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Histoire Recensions

Les vérités cachées de la guerre d’Algérie

Broché : 416 pages
Editeur : Fayard (24 octobre 2018)
Collection : Divers Histoire
Langue : Français
ISBN-10 : 221367129X
ISBN-13 : 978-2213671291
Dimensions : 15,3 x 2,8 x 23,5 cm

Jean Sévillia a écrit un livre passionnant, aisé à lire, usant de force pédagogie. Comment ne pas louer un livre éclairant à ce point les rivalités existant parmi les divers mouvements indépendantistes, les velléités putchistes des partisans de l’Algérie française, le froid réalisme du général de Gaulle devenu entre-temps chef de l’Etat (1958) et ainsi de suite ? Sous la plume de Jean Sévillia, tout paraît limpide. Grâce à son éclairage, les événements qui semblaient enchevêtrés et complexes deviennent accessibles et aisément compréhensibles. Pour l’histoire commune de la France et de l’Algérie, ce sont bien sûr les derniers chapitres qui comptent le plus car les conclusions de la guerre continuent d’influencer les relations bilatérales. Malgré les incompréhensions et le triste sort fait aux rapatriés, la France s’est délestée d’un boulet qui risquait de lui faire rater l’entrée dans le formidable essor économique des Trente Glorieuses. En Algérie, l’amère réalité a triomphé des idéaux indépendantistes. Une caste, adossée sur l’armée, s’est emparée du pouvoir pour ne plus le lâcher.

Jean Sévillia, Les vérités cachées de la guerre d’Algérie, Fayard, 2018, 415 pages, 23 €

L’extrait : « Le fond de l’affaire, décidément, est que de Gaulle veut en finir à tout prix. » (p. 310)

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Histoire économique de Vichy

Broché : 500 pages
Editeur : Perrin (7 septembre 2017)
Langue : Français
ISBN-10 : 2262035652
ISBN-13 : 978-2262035655
Dimensions : 15,5 x 3 x 24 cm

Il est un aspect de l’Etat français (1940-1944) qui a été peu évoqué jusqu’à présent, il s’agit de la vie économique. Ce manque vient d’être comblé par une équipe de trois jeunes historiens, auteurs de cette excellente étude. Comme l’écrivent les auteurs, « la collaboration économique […] a servi les intérêts de l’Allemagne nazie, sous couvert de bien maigres contreparties. » (p. 115). Ce que l’on savait moins, sans totalement l’ignorer, les trois auteurs l’évoquent à satiété : une certaine forme de revanche idéologique prise par les tenants de l’ordre ancien sur la France du Front populaire, la spoliation des entreprises et des biens détenus par les Français de confession juive… Les auteurs ne versent pas dans le manichéisme. Leur typologie des collaborations est éclairante qui distingue le collaborationnisme économique, la collaboration-profit et la collaboration-survie. De même précisent-ils qu’à Vichy il y avait tout un monde entre les tenants de la France rurale traditionnelle, que l’Etat français voulait remettre sur le devant de la scène, des jeunes loups de la finance et de l’économie qui ont su prendre des décisions qui durent encore (le P-D. G date de l’époque).

Fabrice Grenard, Florent Le Bot, Cédric Perrin, Histoire économique de Vichy, Perrin, 2017, 440 pages, 27 €

L’extrait : « La collaboration économique a servi les intérêts de l’Allemagne nazie sous couvert de bien maigres contreparties. » (p. 115)

 

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Barbarossa : 1941 – La guerre absolue

Broché : 956 pages
Editeur : Passés Composés (28 août 2019)
Collection : Hors collection Passés composés
Langue : Français
ISBN-10 : 2379331863
ISBN-13 : 978-2379331862
Dimensions : 16,6 x 5,2 x 24,3 cm

Jean Lopez et Lasha Otkhmezuri viennent de publier ce qui se fait de mieux en matière d’histoire militaire. En un gros volume de près de 900 pages, ils revisitent de façon magistrale la campagne menée en 1941 en Union Soviétique. C’est de superlatifs qu’il faut user à propos d’un tel chef d’œuvre. Sous-titré 1941. La guerre absolue, on a envie d’écrire : voici le livre qui épuise le sujet et dont on imagine mal ce qui pourrait le dépasser ou le surpasser. Les opérations militaires font évidemment l’objet d’une étude fouillée, montrant à satiété qu’en dépit de succès tactiques magistraux, l’invasion du territoire soviétique fut loin d’être une promenade militaire pour les Allemands. Nombreuses ont été publiées des études relatives à cette titanesque campagne. Cependant, ce Barbarossa innove par bien des aspects. En mettant l’accent sur les aspects logistique, idéologique et géographique du conflit, les auteurs démontrent de façon implacable que, non seulement la Wehrmacht n’a pas gagné mais qu’elle ne pouvait tout simplement pas vaincre le colosse russe. De cette lutte à mort entre les deux totalitarismes ressort l’idée qu’à cette époque la vie d’un homme ne valait pas cher. Ce Barbarossa, une mise en scène de l’Apocalypse.

