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Histoire Recensions

Histoire de l’Armée française, 1914-1918

Broché : 519 pages
Editeur : Editions Tallandier (9 mars 2017)
Langue : Français
ISBN-13 : 979-1021023963
ASIN : B01MYZLCLE
Dimensions : 21,5 x 3,6 x 14,5 cm

 Histoire de l’Armée française, 1914-1918

Lorsque sonne le clairon annonciateur de l’armistice, le 11 novembre 1918, l’Armée française est sans conteste la première du monde. Par la qualité de ses chefs, l’abondance de son matériel, son expérience stratégique et tactique, elle dépasse les autres armées alliées. La synthèse de François Cochet et Rémy Porte concerne l’ensemble des ressources mises en œuvre par l’Armée à la fin du conflit : combat, production d’armes, camouflage, logistique, commandement et ainsi de suite. Le tableau donne une fine appréciation du poids que représente l’outil militaire en cette cinquième année de guerre. Sans oublier le fait que, pour impressionnant qu’il paraisse, cet instrument commence à accumuler les handicaps qui vont directement mener à la raclée du mois de mai 1940. De plus en plus lourde et de moins en moins innovante, l’Armée française sera incapable d’enrayer un déclin qui était en germe dès la Première Guerre. De ce point de vue, on aurait aimé que la comparaison soit établie avec les principales armées du moment, amies ou ennemies. Honnête, bien documentée, écrite de façon très claire par deux spécialistes reconnus, cette Histoire… , qui retrace les « évolutions et adaptations des hommes, des matériels et des doctrines », pose un jalon dans l’historiographie propre à la période. Dernière chose à souligner, les auteurs ont raison, nous semble-t-il, de réhabiliter le corps des officiers supérieurs. Si beaucoup furent médiocres et dépassés par les événements, encore plus étaient-ils à prendre soin des hommes placés sous leur commandement. Les auteurs tordent le cou à la légende d’officiers calfeutrés dans leur bureau, loin du front, à l’abri du danger. Ils ont été nombreux, parmi les généraux et les colonels, à tomber sous les coups de l’ennemi. S’il y eut de gravissimes fautes, cette guerre n’a jamais été une guerre de classes.

 

François Cochet & Rémy Porte, Histoire de l’Armée française, 1914-1918, Tallandier, 2017, 520 pages, 25.90€

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La cour des miracles

Broché : 384 pages
Editeur : Les éditions de l’observatoire (7 juin 2017)
Collection : EDITIONS DE L’O
Langue : Français
ISBN-13 : 979-1032900123
ASIN : B01N3AYAIB
Dimensions : 20 x 3,1 x 13 cm

 La cour des miracles

Un livre signé Michel Onfray est toujours un événement même si, publiant énormément, son auteur risque les redites et les approximations. Nombreux sont les domaines de prédilection d’un philosophe qui n’hésite jamais à se faire historien, historient des idées, de la psychanalyse, de la civilisation occidentale. Michel Onfray n’a jamais caché, même s’il affiche clairement sa résolution de ne plus voter, son intérêt pour la politique. Son dernier livre, La cour des miracles, est le carnet de campagne des dernières élections présidentielles. Michel Onfray raconte les présidentielles, depuis les primates de la droite et de la gauche, vue de sa fenêtre. Il ne le fait pas avec le dos de la cuiller et ose appeler un chat un chat, c’est dire si certains – voire beaucoup ! – en prennent pour leur grade. En plus de quatre-vingts chapitres nerveusement écrits, Onfray distribue les coups, ne trouvant guère d’excuses à une classe politique qui se situe au-delà même de la pure déception. Comme beaucoup de Français, Michel Onfray ne croit plus à la politique et à ses représentants. Il la juge comme une sorte de théâtre d’ombres n’ayant aucune prise sur le réel. Ce n’est pas que la classe politique soit corrompue ou malhonnête, c’est ailleurs que se situe le problème. Notre philosophe est persuadé que, depuis l’adoption du Traité de Maastricht en 1992 et l’arrivée massive de la mondialisation, la part essentielle des décisions politiques est prise à l’extérieur. Dans ces conditions, la politique devient un cirque où l’essentiel consiste à faire comme si. Ce tableau sans concession et un tantinet désespéré nous rappelle la fragilité de la démocratie, laquelle demeure, quoiqu’on en dise, « le pire des régimes à l’exception de tous les autres » (W. Churchill).

