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Biographies Recensions

Marlène Dietrich. La scandaleuse de Berlin

Poids de l’article : 480 g
Broché : 380 pages
ISBN-13 : 978-2262049546
Éditeur : Perrin (21 février 2019)
Langue : Français
Dimensions : 14.2 x 3 x 21.1 cm

Si comparaison n’est pas raison, il est difficile, en lisant cette vie de Marlène Dietrich de ne pas faire le rapprochement avec les actrices modernes, lesquelles sont parfois aussi connues pour égérie de telle ou telle marque de haute couture que par leur personnalité et leur style de vie. Au contraire, la vie de celle que Jean-Paul Bled appelle « la scandaleuse de Berlin » est aussi heurtée et chaotique qu’il est possible ; elle répond au caractère d’une femme qui jamais ne s’en est laissée compter. Femme à la plastique superbe, remarquable actrice, chanteuse à succès… mais aussi mère médiocre, épouse volage au caractère difficile. Bref, une vie alternant les hauts et les bas, ce qui rend le personnage attachant et donne du punch au livre de J.-P. Bled. A côté d’une femme forte, l’auteur dit aussi la fragilité d’une personne tirée à hue et à dia par deux cultures : celle de sa patrie d’origine, l’Allemagne, et une autre, plus cosmopolite, mâtinée par l’influence de la culture américaine, son cinéma en tête.

Jean-Paul Bled, Marlène Dietrich. La scandaleuse de Berlin, Perrin, 2019, 350 pages, 24€

L’extrait : « Il est une autre lueur dans cette grisaille : la passion portée par Marlène à la langue française et, à travers elle, à la France. » (p. 15)

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Biographies Recensions

Raspoutine

Broché : 352 pages
Editeur : Perrin (3 novembre 2016)
Collection : Biographie
Langue : Français
ISBN-10 : 2262040656
ISBN-13 : 978-2262040659
Dimensions : 14,1 x 3 x 21,1 cm

Longue barbe hirsute, regard magnétique, tout habillé de noir, Raspoutine incarnait l’image du mal, la représentation vivante d’un démon qui allait entraîner les Romanov dans sa chute, un régime vieux de trois siècles. Le livre d’Alexandre Sumpf ne ressemble en rien à une biographie classique. Certes, l’auteur parsème son récit d’éléments biographiques mais ces derniers comptent moins que ce que la légende et les arts, en particulier le cinéma, ont dit de Raspoutine. Il ne convient pas d’attribuer à Raspoutine un rôle plus important qu’il n’était dans la déréliction du régime impérial. Certes, Raspoutine exacerba le mysticisme de l’impératrice Alexandra et coupa un peu plus Nicolas II des réalités mais si le régime est tombé aussi facilement, c’est que le ver était dans le fruit depuis longtemps, bien avant que Raspoutine exerçât quelque influence. Il n’en reste pas moins que dans cette atmosphère de fin d’un monde que sont les dernières années du régime tsariste, Raspoutine se voit comme un homme béni par Dieu de façon particulière (p. 111).

Alexandre Sumpf, Raspoutine, Perrin, 2016, 343 pages, 23€

L’extrait : « Au terme de quatre-vingts ans de représentation à l’écran, Raspoutine a donc fini par figurer le mal absolu, entre satanisme et magie noire… » (p. 299)

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Biographies Recensions

Sophie de Habsbourg

Broché : 250 pages
Editeur : Perrin (25 janvier 2018)
Collection : Perrin biographie
Langue : Français
ISBN-10 : 226206539X
ISBN-13 : 978-2262065393
Dimensions : 14,2 x 2,7 x 21 cm

Dans cette biographie enlevée de Sophie de Habsbourg, on voit à quel point il peut être difficile à un roi, à un empereur, de se dégager des idées de son entourage. Mal mariée, Sophie de Habsbourg, princesse bavaroise d’origine, eut tôt fait de reporter son ambition sur l’aîné de ses fils, François-Joseph, destiné à avoir un très long règne. Réactionnaire, sensible aussi bien à l’idée nationale qu’à la démocratie, Sophie n’eut de cesse de mettre en avant la sauvegarde des monarchies autoritaires. Pour elle, les nations ne comptaient guère ; ce qui primait c’était l’idée que le pouvoir monarchique devait l’emporter et que s’il avait été battu en brèche il fallait avant tout le restaurer. Chez l’impératrice douairière, c’était plus qu’un souci : une obsession. Quant à Sissi, belle-fille de Sophie, Jean-Paul Bled est assez critique à son égard. On a fait de Sissi, écrit-il, une princesse moderne, « une sorte d’ancêtre de lady Diana » (p. 270). C’est oublier un peu vite qu’une impératrice, une reine ou une princesse ne s’appartiennent pas parce que leur devoir est d’incarner une idée et un principe qui dépassent de très loin leur personne.

