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Actualités Recensions

Les Voies de la puissance

Éditeur ‏ : ‎ Odile Jacob (2 mars 2022)
Langue ‏ : ‎ Français
Broché ‏ : ‎ 352 pages
ISBN-10 ‏ : ‎ 2415001120
ISBN-13 ‏ : ‎ 978-2415001124
Poids de l’article ‏ : ‎ 500 g
Dimensions ‏ : ‎ 15.4 x 1.7 x 24 cm

Dans cet ouvrage mené tambour battant, Frédéric Encel passe en revue l’ensemble des forces qui comptent en matière de géopolitique mondiale : puissances militaires et économiques, principales religions, groupements d’Etats, organisations diverses (mafias), etc. En matière de puissance, de domination et de résilience, il n’y a pas mieux que l’Etat, lequel domine toutes les autres formes d’organisation, qu’elles soient territoriales ou non. Le livre, passionnant, se lit vite et bien. On aurait toutefois aimé que l’auteur mît davantage d’attention dans la forme. Frédéric Encel écrit comme il parle, d’où l’impression de vivacité quant au fond mais de relâchement sur la forme.

Frédéric Encel, Les voies de la puissance, Odile Jacob, 2022, 303 pages, 24.90 €

L’extrait : « Qu’on s’en félicite ou s’en désole, l’Etat a donc encore de longs et beaux jours devant lui sous ses différentes formes, tout particulièrement comme véhicule et pourvoyeur de puissance. »

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Actualités Recensions

Le géant empêtré

Éditeur ‏ : ‎ Perrin (15 septembre 2022)
Langue ‏ : ‎ Français
Broché ‏ : ‎ 496 pages
ISBN-10 ‏ : ‎ 2262041733
ISBN-13 ‏ : ‎ 978-2262041731
Poids de l’article ‏ : ‎ 800 g
Dimensions ‏ : ‎ 15.6 x 4.2 x 24.1 cm

Lorsque Poutine succède à Eltsine, en 1999, le pays est mal en point. Patriote ardent et volontaire, le nouveau président russe va tenter de le remettre sur les rails. En une dizaine d’années, la Russie devient un acteur économique de premier plan, gros fournisseur d’énergies et de céréales. Ces incontestables progrès peinaient à masquer de considérables faiblesses. La Russie est une puissance pauvre, sorte de colosse aux pieds d’argile, possédant le premier armement nucléaire de la planète mais ayant un PNB équivalent à celui de l’Espagne. Pour un nationaliste aussi sourcilleux que V. Poutine, seule une politique de puissance peut permettre à la Russie d’accéder au titre de grande puissance. Dans ce contexte, la grandeur apparaît comme un moyen de masquer les déboires de ce qui n’est qu’un Etat rentier, acteur économique de taille moyenne. Avec l’invasion de l’Ukraine, la Russie entend retrouver son rang de très grande puissance. On peut douter qu’elle y parvienne avec cette « guerre honteuse ».

Anne de Tinguy, Le géant empêtré, Perrin, 2022, 492 pages, 26 €

L’extrait : « … le géant russe semble aujourd’hui incapable du sursaut qui lui permettrait de tirer le meilleur parti des nombreuses ressources dont il dispose. » (page 410)

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Actualités Recensions

Houellebecq politique

Éditeur ‏ : ‎ FLAMMARION (16 mars 2022)
Langue ‏ : ‎ Français
Broché ‏ : ‎ 192 pages
ISBN-10 ‏ : ‎ 2080271393
ISBN-13 ‏ : ‎ 978-2080271396
Poids de l’article ‏ : ‎ 240 g
Dimensions ‏ : ‎ 13.8 x 1.7 x 21.1 cm

Michel Houellebecq porte sur la société une compréhension d’une grande acuité. Il le fait à sa manière, désabusée, désillusionnée ; il pense pis que pendre du capitalisme marchand. Au fond, Houellebecq déteste son époque. Il lui reproche de développer individualisme et consumérisme, de négliger les traditions, d’engendrer misère et mal-être, de rendre le monde laid et ainsi de suite. A travers la vie quotidienne de ses personnages – généralement des cadres d’un certain âge, à la dérive, revenus de tout -, le romancier fait le procès d’un monde qui ne jure que par l’utilité. Mais comment arriver à être utile dans un monde que l’on ne comprend plus, qui ne nous intéresse pas ? Anarchiste de droite morigénant la société avec sa tendance au toujours plus, à la technologie envahissante, à ses lois sociétales toujours plus folles, Houllebecq considère qu’il est dangereux de faire l’impasse sur les questions métaphysiques. Le livre de C. Authier est passionnant.