 

Michel Onfray, La cour des miracles, L’Observatoire, 2017, 376 pages, 17€

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Byzance la secrète

Broché : 250 pages
Editeur : Perrin (11 mai 2017)
Langue : Français
ISBN-10 : 2262047812
ISBN-13 : 978-2262047818
Dimensions : 14 x 2,6 x 21 cm

 Byzance la secrète

Pour beaucoup, Byzance n’est plus qu’un nom, certes fleurant un certain exotisme oriental, mais guère plus. Byzance, Constantinople puis, en 1930, Istanbul… Autant dire qu’aussi bien dans les mémoires que les livres d’histoire il ne reste plus grand-chose d’une civilisation qui s’étale sur plus d’un millénaire, ce qui n’est pas rien. Pascal Dayez-Burgeon, qu’on attendait plus sur les deux Corées dont il est un spécialiste reconnu, signe ici un livre remarquable, s’adressant aussi bien aux néophytes qu’à des lecteurs exigeants. Plutôt que de s’embarquer dans une vaste somme relatant, règne après règne, les fastes et l’agonie de cet Empire d’Orient fondé par l’empereur Constantin, il a préféré procéder par des petites touches susceptibles d’aiguiser l’appétit du lecteur. Un chapitre est consacré à la ville de Constantinople (Constantinople est la ville-phare de l’empire byzantin), tel chapitre au redoutable feu grégeois, tel autre à la guerre des images ou à l’importance des femmes dans la succession impériale, singularité assez invraisemblable dans un univers oriental exclusivement dominé par la gent masculine. Pascal Dayez-Burgeon réhabilite la civilisation byzantine oubliée, pont d’importance durant des siècles entre un Occident à la recherche de son identité et un Orient déjà riche d’histoire. On oublie combien la civilisation byzantine, séduisante et complexe, fascinait nos ancêtres. Byzance la secrète démontre à l’envi la vocation universelle de l’univers de Byzance, un monde qui, aussi curieusement que cela paraisse, s’est trouvé confronté à des questions qui se posent aujourd’hui avec acuité : « despotisme ou bien public, fanatisme ou tolérance, laïcité ou religion d’Etat, croissance ou stabilité, ouverture d’esprit ou choc des civilisations, Orient ou Occident, guerre ou paix ? » Bref, un livre nécessaire.

 

Pascal Dayez-Burgeon, Byzance la secrète, Perrin, 2017, 318 pages, 21€

 

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Un racisme imaginaire

Broché: 272 pages
Editeur : Grasset (1 février 2017)
Collection : essai français
Langue : Français
ISBN-10 : 2246857570
ISBN-13 : 978-2246857570
Dimensions : 14 x 2,3 x 20,3 cm

