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Actualités Recensions

Antisocial

Éditeur ‏ : ‎ Plon (1 mars 2018)
Langue ‏ : ‎ Français
Broché ‏ : ‎ 288 pages
ISBN-10 ‏ : ‎ 2259263852
ISBN-13 ‏ : ‎ 978-2259263856
Poids de l’article ‏ : ‎ 300 g
Dimensions ‏ : ‎ 13.1 x 2.4 x 20.2 cm

La lutte des classes, que l’on croyait définitivement remisée, n’est pas morte. A l’échelle mondiale, elle a de beaux jours devant elle. Thomas Guénolé estime que la mondialisation est génératrice d’inégalités et de frustrations majeures, d’où le titre d’un pamphlet précédent : La mondialisation malheureuse. Selon T. Guénolé, depuis quelques années, une série de mesures antisociales met à mal la cohésion du pays. Lorsque les riches sont de plus en plus riches, ce sont les gens modestes, les gens de peu qui se trouvent en première ligne. Si l’on peut émettre des doutes sur tel ou tel aspect mis en avant par l’auteur, il n’en reste pas moins que son constat est à considérer comme un signal d’alarme. Lorsque le tissu social d’un pays est à ce point défiguré, il devient urgent de réagir. Pour sa part, l’auteur se demande si un nouveau Mai 68 ne serait pas salutaire. Vaste débat…

Thomas Guénolé, Antisocial. La guerre sociale est déclarée, Plon, 2018, 274 pages, 17.90 €

L’extrait : « Les enseignants sont sous-payés par rapport à la moyenne européenne en même temps que la machine éducative reproduit et perpétue de plus en plus les inégalités sociales de départ. » (p. 19)

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Le géant empêtré

Éditeur ‏ : ‎ Perrin (15 septembre 2022)
Langue ‏ : ‎ Français
Broché ‏ : ‎ 496 pages
ISBN-10 ‏ : ‎ 2262041733
ISBN-13 ‏ : ‎ 978-2262041731
Poids de l’article ‏ : ‎ 800 g
Dimensions ‏ : ‎ 15.6 x 4.2 x 24.1 cm

Lorsque Poutine succède à Eltsine, en 1999, le pays est mal en point. Patriote ardent et volontaire, le nouveau président russe va tenter de le remettre sur les rails. En une dizaine d’années, la Russie devient un acteur économique de premier plan, gros fournisseur d’énergies et de céréales. Ces incontestables progrès peinaient à masquer de considérables faiblesses. La Russie est une puissance pauvre, sorte de colosse aux pieds d’argile, possédant le premier armement nucléaire de la planète mais ayant un PNB équivalent à celui de l’Espagne. Pour un nationaliste aussi sourcilleux que V. Poutine, seule une politique de puissance peut permettre à la Russie d’accéder au titre de grande puissance. Dans ce contexte, la grandeur apparaît comme un moyen de masquer les déboires de ce qui n’est qu’un Etat rentier, acteur économique de taille moyenne. Avec l’invasion de l’Ukraine, la Russie entend retrouver son rang de très grande puissance. On peut douter qu’elle y parvienne avec cette « guerre honteuse ».

Anne de Tinguy, Le géant empêtré, Perrin, 2022, 492 pages, 26 €

L’extrait : « … le géant russe semble aujourd’hui incapable du sursaut qui lui permettrait de tirer le meilleur parti des nombreuses ressources dont il dispose. » (page 410)

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Houellebecq politique

Éditeur ‏ : ‎ FLAMMARION (16 mars 2022)
Langue ‏ : ‎ Français
Broché ‏ : ‎ 192 pages
ISBN-10 ‏ : ‎ 2080271393
ISBN-13 ‏ : ‎ 978-2080271396
Poids de l’article ‏ : ‎ 240 g
Dimensions ‏ : ‎ 13.8 x 1.7 x 21.1 cm

Michel Houellebecq porte sur la société une compréhension d’une grande acuité. Il le fait à sa manière, désabusée, désillusionnée ; il pense pis que pendre du capitalisme marchand. Au fond, Houellebecq déteste son époque. Il lui reproche de développer individualisme et consumérisme, de négliger les traditions, d’engendrer misère et mal-être, de rendre le monde laid et ainsi de suite. A travers la vie quotidienne de ses personnages – généralement des cadres d’un certain âge, à la dérive, revenus de tout -, le romancier fait le procès d’un monde qui ne jure que par l’utilité. Mais comment arriver à être utile dans un monde que l’on ne comprend plus, qui ne nous intéresse pas ? Anarchiste de droite morigénant la société avec sa tendance au toujours plus, à la technologie envahissante, à ses lois sociétales toujours plus folles, Houllebecq considère qu’il est dangereux de faire l’impasse sur les questions métaphysiques. Le livre de C. Authier est passionnant.