Christian Authier, Houellebecq politique, Flammarion, 2022, 189 pages, 18€

L’extrait : « Se foutre carrément de tout, ou du moins le faire croire : vieille posture typiquement anar de droite. » (page 100)

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Portraits Recensions

Gambetta

Éditeur ‏ : ‎ Perrin (10 février 2022)
Langue ‏ : ‎ Français
Broché ‏ : ‎ 414 pages
ISBN-10 ‏ : ‎ 2262079919
ISBN-13 ‏ : ‎ 978-2262079918
Poids de l’article ‏ : ‎ 640 g
Dimensions ‏ : ‎ 15.3 x 3.2 x 24 cm

Dans les livres d’histoire d’autrefois, Gambetta était ce patriote qui avait quitté Paris assiégé pour poursuivre la lutte en province. Dans sa biographie de ce grand fauve politique, Gérard Unger dresse le portrait, à côté de celui du patriote attaché à l’unité du territoire, d’un républicain passionné. Les vies privée et publique de Gambetta furent tumultueuses, à l’image de ce fort en gueule capable de dévoré la vie à pleine dents. Durant douze ans, de 1870 à 1882, il occupa de multiples responsabilités et mena maints combats, rudoyant ses amis comme ses ennemis. Hanté par la justice sociale et de démocratie, nul régime autre que le républicain ne lui semblait possible. Fort en gueule, parfois injuste, toujours sincère, Gambetta incarne mieux que tout autre ces politiciens qui ont rendu pérenne le régime républicain. Au-delà du legs symbolique qu’il laisse, le nom de Gambetta demeure inséparable de son œuvre : la création de la III° République

Gérard Unger, Gambetta, Perrin, 2022, 414 pages, 25 €

L’extrait : « Il n’a été président du Conseil que moins de trois mois, car le personnel politique républicain se méfiait de sa faconde, de son tempérament bouillant et de son ambition. » (p. 11)

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Biographies Recensions

Goering

Éditeur ‏ : ‎ Perrin; Illustrated édition (9 juin 2022)
Langue ‏ : ‎ Français
Broché ‏ : ‎ 421 pages
ISBN-10 ‏ : ‎ 2262101027
ISBN-13 ‏ : ‎ 978-2262101022
Poids de l’article ‏ : ‎ 880 g
Dimensions ‏ : ‎ 16.4 x 3.2 x 21 cm

Goering, aviateur courageux durant le premier conflit mondial, ne ressemble pas à l’image du nazi que l’on a en tête. Cela, « c’est la face humaine de l’homme, […] qui a connu les horreurs de la guerre, qui veut voir grandir sa fille, qui aimerait jouir en paix de ses richesses, qui a tiré toutes les conclusions du fait que sa Luftwaffe n’est pas encore prête pour un conflit d’envergure. » (p. 164) Mais Goering est un être faible, veule, tremblant de peur à l’idée de déplaire à son patron. C’est un suiviste, un suiviste dangereux, qui ne fait rien pour retenir les velléités guerrières d’Adolf Hitler. C’est aussi et surtout un dilettante qui fuit le réel. L’auteur consacre des pages entières à montrer l’incompétence de Goering, une incapacité qui a coûté cher à l’Armée allemande. L’incompétence est de peu de poids par rapport à la responsabilité morale de ce morphinomane invétéré, pilleur d’œuvres d’art enrichi grâce au sang des peuples conquis. Satrape servile et vaniteux, Goering ressemblait à la plupart des chefs nazis : un médiocre sans scrupules ni conscience.