Jean Lopez & Lasha Otkhmezuri, Barbarossa, Passés Composés, 957 pages, 31 €

L’extrait : « En réalité, il n’existe aucune raison stratégique ou militaire impérieuse d’attaquer en 1941 une Union soviétique ligotée par sa propre paranoïa anti-occidentale, en pleine restructuration militaire et disposée, tant qu’elle en profite,  continuer son compagnonnage avec le Reich. » (p. 172)

 

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Churchill et la France

Broché : 576 pages
Editeur : Perrin (12 janvier 2017)
Collection : Hors collection
Langue : Français
ISBN-10 : 2262033242
ISBN-13 : 978-2262033248
Dimensions : 15,4 x 3,3 x 24 cm

Anglophile et auteur d’une fameuse biographie de Lawrence d’Arabie, Christian Destremeau récidive dans l’excellence avec ce Churchill et la France. Les deux guerres mondiales jouent un rôle majeur dans cette histoire mouvementée et parfois un peu fantasque. […] Si Churchill eut parfois des mots durs à l’encontre des dirigeants français, il conserva toute sa vie un véritable attachement à la France, à preuve ses fréquents passages dans la capitale, son amour pour la langue de Molière – qu’il malmenait ! -, son attachement au terroir français, sa cuisine… ses vins et ses alcools… L’auteur semble éprouver une sympathie sans bornes pour l’ancien Premier Ministre britannique. Comment ne pas le comprendre ? Les gaffes, bourdes et erreurs de Churchill furent toujours rachetées par sa bonhommie, son humour potache et ses faiblesses, faiblesses d’autant plus facilement pardonnées qu’elles font partie du personnage à part entière, comme son amour pour les cigares et le whisky. Les aléas de la cohabitation franco-britannique n’y ont rien changé : Churchill a toujours bénéficié en France d’un capital inentamé de sympathie. Le livre de C. Destremeau ne le fera pas chuter, bien au contraire !

Christian Destremeau, Churchill et la France, Perrin, 2017, 404 pages, 24 €

L’extrait : « Il a choisi la familiarité et la proximité, voire le comique de bas étage, qui éclairent un peu sa vision des Français : un peuple doué, éminemment sympathique, mais manquant de maturité et qu’il faut guider dans le droit chemin. » (p. 11)

 

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Pierre Laval, un mystère français

Broché : 900 pages
Editeur : Perrin (18 octobre 2018)
Collection : Perrin biographie
Langue : Français
ISBN-10 : 2262040184
ISBN-13 : 978-2262040185
Dimensions : 15,5 x 4,2 x 24,1 cm

Renaud Meltz vient de signer là un maître-livre, ce qui se fait de mieux en matière de biographie. Au terme de plus de mille pages tirées au cordeau, il donne de Pierre Laval une image bien différente de celle donnée par nos traditionnelles images d’Epinal. Pour beaucoup, Laval incarne la figure du traître, de celui qui, passé les troubles de la Seconde guerre mondiale, n’a droit qu’à une chose : douze balles dans la peau. Loin de ces jugements à l’emporte-pièce, l’auteur donne de l’ancien avocat, ministre et Président du Conseil de Vichy une image plus mesurée. Pour médiocre qu’il fut, Pierre Laval s’avère au final un personnage infiniment complexe. L’auteur fait justice de la caricature qui a terni l’ancien Président du Conseil. Il relate le passé socialiste du jeune avocat monté à la capitale, sa proximité avec les humbles et son pacifisme foncier. Passé juillet 40, la suite est moins reluisante : mise à mort de la III° République, sympathie à l’égard des régimes totalitaires (« Je souhaite la victoire de l’Allemagne… »), création du STO, etc. Devenu le bouc émissaire d’un certain nombre de lâchetés, Pierre Laval, à l’issue d’une parodie de procès, finit sa vie sous les balles françaises. Sans faire mystère de ses compromissions et de sa médiocrité générale, on peut se demander, une fois le livre refermé, si Laval était le mauvais génie que l’on en a fait.