Christian Authier, Houellebecq politique, Flammarion, 2022, 189 pages, 18€

L’extrait : « Se foutre carrément de tout, ou du moins le faire croire : vieille posture typiquement anar de droite. » (page 100)

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Vertige du cosmos

Éditeur ‏ : ‎ FLAMMARION; Illustrated édition (19 mai 2021)
Langue ‏ : ‎ Français
Broché ‏ : ‎ 464 pages
ISBN-10 ‏ : ‎ 2080247220
ISBN-13 ‏ : ‎ 978-2080247223
Poids de l’article ‏ : ‎ 310 g
Dimensions ‏ : ‎ 10.9 x 2.1 x 17.8 cm

En excellent pédagogue, Trinh Xuan Thuan décrit l’état actuel de la recherche au sujet de l’infiniment grand (univers, galaxies et étoiles) et de l’infiniment petit (atomes). Dans une première partie, l’auteur relate les désirs déjà anciens des premiers hommes d’être reliés au cosmos. La seconde partie, offre la synthèse de nos connaissances relatives à l’univers. Grâce aux efforts entrepris par de grands devanciers, comme Einstein ou Hubble, l’auteur fait voyager le lecteur dans des lieux inconnus et fascinants, là où bien des certitudes volent en éclat : L’univers disparaîtra-t-il ? Existe-t-il d’autres univers ? Qu’est-ce que la matière noire ? Pourquoi n’arrive-t-on pas à remonter à l’instant zéro ? Trinh Xuan Thuan met à l’honneur les grands savants, ces explorateurs de l’infiniment grand et de l’infiniment petit qui ont ouvert des perspectives vertigineuses, qu’ils s’appellent Planck, Lemaître ou Schrödinger. Postulant l’existence d’un principe organisateur, l’auteur est convaincant lorsqu’il écrit que l’homme est « l’enfant des étoiles ». Fascinant et vertigineux.

Trinh Xuan Thuan, Vertige du Cosmos, Flammarion, 2019, 457 pages, 21.90 €

L’extrait : « A cet instant, l’univers avait la taille infinitésimale de 10-33 centimètre (« longueur de Planck »), dix millions de milliards de milliards plus petit qu’un atome d’hydrogène. » (p. 325)

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L’enfer numérique

ASIN ‏ : ‎ B08ZW1RQPY
Éditeur ‏ : ‎ Les Liens qui Libèrent (15 septembre 2021)
Langue ‏ : ‎ Français
Broché ‏ : ‎ 304 pages
ISBN-13 ‏ : ‎ 979-1020909961
Poids de l’article ‏ : ‎ 400 g
Dimensions ‏ : ‎ 14.6 x 2.3 x 21.9 cm

L’enfer numérique que décrit Guillaume Pitron ressemble à un continent souterrain qui absorbe une énergie dont nous n’avons pas idée. Câbles sous-marins, datacenters, eau et électricité, métaux rares… Pour que nos outils numériques fonctionnent, il faut faire rendre gorge à la planète. L’électricité ? « Les technologies de l’informations et de la communication consomment environ 10 % de l’électricité mondiale, écrit l’auteur, soit l’équivalent de la production de 100 réacteurs nucléaires. Si le numérique était un pays, il se classerait au troisième rang des consommateurs d’électricité […] » (p. 44) L’eau ? L’industrie numérique mondiale consomme tant d’eau que les principaux acteurs de la filière implantent des fermes de données dans des pays nordiques comme la Finlande ou la Norvège. Tout s’accélère à une vitesse phénoménale. Il faudra toujours plus d’eau, d’électricité, de câbles et ainsi de suite. Tant est si bien que le numérique pèse énormément sur le réchauffement climatique. Bref, on est mal parti !

Guillaume Pitron, L’enfer numérique, Les liens qui libèrent, 2021, 345 pages, 21 €

L’extrait : « Nos modes de vie numériques, pourtant célébrés comme la quintessence de l’abolition de notre empreinte écologique, sont gourmands de substances aux pouvoirs les plus réchauffants et les plus inaltérables qui soient… » (p. 104)

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Contre le libéralisme

Éditeur ‏ : ‎ Editions du Rocher (30 janvier 2019)
Langue ‏ : ‎ Français
Broché ‏ : ‎ 348 pages
ISBN-10 ‏ : ‎ 2268101215
ISBN-13 ‏ : ‎ 978-2268101217
Poids de l’article ‏ : ‎ 400 g
Dimensions ‏ : ‎ 14 x 2.2 x 22.5 cm