François Kersaudy, Goering, « l’homme de fer », Perrin, 2022, 421 pages, 25 €

L’extrait : « A-t-il encore l’espoir de vaincre ? C’est difficile à dire, tant se mêlent chez ce satrape habillé en maréchal la lucidité occasionnelle, la servilité récurrente et la vanité omniprésente. » (p. 223)

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Recensions Religion

Laïcité, un principe : De l’Antiquité au temps présent

Éditeur ‏ : ‎ PASSES COMPOSES (5 janvier 2022)
Langue ‏ : ‎ Français
Broché ‏ : ‎ 384 pages
ISBN-10 ‏ : ‎ 237933630X
ISBN-13 ‏ : ‎ 978-2379336300
Poids de l’article ‏ : ‎ 510 g
Dimensions ‏ : ‎ 14.5 x 2.9 x 22 cm

Beaucoup croient savoir ce qu’est la laïcité, ils en parlent savamment, mettant en avant ses vertus de tolérance et d’acceptation des différences, philosophiques et religieuses en premier lieu. Mais au-delà ? Tout l’intérêt de l’ouvrage d’Eric Anceau est de revenir sur une histoire difficile à saisir, tantôt incertaine, tantôt mouvante, mais ô combien nécessaire. Cette synthèse met en relief une histoire mouvementée mais qui, passé le début du siècle dernier, commençait à s’apaiser, chacun – Etat et religions – s’accommodant du régime public des cultes initié en grande partie par les grandes lois laïques des années 1880 et la loi de séparation (1905). Tout n’était pas figé, bien sûr, mais un modus vivendi s’était installé, au terme duquel chacun trouvait son compte. C’était sans compter sur l’irruption d’un nouveau venu, l’islam. Avec cette histoire du fait laïque, Eric Anceau donne beaucoup à penser, loin du simplisme médiatique ambiant.

Eric Anceau, Laïcité, un principe, Passés Composés, 2022, 383 pages, 23 €

L’extrait : « Demander à l’islam et aux musulmans d’accomplir sans effort, mais aussi sans aide, ce que le christianisme et les  chrétiens ont mis plusieurs siècles à accomplir relève, au mieux, du pari osé. » (p. 283)

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Histoire Recensions

De Gaulle et la Russie

Éditeur ‏ : ‎ Perrin (3 février 2022)
Langue ‏ : ‎ Français
Broché ‏ : ‎ 538 pages
ISBN-10 ‏ : ‎ 2262075174
ISBN-13 ‏ : ‎ 978-2262075170
Poids de l’article ‏ : ‎ 670 g
Dimensions ‏ : ‎ 15.4 x 3.5 x 24 cm

Il n’est pas facile de distinguer une ligne de conduite claire dans les relations que Charles de Gaulle, le militaire puis le politique, entretint avec l’Union Soviétique. Pour de Gaulle, l’Urss existait à peine, c’était un régime transitoire. Ce qui était appelé à demeurer, c’était la Russie. Ne déclarait-il pas que la Russie boirait le communisme comme le buvard absorbe l’encre ? L’histoire lui a donné raison : le communisme est tombé, la Russie éternelle demeure et, avec elle, l’idée impériale qui a guidé les régimes successifs. De Gaulle a toujours été fidèle à sa ligne anti-communiste. Mais, lors de la Seconde Guerre mondiale, ne cessant d’essuyer vexations et rebuffades de la part de ses alliés anglo-saxons, il regarde du côté de la Russie de Staline. Devenu président de la République (1958-1969), les chauds et froids alternent entre Moscou et Paris, chacun des deux régimes faisant preuve du même pragmatisme. Mais les moyens des uns (soviétiques) n’étaient pas ceux des autres (français), d’où « ce singulier dialogue noué entre Charles de Gaulle et la Russie soviétique… fondé sur le principe des échanges inégaux. »

L’extrait : « … l’absence de naïveté du général de Gaulle n’a rien à céder à celle des maîtres du Kremlin. Au concours du réalisme, le Français ne dispose cependant pas des mêmes atouts que les hommes de Moscou. » (p. 508)

Alexandre Jevakhoff, De Gaulle et la Russie, Perrin, 2022, 538 pages, 26 €