capacité à faire revivre le passé, à l’interroger tout en soumettant à la question les modes et travers de l’époque contemporaine. L’année dernière, durant sept semaines, il a remonté à pied le cours de la Marne, de Paris jusqu’à sa source, en Haute-Marne. Ici, pas d’exploit physique ; il s’agissait pour l’auteur de baguenauder le long du cours d’eau, de prendre le temps de bavarder avec des indigènes, de s’arrêter dans telle petite ville pour visiter un musée fameux, d’honorer des personnages célèbres originaires des régions traversées (dom Pérignon, Alfred Loisy…) et, plus généralement, de se faire une idée de la France profonde dans ces départements qui, chaque année, perdent une part de leur population et de leur industrie. Au-delà des aspects pratiques inhérents à la marche en solitaire (ne pas s’égarer, trouver un hôtel chaque soir…), il reste le tableau de la France rurale que dresse l’auteur, tableau que la marche, avec la lenteur qu’elle suppose, restitue le moins inadéquatement. Dans ces petites villes endormies, ces villages presque vides, l’auteur a vu une France mal arrimée au progrès à tout crin, une France se défiant d’une mondialisation à pas redoublés. Cette France des bords de la Marne, c’est la France des petits blancs, population simple et besogneuse, ignorée des politiques : politique de la ville, politique du logement, politique de tout ce qu’on veut… Mais une France rétive à l’air du temps, résistant du mieux qu’elle peut aux assauts d’un progrès devant lequel tout doit plier. Le promeneur s’inquiète pour les hommes et pour les paysages, souvent saccagés dès lors, par exemple, que l’on gagne l’entrée d’une ville. Cette « France des doublettes » semble plus ou moins à l’abandon, mais ne s’en plaint pas forcément car il y a des abandons plus faciles à supporter que certaines prises en main. J.-P. Kauffmann dépeint un pays amère et désenchanté. Quant à l’âme de la France, l’auteur la trouve en peine. « Parmi ces hommes et ces femmes entrevus, écrit-il, beaucoup ont tourné le dos au monde qui leur était assigné » (p. 186)
Dans ce livre initiatique à la rencontre de la France des campagnes, Jean-Paul Kauffmann y ajoute son goût pour les rencontres et la capacité de voir et de comprendre que lui donne sa vaste culture. Un beau livre, nostalgique et intelligent.
Broché: 676 pages Editeur : Fayard (4 mars 2009) Collection : Documents Langue : Français ISBN-10: 2213626367 ISBN-13: 978-2213626369 Dimensions : 23,4 x 14,8 x 5,4 cm
François Mauriac – Biographie intime (1885-1940)
Après la superbe biographie de l’écrivain bordelais par Jean Lacouture, on pensait qu’il était impossible d’aller plus loin. Tout semblait avoir été dit de l’auteur du Nœud de vipères. Le livre de Jean-Luc Barré prouve que l’appréciation était pour le moins aventureuse. Jean-Luc Barré réussit en effet à relever un défi qui était loin d’être une gageure : donner une biographie de François Mauriac prenant appui sur la vie intime de l’auteur, avec ce qu’elle recèle de non-dits et de complexité. Toujours précis, jamais vulgaire, Jean-Luc Barré réussit le tour de force de montrer les multiples facettes d’un homme, catholique de surcroît, porteur d’un lourd secret. Celui qui, dans ses romans, s’était tant intéressé aux relations familiales compliquées de la bourgeoisie, était-il l’homosexuel refoulé décrit par J.-L. Barré ? Au vu des « amitiés particulières » nouées par l’auteur du Mystère Frontenac, l’analyse ne laisse guère de place au doute. Mais là n’est pas la question, insiste l’auteur de la biographie. Il s’agit pour lui de montrer la façon dont l’homosexualité inaccomplie de Mauriac influença son travail de romancier. L’ambition de cette biographie est donc d’ordre purement littéraire ; elle vise à montrer comment le disséqueur des âmes qu’était Mauriac était lui-même une âme tourmentée, ceci expliquant certainement cela. Pudique et mystérieux, François Mauriac a enveloppé de mystère son être profond. Contrairement à Gide par exemple, l’envie de se mettre à nu ne lui est jamais venue. Comme l’écrit Jean-Luc Barré en préface, « mémoires et journaux intimes ne sont jamais pour Mauriac que leurre et mise en scène permettant à l’auteur de préserver ses masques. » (p. 12)
Reste la question religieuse, donnée essentielle de l’œuvre mauriacienne. Mauriac lutta une bonne partie de sa vie à mettre en adéquation ses penchants secrets et son orthodoxie catholique. En a-t-il souffert ? Pour Jean-Luc Barré, incontestablement. Face à cette souffrance, Mauriac supplie le ciel de lui accorder la grâce de la conversion. Ce n’est pas un hasard si le présent livre se clôt sur l’année 1940. A cette date, Mauriac avait déjà la ferme volonté de devenir un écrivain engagé. La guerre accéléra sa prise de conscience.