Si l’auteur affiche de la compréhension à l’égard du libéralisme tel que l’entendait Tocqueville, c’est-à-dire un système qui associe liberté, sens de la mesure, intervention de l’Etat si nécessaire, il est en revanche d’une implacable sévérité à l’encontre de l’espèce de caricature qu’il est devenu : un instrument au service du marché et de l’argent-roi ! A côté de chapitres assez difficiles, il en est d’autres d’une confondante limpidité, des articles taillés au cordeau qui synthétisent les données et les enjeux d’un problème tout en permettant à l’auteur d’afficher son point de vue. L’auteur dresse l’histoire du capitalisme, la façon dont il a substitué l’intérêt personnel et égoïste à la notion de bien commun. La caractéristique majeure du capitalisme financier contemporain réside dans l’illimité. Pas de limites, pas de frontières, faisons tout ce qui est possible, l’estimation comptable devenant une sorte de figure imposée. Tout cela, regrette l’auteur, loin du sens de la mesure qui était celui des anciens.

Alain de Benoist, Contre le libéralisme, Editions du Rocher, 2019, 344 pages, 19.90 €

L’extrait : « Le règne du libéralisme induit une obsession économiste qui empêche l’immense majorité de nos contemporains de s’interroger sur la finalité de leurs entreprises et le sens même de leur présence au monde. » (p. 38)

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Un coupable presque parfait : La construction du bouc-émissaire blanc

Éditeur ‏: ‎Grasset (14 octobre 2020)
Langue ‏: ‎Français
Broché : ‎352 pages
ISBN-10 : ‎2246826438
ISBN-13‏ : 978-2246826439
Poids de l’article‏ : ‎400 g
Dimensions : ‎14 x 2.3 x 20.5 cm

La thèse de Pascal Bruckner consiste à démontrer que ce sont des minorités pleurnicheuses qui font désormais la loi, n’ayant de cesse de démontrer que l’homme blanc occidental est coupable de tous les maux. Vers quelle société allons-nous si, par exemple, tout ce qui est galanterie ou y ressemble est assimilée à du harcèlement ?
Nul ne songe à contester que beaucoup d’hommes ont pris des libertés avec la loi ; qu’ils soient condamnés n’est que justice. Hélas, les féministes les plus enragées ne s’arrêtent pas en si bon chemin puisqu’elles ne sont plus capables de voir en l’homme qui fait la cours qu’un pervers. Même chose en ce qui concerne tous ces groupes – décoloniaux, indigènes de la République… – qui font peser sur les épaules de l’homme blanc les maux anciens et actuels qui traversent leurs communautés. Au-delà des questions culturelles et anthropologiques que soulève cet essai passionnant, l’auteur pose une question essentielle : Est-il normal que des associations aussi minoritaires, qu’elles soient issues du féminisme ou d’une certaine immigration, réussissent à faire plier l’Etat au détriment d’une majorité qui ne souhaite rien d’autre qu’on lui fiche la paix.

Pascal Bruckner, Un coupable presque parfait, Grasset, 350 pages, 20.90€

L’extrait : « Il ne suffit pas d’imposer silence à ceux qui pensent mal ; il faut aussi procéder à un nettoyage rétrospectif de la Grande Culture. » (p. 115)

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La stricte observance

Éditeur ‏ : ‎ Gallimard (11 octobre 2018)
Langue ‏ : ‎ Français
Broché ‏ : ‎ 128 pages
ISBN-10 ‏ : ‎ 2072821126
ISBN-13 ‏ : ‎ 978-2072821127
Poids de l’article ‏ : ‎ 100 g
Dimensions ‏ : ‎ 11.7 x 1.1 x 18.5 cm

Bien qu’athée, Michel Onfray s’inquiète du déclin de la civilisation judéo-chrétienne. De la même façon que les jugements péremptoires sur l’Eglise et le christianisme l’ont quitté, il a affiné son jugement sur la tradition intellectuelle laissée par le christianisme : des Pères de l’Eglise aux théologiens contemporains.  Michel Onfray, qui jadis vouait aux gémonies le legs chrétien, a beaucoup travaillé l’histoire de l’Eglise, ce qui vaut ici, par exemple, des pages fort intéressantes au sujet du débat sur la grâce qui divisa les plus brillantes intelligences de l’Eglise au XVII° siècle. Sous-titre de La stricte observance : Avec Rancé à la Trappe ; il s’explique présentement parce que le philosophe a effectué un court séjour à l’abbaye de La Trappe, à Soligny et parce qu’au XVII° siècle, l’abbé de Rancé, qui avait mené dans sa jeunesse une vie de barreau de chaise, réforma la règle en lui apportant la plus grande rigueur. M. Onfray s’est intéressé aux aspects les plus rudes de la réforme menée par Rancé, réfléchissant aux effets métaphysiques de l’isolement et d’une discipline stricte sur les âmes et les corps de ceux qui ont choisi la voie du monachisme. Une belle réflexion sur la mort et la fuite du monde.