Renaud Meltz, Pierre Laval, un mystère français, Perrin, 2018, 900 pages, 35€

L’extrait : « Laval ne donne pas le sentiment de comprendre que le pays tout entier rejette l’Occupation comme une période non seulement malheureuse, mais aussi indigne. » (p. 1047)

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Infographie de la Seconde Guerre mondiale

Broché : 200 pages
Editeur : Perrin (4 octobre 2018)
Langue : Français
ISBN-10 : 2262068259
ISBN-13 : 978-2262068257
Dimensions : 23,8 x 1,9 x 29,5 cm

Il existe maintes façons d’aborder le second conflit mondial ; celle initiée par Jean Lopez est probablement l’une des plus originales. En moins de deux cents pages, Jean Lopez et son équipe réussissent le tour de force de raconter la guerre, sous tous ses aspects, au moyen de graphiques toujours très lisibles même si parfois ils demandent beaucoup d’attention, chose normale au vu de la complexité d’actions comme le Débarquement. Si les opérations militaires tiennent le haut du pavé, comme il fallait s’y attendre, les autres aspects ne sont pas oubliés. Les pages concernant l’économie des belligérants, la liquidation du peuple juif, la Collaboration au sein de l’Europe occupée ou le déplacement des peuples à l’Est de l’Europe en 1945-1946 font l’objet de pages particulièrement éclairantes. Au terme de ce voyage dans ce chapitre terrible de l’histoire européenne et mondiale, des points saillants apparaissent, par exemple l’ampleur colossale des pertes soviétiques. Autre caractéristique : l’irrésistible montée en puissance de l’industrie américaine. En 1941, il fallait être fou… ou japonais pour oser s’attaquer à une telle puissance économique.

Jean Lopez (sous la dir.), Infographie de la Seconde Guerre mondiale, Perrin, 2018, 27 €

L’extrait : « Cet ouvrage est une source d’approfondissements, de découvertes, d’étonnements et de remises en question du savoir que chacun détient sur la pire horreur du XX° siècle » (p. 2 de l’avant-propos)

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La famille royale au Temple

Broché : 500 pages
Editeur : Perrin (16 août 2018)
Langue : Français
ISBN-10 : 2262070822
ISBN-13 : 978-2262070823
Dimensions : 15,6 x 3,1 x 24,1 cm

Pour un peu, on pourrait dire : La famille royale au Temple, c’est de la petite histoire. Or,  l’auteur prouve le contraire. Lorsque ce qu’on appelle de la petite histoire se trouve à la conjonction des tensions du formidable mouvement historique qu’a été la Révolution de 89, cela devient de la grande histoire. D’emblé Charles-Eloi Vial prévient le lecteur de la portée symbolique de l’enfermement de la famille royale au Temple : « L’emprisonnement du roi et de sa famille incarne parfaitement cette montée aux extrêmes de 1792, où la révolution « bourgeoise » de 1789, portée par les élites éclairées du Tiers, de la noblesse et du clergé progressiste, fut progressivement submergée par la masse populaire […] » (p. 18) Le récit décrit tour à tour les conditions de vie déplorables dans laquelle vécut la famille royale, la vie quotidienne au sein de sa prison, la suspicion quasi-pathologique des gardiens, le procès du couple royal… La famille royale au Temple donne à voir la France divisée de ce temps-là. A travers cet emprisonnement ce qui était donné à voir, en ses prémisses, c’était la fracture séculaire qui allait diviser les Français à propos de la Révolution, version très politique de qu’Emile Poulat appelait « la guerre des deux France ».

Charles-Eloi Vial, La famille royale au Temple, Perrin, 2018, 440 pages, 25€

L’extrait : « Voulu comme le symbole de la déchéance de Louis XVI, le Temple a au contraire servi de point de ralliement à ses défenseurs. Le martyre interminable de la famille royale constituait sans doute la pire façon de mettre fin à une monarchie multiséculaire. » (p. 348)

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Massu

Broché : 544 pages
Editeur : Perrin (22 mars 2018)
Collection : Biographie
Langue : Français
ISBN-10 : 226207514X
ISBN-13 : 978-2262075149
Dimensions : 15,6 x 3,2 x 24,1 cm

Du général Massu, bien des Français ont gardé une l’image négative du vainqueur de la bataille d’Alger, du militaire qui n’avait pas hésité à légitimer la torture afin de briser la rébellion orchestrée par le FLN. Dans un récit enlevé, Pierre Pellissier fait justice de l’image brutale longtemps accolée à Jacques Massu. Si les premiers chapitres, ceux de l’apprentissage du métier des armes en métropole et dans les colonies, sont brefs, l’insistance est mise sur son action durant la Seconde Guerre mondiale, dans les rangs de la France Libre, et pendant la Guerre d’Algérie. Gaulliste de cœur et de raison, Massu croyait possible la conservation des départements algériens. Comme beaucoup, sur le coup, il a jugé incompréhensible l’intention du Général de Gaulle revenu au pouvoir. Il s’est en fallu de peu pour qu’il ne tombe dans la rébellion. En le rappelant en métropole, De Gaulle marquait bien son intention de dire aux militaires que le chef c’était lui. Mais, quelques années plus tard, en en faisant le chef de l’Armée française en Allemagne, le Président de la République récompensait un fidèle serviteur de l’Etat et de la République.