Ce Mauriac est une référence en matière de biographie.
Broché: 528 pages Editeur : Fayard (26 septembre 2012) Collection : Divers Histoire Langue : Français ISBN-10: 2213670765 ISBN-13: 978-2213670768 Dimensions : 23,4 x 15,2 x 4 cm
Le Combat de deux Empires: La Russie d’Alexandre Ier contre la France de Napoléon,1805-1812
En France, on ne compte plus les mauvais apôtres qui se sont faits une spécialité de la détestation de l’histoire nationale. Ils n’ont de cesse de dézinguer toutes nos vieilles gloires : Richelieu, Turenne, Louis XIV, Napoléon… Pas un de ces grands personnages qui ait leurs faveurs. C’est que la doxa, œuvre de la pensée unique, a parlé : tout, y compris le passé le plus lointain, doit être jugé à l’aune des droits de l’homme. Cela nous vaut un manichéisme insupportable où tout apparaît en noir ou blanc alors que, comme le disait Romain Gary, dans la vie, et donc dans l’histoire, c’est le gris qui domine. Or, tandis que certains d’entre nous se repaissent de cette haine pour ce qu’a de singulier et parfois de formidable l’histoire de notre pays, des étrangers prennent des voies contraires. C’est le cas d’Oleg Sokolov, professeur de civilisation française à Saint-Pétersbourg, un joyeux timbré de l’époque napoléonienne. Son livre, Le combat de deux empires, est un joli pied de nez à ceux qui, indistinctement, vilipendent Napoléon et l’histoire de France. Livre à thèse, solidement étayé, toujours agréable à lire, Le combat de deux empires est une œuvre à charge contre Alexandre 1er, l’ennemi juré de Napoléon. Qu’entend démontrer Sokolov ? Que le jeune tsar de toutes les Russies n’a eu de cesse d’éliminer du trône l’Empereur des Français, qu’il voulait mettre fin au règne d’un homme qui, même génial, n’en était pas moins un parvenu. « Le tsar, écrivait le prince Czartoryski, ne recherchait absolument pas une solution pacifique au conflit : il ne recherchait que la guerre, l’anéantissement de l’Empire napoléonien et, plus que tout, le renversement de Napoléon. » (p. 301) On ne festoie pas impunément avec les têtes couronnées héréditaires. Durant dix bonnes années, Alexandre est financé, soutenu par l’or et le déshonneur britanniques. Face à cet homme qui sait si bien camoufler ses sentiments, Napoléon se comporte en gentleman. Pour éviter de tirer l’épée, il se livre à de nombreuses compromissions, cherchant toujours à exonérer le tsar.
La thèse de l’historien russe est si solidement charpentée qu’elle semble difficile à mettre en doute. Elle a le mérite de rendre Napoléon plus sympathique : ici, il n’est pas le va-t-en-guerre, le monstre, « l’Ogre », qu’une certaine propagande s’est plue à décrire.
Oleg Sokolov, Le Combat de deux Empires: La Russie d’Alexandre Ier contre la France de Napoléon,1805-1812, Fayard, 2012, 522 pages, 25 €
Broché: 512 pages Editeur : Fayard (29 février 2012) Collection : Divers Histoire Langue : Français ISBN-10: 2213663068 ISBN-13: 978-2213663067 Dimensions : 23,4 x 15,2 x 3,2 cm
Les Guerriers du froid
Pour l’Union Soviétique, le bilan du second conflit mondial est accablant : plus de vingt millions de morts dont plus de huit millions de militaires, un triste record dont le pays eut longtemps à souffrir. Pour se faire une plus juste idée de ce bilan, il faut savoir que, en un laps de temps à peu près identique, les Etats-Unis eurent à déplorer trois cent mille morts. Il existe donc, de ce point de vue, une singularité soviétique qui tient, pour une large part, au mépris globalement affiché par les officiers généraux pour la vie de leurs hommes. Une sorte d’atavisme, autre déclinaison du « malheur russe » si bien analysé par Hélène Carrère d’Encausse, a imposé une sorte de permanence dans la comptabilité de l’horreur. Le général russe d’avant la Révolution de 1917 est peu économe de la vie de ses soldats. Quant au général soviétique, surtout lors de la période stalinienne, il fait encore moins de cas du sang de ses hommes. C’est par régiments entiers, en 1941 et 1942 surtout, que les frontoviki (surnom donné au fantassin soviétique) fonçaient à perdre haleine en direction des mitrailleuses allemandes. Cette singularité inouïe valait bien un livre. Cette « vie et mort des soldats de l’Armée Rouge, 1939-1945 », éclaire de façon dramatique les horreurs qu’eurent à subir les soldats soviétiques dont un écrivain a dit qu’ils étaient faits pour mourir. A l’aide des souvenirs des quelques anciens soldats encore en vie, Catherine Merridale a écrit ce mémorial destiné au souvenir de l’héroïsme de ces millions d’inconnus qui firent tant alors que le nazisme était sur le point d’engloutir la totalité de l’Europe.