Jean-Paul Bled, Sophie de Habsbourg, Perrin, 2018, 303 pages, 23 €

L’extrait : « Tout l’engagement de Sophie est précisément dicté par une haute conception  du principe monarchique jusqu’à son propre détriment. » (p. 268)

 

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Marmont

Broché : 300 pages
Editeur : Perrin (7 juin 2018)
Collection : Perrin biographie
Langue : Français
ISBN-10 : 2262068054
ISBN-13 : 978-2262068059
Dimensions : 14,2 x 3 x 21,1 cm

Le maréchal Marmont fait partie des personnages sombres de notre histoire, un judas devant tout à celui qui l’avait élevé au faîte du pouvoir, Napoléon Ier. Le vocabulaire s’est d’ailleurs enrichi d’un nouveau mot, une ragusade étant le synonyme d’une trahison. Celle de Marmont, duc de Raguse (aujourd’hui Dubrovnik), date du printemps 1814, lorsqu’il livre à l’ennemi son corps d’armée et prend sur lui d’entamer des pourparlers avec l’envahisseur qui se trouve aux portes de Paris. Dans cette biographie qui se lit comme un roman, Franck Favier ne juge pas, se contentant de narrer le conflit intérieur d’un militaire qui ne voyait plus d’issue à la lutte perpétuelle de la Grande Nation contre le reste de l’Europe. Marmont a été marqué par la fatalité, endossant un habit trop grand pour lui. S’il ne mérite pas les opprobres dont le XIX° siècle l’a couvert, son aigreur et son ressentiment  à l’encontre de l’Empereur ont autant nui à sa cause que ses faiblesses.

Franck Favier, Marmont. Le maudit, Perrin, 2018, 361 pages, 23€

L’extrait : « Si on ne peut reprocher au maréchal la capitulation de Paris, la convention secrète échangée le 4 avril est contraire à l’honneur, à l’amitié, même faite pour sauver la patrie. » (p. 191)

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Joe Kennedy

Broché : 400 pages
Editeur : Perrin (7 juin 2018)
Langue : Français
ISBN-10 : 2262044511
ISBN-13 : 978-2262044510
Dimensions : 14,1 x 3,1 x 21,1 cm

L’histoire de Joseph Kennedy, père entre autres du Président John Fitzgerald, a tout de la fabuleuse histoire des self made men propre aux Etats-Unis d’Amérique, l’aventure d’immigrants irlandais partis de rien et qui, en trois courtes générations, vont devenir riches et puissants. Tour à tour financier, producteur à Hollywood, ambassadeur en Grande-Bretagne, Joe Kennedy ne tarde pas à monter à toute vitesse l’échelle de la réussite. Pour ce faire, il ne regarde pas trop à la manière, n’hésitant pas à traficoter avec la Mafia, à tromper et à trahir ses interlocuteurs pour le bien-fondé de ses intérêts… Père d’une famille nombreuse, patriarche que nul ne doit s’aviser de contester, sa vie ressemble à un tourbillon. Engagé dans de nombreuses affaires, additionnant les conquêtes féminines, son faramineux succès lui donne des ambitions politiques. Bien qu’ayant peu de convictions, il alterne ses préférences politiques au gré de ses intérêts. Il ne compta pas pour rien dans la victoire de son fils Jack (JFK) à la présidence de la première puissance mondiale. Mais, on le sait, la Roche tarpéienne est proche du Capitole. En même temps qu’il accumule les succès, ou ceux de ses proches, une sorte de malédiction frappe la famille Kennedy, la moitié de sa progéniture disparaissant précocement, dans des accidents ou des attentats. Une biographie passionnante.

Georges Ayache, Joe Kennedy, Perrin, 2018, 400 pages, 23.50€

L’extrait : “Joe ne se contenta pas d’être un arriviste cynique, plus entreprenant, mais aussi plus affligé de défauts que bien d’autres. Il vira démiurge, jouant avec le destin jusqu’à rêver de le forcer, tout comme tenteraient de le faire plus tard, pour leur malheur, ses trois fils aînés. » (p. 11)

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Speer, l’architecte d’Hitler

Broché : 592 pages
Editeur : Perrin (5 octobre 2017)
Collection : Domaine étranger
Langue : Français
ISBN-10 : 2262065616
ISBN-13 : 978-2262065614
Dimensions : 16,5 x 4,5 x 24 cm