 Un racisme imaginaire

La nature humaine est parfois curieuse. Si l’on considère l’histoire politique du siècle dernier, on constate que les ennemis de la démocratie ont toujours trouvé des alliés sincères dans l’autre camp. De tous les pays de l’Europe se sont levés des collaborateurs du nazisme. Quant au communisme, il bénéficiait, en Occident, de l’aide des compagnons de route. Rebelote avec ce que d’aucuns nomment le totalitarisme islamique. Souvent issus de la gauche extrême, des naïfs trouvent toutes sortes d’excuses aux terroristes, nouveaux damnés de la terre qui, dans la conscience des déçus du tiers-mondisme à la sauce socialiste, incarnent l’espérance jadis portée par une classe ouvrière désormais aux abonnés absents. « L’avenir retiendra qu’au XXI° siècle, précise Pascal Bruckner, une large fraction des intelligentsias occidentales pactisa avec le totalitarisme intégriste comme leurs aînés avaient communié avec le nazisme ou le communisme. » (p. 82) L’aliment premier de ce soutien est fourni par la culpabilité post-coloniale. A cause des prétendus péchés commis en Asie ou en Afrique au XIX° siècle, l’Europe n’en a pas fini avec sa mauvaise conscience. En conséquence, elle doit s’excuser, battre sa coulpe. Cela conduit à un embrouillamini intellectuel qui tend à trouver des excuses aux poseurs de bombes, à relativiser la haine qu’ils portent à l’Occident. L’auteur du Sanglot de l’homme blanc n’a pas de mots assez durs à l’égard des collaborateurs des terroristes qui poussent le relativisme jusqu’à ne pas choisir leur camp. Comme il l’écrit, l’anticolonialisme est devenu « le cache-misère des soldats désœuvrés du progressisme » (p. 186) L’essai de P. Bruckner n’est pas un brûlot contre l’islam. Au contraire, il appelle les musulmans à rouvrir les portes de l’interprétation afin de débarrasser leurs Ecritures des ruisseaux de sang qui les innervent. Le souhait est à saluer, mais sera-t-il suffisant ?

 

Pascal Bruckner, Un racisme imaginaire, Grasset, 2017, 256 pages, 19€

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La longue montée de l’ignorance

Broché : 304 pages
Editeur : First (23 mars 2017)
Langue : Français
ISBN-10 : 2412015511
ISBN-13 : 978-2412015513
Dimensions : 14 x 2 x 22,5 cm

 La longue montée de l’ignorance

Il n’est qu’à ouvrir ses yeux et ses oreilles pour se rendre compte de la menace qui vient. Jadis sournoise, elle avance aujourd’hui fièrement, revendiquant son absorption d’une partie de plus en plus importante de la population. Dans un ouvrage solidement étayé, Dimitri Casali revient sur les raisons et l’état des lieux de la catastrophe culturelle que connaît le pays depuis quelques dizaines d’années. Il n’a pas tardé à constater, effaré, les progrès de l’inculture, le manque d’appétit pour le savoir, la relégation aux marges de l’analyse critique et de la capacité d’une réflexion bâtie sur le temps long capable de s’affranchir des impératifs liés à la communication… Dans une première partie, l’auteur s’emploie à définir l’ignorance puis, dans une seconde, à placer celle-ci dans le cadre des nouvelles technologies. Il est vrai qu’Internet, avec ses encyclopédies en ligne, est sans doute un instrument efficace mais qui nuit à l’esprit critique, au raisonnement étayé, à la classification des arguments… bref, à tout ce qui permet de consolider une réflexion honnête et libre. Comment ne pas être d’accord avec le constat dressé par D. Casali : l’inexorable ascension d’une inculture fièrement revendiquée, à commencer dans certains médias qui galvaudent systématiquement la culture et ses expressions ? De même, comme l’auteur, il faut s’inquiéter de l’impérialisme des écrans et de l’imprégnation des réseaux sociaux sur la jeunesse, qui donne une fausse image du savoir, le ringardisant à outrance, et bâtissent la vie sur la seule exigence de l’utilitarisme. Cela dit, l’auteur se cantonne à un constat, ne donnant que rarement quelque possibilité d’échapper à l’invasion de la sottise. Autre faiblesse du livre : le lien religion et culture est trop sommairement traité. Le catholicisme a connu Torquemada, mais aussi saint Augustin, saint Thomas d’Aquin, Mauriac et Bernanos. C’est dire ainsi le côté un peu superficiel de cette analyse.

