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Les vainqueurs

ASIN ‏ : ‎ B08C47KGCS
Éditeur ‏ : ‎ TALLANDIER (5 novembre 2020)
Langue ‏ : ‎ Français
Poche ‏ : ‎ 320 pages
ISBN-13 ‏ : ‎ 979-1021046214
Poids de l’article ‏ : ‎ 300 g
Dimensions ‏ : ‎ 12 x 2 x 18 cm

En Europe et en France, à force de célébrer la paix, on en vient à oublier le sacrifice des soldats français, principaux artisans de la victoire. Car, si nos aïeux se sont tant battus, c’est d’abord parce qu’ils entendaient bouter l’ennemi hors du pays et sortir victorieux du conflit. La victoire d’abord, la paix ensuite. L’auteur insiste sur le fait que la France est en 1918 la principale puissance militaire de la coalition qui a vaincu l’Allemagne impériale. Elle réussit le tour de force d’équiper plusieurs armées, dont la jeune armée américaine. La dernière partie de l’ouvrage porte sur deux questions qui vont peser lourd sur la suite des événements. Fallait-il envahir l’Allemagne pour couper court au mythe du coup de poignard dans le dos, prétexte d’une propagande qui sera soigneusement orchestrée par les nazis ? Et pourquoi avoir si vite désarmé et s’être reposé sur ses lauriers ?

Michel Goya, Les vainqueurs, Tallandier, 2018, 342 pages, 21.50 €

L’extrait : « Sur terre, l’armée française a détrôné l’armée allemande en 1918 comme puissance militaire après avoir  contribué majoritairement à sa défaite. » (p. 9)

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Sous le feu : La mort comme hypothèse de travail

Broché: 266 pages
Editeur : TALLANDIER (9 janvier 2014)
Collection : CONTEMPO.
Langue : Français
ISBN-13: 979-1021004306
ASIN: B00EU77CMS
Dimensions : 21,4 x 14,6 x 2,6 cm

 Sous le feu

Ancien officier d’active de l’Armée française, Michel Goya est devenu un spécialiste reconnu des armées d’aujourd’hui. Fort de son expérience de terrain, s’appuyant aussi bien sur le témoignage des Poilus de 1914-1918 que sur celui de soldats venant de vivre des conflits contemporains (Irak, Afghanistan…), il se penche sur le comportement du simple soldat. Les guerres modernes peuvent être considérées comme des sortes de laboratoire à visée anthropologique. « Le but de ce livre, écrit l’auteur (p. 19), est d’accompagner le combattant dans cet univers afin d’essayer de comprendre les phénomènes qui s’y déroulent ». L’étude de Michel Goya rejoint celles dont les historiens anglo-saxons se sont fait une spécialité à l’instar de John Keegan qui, dans Anatomie de la bataille, décrit l’univers du soldat au sein de la mêlée : un monde clos à tel point que le combattant ignore pratiquement tout du déroulement de la bataille. La plume alerte de Michel Goya et la densité de son propos donnent au sujet une perspective nouvelle. Le lecteur apprendra ainsi qu’à la guerre l’énorme majorité des hommes ne fait rien d’autre que suivre. Beaucoup ne font même pas le coup de feu ; seule une poignée, ceux dont l’esprit se conforme le plus facilement à l’atmosphère du combat, se bat véritablement. Ainsi, durant la guerre de Corée (1950-1953), la moitié des pilotes américains n’a jamais ouvert le feu sur un appareil ennemi. De même les pertes et dommages occasionnés à l’ennemi sont généralement le fait d’une minorité d’individus. Sur les 20 000 pilotes d’avions de chasse du III° Reich, seul un groupe de 500 d’entre eux a obtenu la moitié des victoires aériennes. En revanche, si la peur de tuer est un puissant inhibiteur, « l’expérience de la guerre réduit la peur de mourir alors que cette d’être mutilé physiquement et psychologiquement augmente » (p. 52). Cela dit, l’énorme majorité de la troupe, si elle n’adopte pas une conduite héroïque, obéit aux ordres et tient à faire son devoir. Le fait de se comporter honorablement et de ne pas laisser tomber les camarades est un puissant facteur de cohésion parmi la troupe. En revanche, la ferveur patriotique n’apparaît pas fondamentale.

Comment les hommes se comportent-ils devant l’extrême danger ? Plus qu’un énième ouvrage sur la guerre, Sous le feu est à considérer comme un ouvrage d’ethnologie. En quelques pages bien senties, l’étude de Michel Goya dit beaucoup de la façon dont l’individu appréhende la guerre, temps souvent banalement ennuyeux et rarement héroïque. Aujourd’hui, alors que les armées sont devenues professionnelles, la mort est bel et bien devenue une « hypothèse de travail » (sous-titre du livre).

Michel Goya, Sous le feu : La mort comme hypothèse de travail, Tallandier, 2014, 267 pages, 20.90 €