Pierre Pellissier, Massu, Perrin, 2018, 478 pages, 24€

L’extrait : « Il devient plus que jamais l’homme qui a voulu la torture pendant la bataille d’Alger. Aucun de ses détracteurs ne veut entendre ce qu’il a toujours affirmé […] : que cette pratique […] l’a précédé et l’a suivi. Il ne s’y est jamais ni habitué ni résigné […] » (page 432)

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Histoire des guerres romaines

Broché : 606 pages
Collection : L’art de la guerre
Langue : Français
ISBN-13 : 979-1021023000
ASIN : B01N6GO0KJ
Dimensions : 23 x 3,2 x 16,5 cm

Il y a une trentaine d’années, l’antiquisant Paul Petit avait publié un livre remarqué, La paix romaine. L’idée était arrêtée que Rome avait réussi à imposer la paix à des peuples barbares en perpétuelle guerre civile. C’était particulièrement vrai pour la Gaule, incapable de s’unir face à César. Ici, on a le sentiment que Yann Le Bohec prend le contre-pied en proposant une histoire militaire de la Rome antique, du milieu du VIII° siècle avant Jésus-Christ à 410 après J.-C., date de la prise de Rome par Alaric. Avec raison, il considère qu’au sein d’un monde porté à la violence les Romains n’étaient pas plus cruels que les autres peuples. Cependant, en présentant cette succession de guerres et de batailles, l’auteur donne le sentiment que Rome s’est largement bâtie par la guerre. Guerre pour assurer sa prééminence en Italie, guerre pour contrer des adversaires aussi hardis que Carthage, guerre pour imposer son impérialisme, guerre enfin pour se protéger des incursions barbares… Si l’exposé de Yann Le Bohec est aussi intéressant que complet, il conviendra de ne pas en rester là. Pour importante qu’elle soit, l’histoire bataille ne considère qu’un seul aspect d’une civilisation tellement riche par ailleurs. Cette réserve étant faite, cette Histoire des guerres romaines constitue une synthèse assez impressionnante.

Yann Le Bohec, Histoire des guerres romaines, Tallandier, 2017, 607 pages, 25.90 €

L’extrait : « L’Etat romain a souvent répondu à de vraies agressions, et de plus en plus souvent pour défendre des alliés. Mais qu’allait faire son armée, si loin de l’Italie ? » (p. 197)

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Dans l’équipe de Staline

Poche : 370 pages
Editeur : Perrin (15 février 2018)
Collection : Domaine étranger
Langue : Français
ISBN-10 : 2262068380
ISBN-13 : 978-2262068387
Dimensions : 16,7 x 3,8 x 24,1 cm

 Dans l’équipe de Staline

De la succession de Lénine jusqu’à sa mort en 1953, Staline aimait s’entourer de ceux qui, pour la plupart, avaient été des camarades de combat. Ce sont leurs relations que dépeint Sheila Fitzpatrick tout au long d’un livre passionnant et fascinant. En effet, les relations entretenues entre Staline et l’équipe (Molotov, Beria, Kaganovitch, etc.) se signalaient par leur ambiguïté. Aux périodes de franche camaraderie pouvaient succéder des temps de tension durant lequel le Patron (Staline) surveillait les uns et les autres et n’hésitait pas à jouer de leurs rivalités. Sheila Fitzpatrick montre bien que les camarades de Staline, en général tous ministres et membre du Politburo, n’étaient pas que de simples faire-valoir. La plupart travaillaient jusqu’à l’épuisement dans leur domaine respectif et Staline savait reconnaître leurs compétences. On a pu dire que l’équipe ressemblait à une bande de brigands associé au maître du crime. Ce n’est pas faux. Il n’en reste pas moins que les concours offerts par ce groupe d’hommes n’était pas un luxe. Même un dictateur omnipotent comme Staline ne pouvait gouverner seul un pays aussi grand. Si la plupart étaient des humainement médiocres, voire pire, il faut reconnaître qu’ils surent faire preuve d’efficacité.

Sheila Fitzpatrick, Dans l’équipe de Staline, Perrin, 2018, 446 pages, 26 €

L’extrait : « Staline pouvait se montrer brutal avec son équipe, ou se comporter vis-à-vis d’elle en camarade. Il pouvait exclure des joueurs de son équipe, il pouvait même les tuer. Mais il ne se passa jamais de l’équipe, quelles qu’aient pu être, lors de ses dernières années, ses intentions (non abouties) vis-à-vis de certains de ses membres clés. » (p. 357)