 

Dimitri Casali, La longue montée de l’ignorance, First Editions, 2017, 256 pages, 16.95 €

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Le crépuscule des idoles progressistes

Broché : 300 pages
Editeur : Stock (1 février 2017)
Collection : Essais – Documents
Langue : Français
ISBN-10 : 2234079810
ISBN-13 : 978-2234079816
Dimensions : 13,5 x 2 x 21,5 cm

 Le crépuscule des idoles progressistes

Décidément, la France aime les idées et les batailles d’idées. Il y a peu, les observateurs soulignaient la fin de la querelle gauche – droite au prétexte que les frontières idéologiques avaient cédé devant l’individualisme et la consommation. L’ouvrage de Bérénice Levet, confirmé par tant d’autres livres, d’articles et d’interviews, remet avec force les pendules à l’heure : non, le débat d’idées n’est pas mort. S’adaptant et se renouvelant au gré des fluctuations de la société, il reprend des couleurs. La meilleure preuve en est les élections présidentielles, les deux candidats épousant de près la doxa propre à leur camp, progressiste d’un côté, réactionnaire de l’autre. Mondialisation, culte du progrès, ouverture à l’autre, à gauche ; défense des identités, amour de la tradition, volonté de ne pas se faire submerger, à droite. Mais, comme le fait remarquer Bérénice Levet, les situations de départ n’étaient pas les mêmes, la gauche ayant, depuis 1945, préempté les fruits idéologiques d’un débat déserté pour partie par une droite enchevêtrée dans le marais de la Collaboration. Misant sur l’appauvrissement d’une pensée autrefois largement dominante, l’auteur alimente les ressorts des vieilles « passions françaises » (Theodor Zeldin). L’enracinement de l’homme, la transmission du passé, l’assignation d’un rôle majeur dévolu à l’école, le droit des peuples à la continuité historique, telles sont les idées fortes que porte Le crépuscule des idoles progressistes. Dans une société aussi atomisée que la nôtre, il vaut la peine de se pencher sur des questions dont, esprit partisan ou pas, tout citoyen sérieux ne saurait faire l’économie. Estimant que le progressisme « a programmé l’obsolescence de l’être occidental », B. Levet postule la venue d’un citoyen capable de s’enthousiasmer pour l’héritage civilisationnel dont il est porteur. En ces temps portés au nihilisme, un livre à considérer avec le plus vif intérêt.

 

Bérénice Levet, Le crépuscule des idoles progressistes, Stock, 2017, 265 pages, 19.50 €

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Notre ennemi, le capital

Broché : 320 pages
Editeur : FLAMMARION (11 janvier 2017)
Collection : CLIMATS NON FIC
Langue : Français
ISBN-10 : 2081395606
ISBN-13 : 978-2081395602
Dimensions : 21 x 2 x 13,7 cm

 Notre ennemi, le capital

En dépit de tous les défauts qu’on lui connaît, on ne voit pas ce qui pourrait, non pas mettre fin, mais au moins atténuer l’impérialisme du système capitaliste. Comme le rappelle la phrase du philosophe slovène Slavoj Zizek figurant sur la jaquette du livre de Jean-Claude Michéa : « Il est aujourd’hui plus facile d’imaginer la fin du monde que celle du capitalisme. » Intellectuel de gauche, enrageant devant les reculades incessantes des gouvernements de gauche face aux dégâts de la mondialisation libérale, Jean-Claude Michéa ne cesse de rompre des lances avec le capitalisme d’aujourd’hui, ce capitalisme financier, prédateur et glouton, celui qui violente l’identité des peuples et leurs traditions. Au départ, il s’agissait pour l’auteur de répondre à des questions qui lui avaient été posées par un site internet tenant pour la décroissance. A la manière des rares auteurs qui ajoutent plus de pages dans les notes que dans le corps principal du texte, l’auteur a ajouté à ses réponses ce qu’il appelle des scolies, notes servant à aller plus loin. Notre ennemi, le capital dit l’ensemble des raisons qui poussent Jean-Claude Michéa à détester le système capitaliste. Ce faisant, il réhabilite des penseurs qui, depuis quelques décennies, avaient été tenus pour quantité négligeable : les socialistes utopistes français et Marx en particulier. Mais, en définitive, ce qui apparaît, c’est la conjonction intellectuelle qui unit un homme de gauche comme Michéa à un intellectuel de droite comme Alain de Benoist, tous deux partisans d’un retour aux limites et à la raison. Une union plus utile que jamais face à celle qui rassemble, comme le rappelait il y a peu Jacques Julliard, les fidèles « les pages saumon du Figaro et les pages arc-en-ciel de Libération. »