Par cette copieuse biographie, Martin Kitchen s’est donné la tâche de déconstruire le mythe du « bon nazi ». Ce mythe, Albert Speer l’a entretenu à partir de la condamnation qui lui a été infligée au procès de Nuremberg. Cependant, au terme d’une enquête fouillée, M. Kitchen met à jour les mensonges et affabulations d’un Speer qui, fondamentalement, n’a jamais renié ses anciennes amitiés, lui qui des années fut le confident et le protégé d’Adolf Hitler. Si Speer a échappé à la potence en 1946, c’est parce qu’il a su jouer à fond l’image de l’organisateur patriote, mettant le paquet pour défendre son pays, apolitique et ignorant pratiquement tout des ignominies commises par le régime. Beaucoup, dans le camp des vainqueurs, étaient admiratifs des prouesses réalisées par le Reich sous la houlette de Speer. Or, les preuves amassées par M. Kitchen montrent qu’au contraire Speer, ministre de l’Armement, avait connaissance de l’œuvre destructrice entreprise par le régime. En 1945, il a pris conscience de l’intérêt du peuple allemand en hâtant la fin de la guerre ; cela ne suffit pas à l’absoudre de sa participation aux actes effroyables commis par le régime.

Martin Kitchen, Speer, L’architecte d’Hitler, Perrin, 2017, 638 pages, 27€

L’extrait : « Il se laissait parfois aller à reconnaître  que son apparence de prophète rongé par le remords de conscience, dans le monde impitoyable de la technique, était un stratagème. » (p. 535)

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Ulysses S. Grant – L’étoile du Nord

Broché : 400 pages
Editeur : Perrin (4 janvier 2018)
Collection : Biographie
Langue : Français
ISBN-10 : 226205035X
ISBN-13 : 978-2262050351
Dimensions : 15,5 x 3,1 x 24,1 cm

La biographie très accomplie que vient d’écrire Vincent Bernard au sujet d’Ulysses Grant a le mérite d’éclairer une personnalité que les années ont peu à peu gommée. Cet Ulysses S. Grant montre bien que l’Amérique du XIX° siècle est le pays de toutes les opportunités. On dirait aujourd’hui que l’ascenseur social y fonctionne à merveille. La guerre (1861) le happe alors que, jeune officier à la retraite, il dirige une tannerie. Son expérience, son côté méthodique et son talent d’organisateur lui font gravir rapidement les échelons. Général en chef des armées du nord, c’est lui qui reçoit l’acte de reddition du général Lee à Appomatox (1865). La paix signée, les républicains en font leur candidat naturel et Grant sera élu président à deux reprises. Voilà pour l’aspect positif d’une carrière faite pour partie de gloire et d’honneur. Cela dit, Vincent Bernard ne minimise pas les aspects plus sombres d’une vie alternant épisodes dépressifs et périodes de doute. La réélection de Grant à la présidence ressemble à une sorte de chemin de croix, tant il est contesté et tant il déçoit, incapable qu’il est de mettre fin à la corruption et à la crise économique, inapte à faire régner dans les Etats du Sud un climat pacifique. Bref, là où il suscitait de l’espoir, il a créé de l’amertume.

Vincent Bernard, Ulysses S. Grant. L’étoile du Nord, Perrin, 2018, 319 pages, 23€

L’extrait : « Longtemps jugé sur ses échecs, ses renoncements et son aveuglement politique, Grant l’est donc de plus en plus pour ce qu’il a représenté et pour ses intentions, en somme pour avoir été « du bon côté de l’Histoire ». » (p. 291)

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René Rémond

Broché : 416 pages
Editeur : SALVATOR (23 août 2018)
Langue : Français
ISBN-10 : 2706716967
ISBN-13 : 978-2706716966
Dimensions : 22,5 x 3 x 15 cm

Qui, parmi les plus jeunes, se souvient encore de ce qu’a apporté la plume du grand historien, de l’académicien parvenu au faîte de la gloire ? C’est dire si la biographie donnée par Charles Mercier est la bienvenue ; les lecteurs de R. Rémond l’attendaient, eh bien la voici cette « traversée du XX° siècle », une traversée qui, au fond, en dit autant de l’évolution de la société française que de la carrière de l’auteur de La droite en France. Il y a eu les cours à Sciences Po, l’écriture d’ouvrages de référence, la présidence de l’Université de Nanterre juste après les événements de Mai 68, la présidence de la Fondation nationale des sciences politiques, etc… jusqu’à l’élection à l’Académie française, couronnement d’une carrière emplie d’une mesure et d’une érudition dispensée avec pédagogie et courtoisie. René Rémond était un homme du milieu. Il avait vite compris, comme il aimait à le répéter, qu’il n’existe pas de réponses aisées aux problèmes difficiles. Cependant, à la fin de sa vie, en catholique anxieux, il prit la plume plus d’une fois pour défendre un christianisme dont il ne comprenait pas qu’il fût aussi souvent l’objet de la vindicte et des moqueries de tous les médiocres qui font l’opinion. Pour bien comprendre l’histoire intellectuelle, politique et religieuse des cinquante dernières années, ce René Rémond est un livre qui compte.