Les guerriers du froid est moins l’histoire vécue au quotidien par le soldat soviétique qu’une histoire de la Seconde Guerre Mondiale vue par celui-ci. On attendait davantage l’auteur sur ce qui faisait le quotidien du soldat en campagne : la nourriture, la faim et le froid, le courrier… bref, l’ensemble des menus détails qui donnent chair à l’Histoire. Les approximations lues ici et là – l’auteur repeint en vert olive l’uniforme brun d’Ivan, autre sobriquet donné au soldat de l’Armée Rouge – ne permettent pas d’atteindre l’éclairage que le titre promet. Le lecteur s’attend à une lecture au ras du sol, l’histoire quotidienne du paysan et de l’ouvrier anonymes enrôlés dans la Grande Guerre Patriotique. En lieu et place il doit se contenter d’une énième version de la guerre à l’Est. Un peu décevant.
Catherine Merridale, Les guerriers du froid, Fayard, 2012, 510 pages, 25.40 €
Broché: 216 pages Editeur : Fayard (2 novembre 2011) Collection : Documents Langue : Français ISBN-10: 2213666385 ISBN-13: 978-2213666389 Dimensions : 21,2 x 13,4 x 1,8 cm
Décivilisation
Après La grande déculturation, Renaud Camus revient à la charge contre l’époque contemporaine et ses travers. Dans La grande déculturation, il s’en prenait à l’école. Le changement d’appellation – le Ministère de l’Instruction Publique devenu Ministère de l’Education Nationale -, indiquait un changement de paradigme : l’Ecole est désormais chargée de suppléer les familles dans le registre de l’éducation. Une trentaine d’années après, le résultat est patent : tant l’école que la famille peinent à prendre en charge une jeunesse tiraillée entre modes éphémères et consommation. Avec Décivilisation, Camus insiste : quelles sont les causes profondes de ce qu’il faut bien appeler la mort de la culture ? Il le fait dans le style qui lui est propre : sans chapitre, en phrases longues… une écriture au final très personnelle. Si on suit bien sa pensée, c’est à se demander si la démocratisation de la culture n’est pas à l’origine de la disparition de cette dernière. Ce que l’auteur appelle l’hyper-démocratie a fait sortir « la démocratie de son lit politique pour la projeter dans des domaines qui, à première vue, ne lui sont guère congénitaux… » Parmi ceux-ci, la culture et la famille, lesquelles, en dernier ressort, ne peuvent, sous peine de disparaître, s’apparenter à des instances démocratiques. La consommation de masse entraîne un relativisme destructeur en matière culturelle. Nombreuses sont les conséquences de ce déclassement de la culture. La langue, véhicule privilégié de toute civilisation, s’affadit, parsemée qu’elle est de niaiseries et de grossièretés. L’abandon du nom au profit du prénom, si commun à la télévision, est, mine de rien, le signe d’un véritable bouleversement anthropologique. Le nom engage sa responsabilité, celle d’une lignée. En lieu et place voici venu le temps du gentil copinage celui du prénom roi, « marque d’une société désaffiliée, qui refuse l’héritage des pères ». Finalement, l’usage répété de ce dernier consonne bien avec une société « qui n’aspire qu’à se distraire, à s’étourdir, à oublier l’oubli. » En 200 pages, Renaud Camus règle son compte à la société du divertissement, celle de « la vie sans pensée ». Ce combat, pratiquement perdu d’avance, vaut qu’on s’y intéresse tant ses conséquences risquent d’être incalculables.
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