Jean-Claude Michéa, Notre ennemi, le capital, Flammarion, 2017, 316 pages, 19€

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Plus rien à faire, plus rien à foutre

Broché : 198 pages
Editeur : Robert Laffont (23 février 2017)
Langue : Français
ISBN-10 : 2221198662
ISBN-13 : 978-2221198667
Dimensions : 13,6 x 1,8 x 21,6 cm

  » Plus rien à faire, plus rien à foutre  »

Pour simplifier et sacrifier aux besoins de sa démonstration, Brice Teinturier, directeur de l’Institut Ipsos, a choisi de nommer « PRAFistes » ainsi tous ces Français qui, au mieux sont devenus totalement indifférents à la vie politique ou, au pire, hésitent entre résignation et colère. Ce que l’auteur appelle de l’appellation un peu obscure de « PRAF attitude » est constituée par une force qui monte inexorablement au sein du corps électoral : ces citoyens dégoûtés par la droite et la gauche mais qui ne sont pas prêts à rejoindre les rangs du Front National et qui expriment un sentiment de rejet profond à l’égard de l’ensemble de la classe politique. Plutôt que de s’arrêter à ce titre racoleur, mieux vaut insister sur le sous-titre : « La vraie crise de la démocratie ». Alors que le peuple français s’apprête à élire le prochain Président de la République puis de nouveaux députés, comment ne pas être effaré devant cette dissidence larvée de plusieurs millions d’électeur que Brice Teinturier place en toile de fond ? Dans une première partie, l’auteur passe en revue ce qu’il appelle les racines du mal : les mutations d’une information qui fait du sensationnel un principe de base, le manque de résultats des politiques publiques, le rejet d’une fiscalité qui frappe de plein fouet les classes moyennes, une classe politique manquant singulièrement de vision. Le diagnostic dressé par l’auteur est imparable ; nous vivons dans une « société d’exaspération où l’exigence de liberté individuelle prévaut de plus en plus ouvertement sur le souci de l’intérêt général. » (p. 179) Pour lutter contre l’attitude désabusée de ceux qui « n’en ont plus rien à faire », on pourrait compter sur divers leviers. Des politologues travaillent sur une autre forme de démocratie, tantôt l’une donnant un rôle premier aux experts, tantôt une autre faisant des citoyens des leviers d’action susceptibles d’adopter ou de défaire la loi, etc. Comme on l’entend parfois, une autre façon de faire de la politique est possible, mais le temps presse.

 

Brice Teinturier, « Plus rien à faire, plus rien à foutre », Robert Laffont, 2017, 198 pages, 18€

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France 1940 : Défendre la République

Broché : 320 pages
Editeur : Perrin (16 mars 2017)
Langue : Français
ISBN-10 : 2262065608
ISBN-13 : 978-2262065607
Dimensions : 15,5 x 2 x 21,5 cm