Charles Mercier, René Rémond, Salvator, 2018, 412 pages, 22€

L’extrait : « René Rémond a laissé l’image d’un passeur de connaissances exceptionnel, non seulement à l’écrit, mais aussi à l’oral. » (p. 393)

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Marie-Louise

Broché : 448 pages
Editeur : Perrin (18 mai 2017)
Langue : Français
ISBN-10 : 2262064105
ISBN-13 : 978-2262064105
Dimensions : 15,5 x 3,4 x 24,1 cm

 Marie-Louise

Déjà auteur des remarquables Derniers feux de la monarchie, Charles-Eloi Vial vient de frapper fort une nouvelle fois avec cette biographie de la seconde épouse de l’Empereur Napoléon, sacrée impératrice des Français en 1810. L’auteur s’applique, avec l’objectivité que lui fournit une abondante documentation, à décrire l’action d’une princesse longtemps honnie en France pour avoir abandonné son empereur de mari à la vengeance des coalisés, ardents à mettre un terme aux visée impérialistes de la Grande Nation. De fait, l’auteur réhabilite aussi bien la jeune princesse devenue impératrice que la duchesse de Parme. Sans doute fut-elle oublieuse du sort de celui qui l’avait fait montrer sur le trône mais on peut penser qu’elle lui était attachée. En France, elle joua comme il faut son rôle d’épouse et de mère. Au fond, conclut C.-E. Vial, « Marie-Louise aura donc surtout eu pour elle d’avoir toute sa vie su jouer le rôle qu’on attendait d’elle. » (p. 357)

L’extrait : « Affable, bienveillante, aimant toujours la musique et la conversation, mais malade, prématurément vieillie, comme repliée sur son chagrin et réfugiée dans ses exercices de dévotion, Marie-Louise apparaissait désormais aux visiteurs comme un aimable vestige d’un passé glorieux, définitivement révolu, mais surtout incroyablement lointain […] » (p. 336)

 

Charles-Eloi Vial, Marie-Louise, Perrin, 2017, 439 pages, 24 €

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Philippe Séguin. Le remords de la droite

Broché : 350 pages
Editeur : Perrin (7 septembre 2017)
Collection : Biographie
Langue : Français
ISBN-10 : 226205066X
ISBN-13 : 978-2262050665
Dimensions : 15,5 x 3,5 x 24,1 cm

 Philippe Séguin. Le remords de la droite

Que sait-on de celui qui fut l’un des poids lourds de la droite parlementaire, un temps président de l’Assemblée nationale, qui acheva son parcours politique au service de l’Etat en tant que premier président de la Cour des Comptes. Mais en quoi Philippe Séguin était-il le remords de la droite ? « Il était la mauvaise conscience de la droite, écrit A. Teyssier (p. 13). En mourant, il est devenu son remords. » Comment comprendre pareille assertion ? L’auteur montre combien Philippe Séguin, à travers son sens de l’Etat, des convictions bien mûries et une culture historique sûre, détonnait dans un milieu politique prompt aux compromissions et petites trahisons. Connu pour son non au traité de Maastricht, Philippe Séguin estimait que la démocratie était indissociable de la souveraineté nationale. Il a souffert de tous ces abandons de souveraineté, lui qui, avec son sens de l’histoire, voyait avec effroi arriver le rouleau compresseur de la mondialisation. Au fond, représentant d’une certaine idée de la France et de la politique, chère au général de Gaulle dont il était l’un des fils spirituels, Philippe Séguin n’accepta jamais l’évolution d’une V° République au sein de laquelle les gouvernants  arbitrent « vaguement  entre les aspirations d’une société d’individus devenus totalement autonomes. » (p. 369).

L’extrait : « C’est le dernier terme de la « dégaullisation » : une V° République où l’on ne gouverne plus, mais où on arbitre vaguement entre les aspirations d’une société d’individus devenus totalement autonomes. » (p. 369)

 

Arnaud Teyssier, Philippe Séguin. Le remords de la droite, Perrin, 2017, 408 p. 24 €