Michel Onfray, La stricte observance, Gallimard, 2018, 117 pages, 13€

L’extrait : « J’ai été saisi par cette communauté de solitudes qui ne se parlent pas, qui ne se touchent pas, qui ne s’adressent pas la parole, mais qui sont ensemble pour tout… » (p. 40)

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Actualités Recensions Religion

La fin d’un monde

Éditeur ‏ : ‎ Albin Michel (5 mai 2021)
Langue ‏ : ‎ Français
Broché ‏ : ‎ 528 pages
ISBN-10 ‏ : ‎ 2226435204
ISBN-13 ‏ : ‎ 978-2226435200
Poids de l’article ‏ : ‎ 720 g
Dimensions ‏ : ‎ 15.5 x 3.7 x 24 cm

Avec La fin d’un monde, Patrick Buisson livre une œuvre d’une densité rare, éclairé par un style de grande qualité. Dans une première partie, l’auteur dit son désarroi devant la disparition de la civilisation paroissiale et rurale qui était celle de la France jusqu’aux décennies 1970-1980. Dans la deuxième partie, P. Buisson raconte ce qu’il appelle le krach de la foi ; le catholicisme était appelé à devenir une religion minoritaire. Enfin, l’auteur revient sur la fin traditionnelle du père, un rôle qui a tendance à s’évanouir, par exemple avec la PMA. Les chapitres consacrés à l’évolution de l’Eglise catholique, au cours des années 1960-1975, sont l’occasion d’une ample réflexion sur les suites du concile Vatican II et sa réception parmi les simples fidèles. Sans mettre en cause les grands textes conciliaires, l’auteur estime que, mal reçu, le concile Vatican II a désemparé nombre de fidèles. Appliqué dare-dare par une nouvelle génération de prêtres désireuse de débarrasser la foi de la gangue de conformisme qui affadissait le sel de l’Evangile, Vatican II a dérouté les gens en leur donnant le sentiment que bien des acquis se trouvaient relativisés. Bien que trop unilatérale, discutable, la thèse mérite d’être débattue. Cet ouvrage est remarquable de culture et d’intelligence.

Patrick Buisson, La fin d’un monde, Albin Michel, 2021, 523 pages, 22.90 €

L’extrait : « Vieux d’environ cent mille ans, l’homo religiosus est entré en phase terminale. La croyance en un au-delà de la mort s’estompe en parfait synchronie avec le désir de transmettre la vie qui, lui aussi, est en chute libre. » (p. 13)

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Carnets inédits (1987-2020)

Éditeur ‏ : ‎ Bouquins (11 mars 2021)
Langue ‏ : ‎ Français
Broché ‏ : ‎ 1152 pages
ISBN-10 ‏ : ‎ 2221250230
ISBN-13 ‏ : ‎ 978-2221250235
Poids de l’article ‏ : ‎ 610 g
Dimensions ‏ : ‎ 13.3 x 2.9 x 19.9 cm

Au terme de ce millier de pages de notes, Jacques Julliard se raconte et raconte le monde tel qu’il l’a vu évoluer durant ces trente dernières années. Souvenirs, impressions et opinions s’égrènent, accompagnant la vie d’un observateur qui a eu la chance de fréquenter nombre de décideurs et de beaux esprits. J. Julliard raconte son travail de collaboration au sein de magazines, ses rencontres avec des présidents de la République, y compris avec ceux qui ne sont pas de son bord politique, ses lectures, ses entretiens, etc. Ce qui domine indiscutablement chez cet esprit un peu touche-à-tout : la politique, la littérature, le journalisme… et la religion, l’auteur ne cachant pas qu’il demeure profondément catholique, radicalement attaché à la figure du Christ, posture très rare dans le milieu du journalisme. Le progressiste qu’il est dresse un constat similaire à celui dressé par des auteurs conservateurs : faillite de l’Ecole, évanouissement de l’autorité, inculture généralisée, mise en avant d’une société de spectacle hédoniste, faisant de la consommation et du tourisme ses pierres d’angle… Bref, ces Carnets sont le constat lucide que quelque chose ne tourne plus rond dans ce pays.

Jacques Julliard, Carnets inédits (1987-2020), Bouquins, 2021, 1 110 pages, 32 €

L’extrait : « Dans mon enfance, à la campagne, on était vieux bien plus précocement qu’aujourd’hui (…). Au moins on ne se débarrassait pas des vieux ; on ne les cachait pas. (…) Outre les menus services qu’ils rendaient, ils avaient une fonction essentielle : la transmission. » (p. 1 041)