 France 1940 : Défendre la République

Dès l’introduction, l’auteur donne le ton. Plutôt que de livrer une énième histoire de la catastrophe des mois de mai et juin 1940, Philip Nord a préféré « suggérer une approche sans intransigeance, nuancée, de la défaite française ». Il faut insister : là où d’autres auteurs comme Jacques Benoist-Méchin ou Alistair Horne décrivent par le menu le détail des opérations militaires et les affres des dirigeants politiques, abasourdis devant l’ampleur de la déroute, Philip Nord a préféré  considérer les événements de haut. Cette vision surplombante a le mérite de dégager des lignes de faîte qu’on a certainement eu tort de négliger. La thèse de l’universitaire américain se résume en quelques phrases : la France était bien seule dans son combat contre la puissance militaire germanique, les politiciens de la III° République avaient plutôt bien préparé l’outil militaire et la débâcle n’était pas inévitable. En un mot, le régime n’était pas aussi pourri que certains, par esprit de revanche ou de haine à l’égard de la république, ont voulu le dire. Certes, nombreuses furent les défaillances mais elles ne sauraient expliquer à elle seule la catastrophe qui s’abattit sur le pays. Pour l’auteur, en dépit de ses faiblesses et dans la mesure où la France constituait la première ligne des nations démocratiques contre l’ennemi commun, elle s’est comportée de façon très honorable. Ce qui a abattu le régime est plutôt à chercher du côté des ennemis du régime républicain, ces partisans d’un régime autoritaire qui, à l’instar de Pétain, assimilaient la République à la chienlit. C’est cette contestation interne, ce manque de confiance à l’égard des institutions, cette défiance de l’avenir qui a contribué, presque aussi sûrement que les blindés de la Whermacht, à liquider le régime et à abattre le pays. En quelques courts chapitres, Philip Nord renouvelle la compréhension d’événements qui ont marqué durablement la société française.

 

Philip Nord, France 1940. Défendre la République, Perrin, 2017, 232 pages, 19.90€

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Churchill, stratège passionné

Broché : 280 pages
Editeur : Perrin (24 novembre 2016)
Collection : MTRE DE GUERRE
Langue : Français
ISBN-10 : 2262050473
ISBN-13 : 978-2262050474
Dimensions : 16,3 x 3,3 x 21 cm

 Churchill, stratège passionné

L’excellente collection « Maître de guerre » délaisse les militaires pour s’intéresser aux politiques. Il faut dire qu’il ne s’agit pas de n’importe quel homme politique et que celui auquel s’intéresse François Kersaudy est un être ô combien singulier. Tout, dans l’itinéraire de Winston Churchill, s’est déroulé sous le signe de l’exception. Collégien peu doué, ce descendant du grand Malborough s’intéresse tôt à la chose militaire. Aventurier et indiscipliné, il est cavalier en Inde. Quittant l’armée, le voilà reporter de guerre en Afrique du Sud durant la Guerre des Boers. Député et ministre alors qu’il a tout juste trente ans, il est Premier Lord de l’Amirauté à la déclaration de la guerre de 14-18. La suite, on la connaît… surtout ces épisodes où, tenant tête à l’Allemagne hitlérienne, il promet au peuple anglais du sang, de la sueur et des larmes. Tout au long de ce récit vivant, agrémenté de cartes et d’images toujours très significatives, François Kersaudy livre l’image d’un excentrique bon vivant, passionné par l’armée, joueur, plein d’idées, tantôt excellentes, parfois saugrenues. Doté d’une prescience extraordinaire et d’un sens de la formule faisant souvent mouche, W. Churchill connut aussi quelques ratés majeurs dus à une imagination débridée l’amenant à jouer gros sans avoir beaucoup d’atouts dans son jeu. Ce Churchill montre les multiples facettes d’un personnage dont on se demande si, par ses multiples activités, il n’a pas eu plusieurs vies. Et puis, cerise sur le gâteau, impossible de s’ennuyer en compagnie de cet amoureux du whisky soda, francophile et amateur de bons mots. On se souvient par exemple de l’exclamation qu’il poussa quand il apprit l’obtention du Prix Nobel de littérature : « Je ne savais pas que j’écrivais si bien. » F. Kersaudy dresse le portrait vivant d’un homme sacrément attachant.

 

François Kersaudy, Churchill, stratège passionné, Perrin, 2017, 443 pages, 24€