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Littérature Recensions

Dictionnaire des mafias et du crime organisé

Éditeur ‏ : ‎ Perrin (28 janvier 2021)
Langue ‏ : ‎ Français
Broché ‏ : ‎ 432 pages
ISBN-10 ‏ : ‎ 2262041156
ISBN-13 ‏ : ‎ 978-2262041151
Poids de l’article ‏ : ‎ 550 g
Dimensions ‏ : ‎ 14.1 x 6 x 21 cm

C’est un tour du monde de l’industrie du crime et de ses dérivés (trafics en tous genres, prostitution, etc.) auquel nous invite Philippe Di Folco. Avec toutefois une insistance mise sur l’installation de la mafia italienne dans le Nouveau Monde, celle qui a fait les beaux jours des films de Martin Scorcese (cf. Casino). A travers la biographie des personnages qui défilent, comme ceux de Lucky Luciano ou Meyer Lansky, apparaît la lutte implacable entre Irlandais et Italiens alliés à quelques juifs pour faire main basse sur l’économie souterraine (maisons de jeux, vente d’alcool, prostitution). Et lorsque ces groupes se font la guerre, on dénombre les morts par centaines, la fin dépassant de loin les moyens mis en œuvre. A noter, le coup de chapeau que l’auteur adresse aux autorités italiennes : « On accable beaucoup l’Italie comme étant ingérable, mais ce pays […] a su montrer un courage extraordinaire, un sens du sacrifice et du devoir pour restaurer l’Etat de droit et ce depuis l’assassinat du juge Falcone en 1992. » Bref, une somme complète sur un thème ô combien original et peu traité.

Philippe Di Folco, Dictionnaire des mafias et du crime organisé, Perrin, 2021, 427 pages, 24 €

L’extrait : « Par la force, Escobar reprend l’empire qui rapportait à Blanco en 1980 un milliard de dollars par an. La connaissance du maquis colombien et sa volonté d’être avec et pour le peuple constituent le principal atout d’Escobar et le point faible de la DEA. » (p. 143)

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Histoire Recensions

Les maréchaux de Staline

Éditeur : Perrin; Illustrated édition (21 janvier 2021)
Langue : Français
Broché : 600 pages
ISBN-10 : 2262085382
ISBN-13 : 978-2262085384
Poids de l’article : 760 g
Dimensions : 16.5 x 3.7 x 24 cm

Sur les 38 maréchaux que Staline a nommés, 15 sont présentés, figures très diverses allant des plus connus, comme Joukov et Koniev, aux plus obscurs comme Koulik ou Egorov. Quelles conclusions peut-on tirer de cette lecture passionnante ? Que la plupart de ces militaires ont connu la guerre civile, généralement combattant dans les rangs des armées rouges. Certains – Joukov et Chapochnikov – étaient des soldats du tsar. A la tête de leurs troupes, la plupart avaient peu de considération sur le bien-être et la vie du simple troupier. Il y avait les colériques, les irascibles qui, comme Joukov, n’hésitaient pas à frapper leurs subordonnés. Plus rares étaient ceux, comme Govorov, qui avaient le souci de la vie du soldat ou qui, comme Chapochnikov, possédaient les manières anachroniques propres à l’ancien monde. La venue du communisme a imposé une brutalisation qui a englobé l’ensemble de la société et l’Armée rouge n’y a pas échappé. Il n’était pas étonnant, dans ces conditions, de voir des maréchaux qui, tout en ayant le droit de vie et de mort sur des centaines de milliers d’hommes, trembler devant le maître du Kremlin, détenteur d’un pouvoir rarement vu dans l’histoire.

Jean Lopez & Lasha Otkhmezuri, Les maréchaux de Staline, Perrin, 2021, 534 pages, 25 €

L’extrait : « En infligeant des défaites à Vorochilov, Boudienny et Timochenko, les Allemands ont déblayé la route  pour Rokossovski, Koniev, Bagramian et Tcherniakhovski. » (p. 19)

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Littérature Recensions

Napoléon : dictionnaire historique

Éditeur : Perrin (3 septembre 2020)
Langue : Français
Broché : 1040 pages
ISBN-10 : 2262079161
ISBN-13 : 978-2262079161
Poids de l’article : 1.1 kg
Dimensions : 15.6 x 3.6 x 24.1 cm

Tout dire sur Napoléon et l’Empire relève de la gageure. Mais telle n’était pas l’ambition de l’auteur, lequel se contente, si l’on peut dire, de raconter Napoléon en quelque 250 fiches, certaines ayant la longueur d’articles couvrant trois à quatre pages. Le choix opéré est des plus éclectiques. De copieux articles sont consacrés à des questions assez inattendues comme le théâtre et la musique. Le rôle des frères et sœurs de Napoléon, via les biographies de Jérôme et Lucien, est bien mis en perspective. Celui des militaires également, comme celui des administrateurs, des diplomates et ainsi de suite. Bref, l’Empire de Napoléon, c’est un monde, un monde riche et foisonnant qui a jeté ses feux jusque dans le domaine de la mode et du mobilier. Au passage, T. Lentz tord le cou aux mauvaises langues faisant de Napoléon un dictateur, voire le prédécesseur d’un certain Adolf Hitler. Il est bon qu’une voix aussi sûre que celle de T. Lentz laisse entendre que « le pouvoir napoléonien, sans être ni libéral ni représentatif (au sens actuel), n’était pas exercé arbitrairement, mais en fonction de normes édictées précédemment. » (p. 263)

Thierry Lentz, Napoléon. Dictionnaire historique, Perrin, 2020, 997 pages, 29 €

L’extrait : « Napoléon n’était pas plus « raciste » que ses contemporains pour qui la question de l’esclavage n’était pas prioritaire. » (p. 381)

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Biographies Recensions

Brejnev

Éditeur : Perrin (28 janvier 2021)
Langue : Français
Broché : 400 pages
ISBN-10 : 2262070210
ISBN-13 : 978-2262070212
Poids de l’article : 470 g
Dimensions : 14.1 x 3 x 21.1 cm

Les plus jeunes n’ont pas connu Leonid Brejnev ; pour eux, il n’est qu’un nom dans les livres d’histoire. Les autres se souviennent que Brejnev était le secrétaire général du Parti Communiste de l’Union Soviétique (PCUS) dans les années 1960-1970. L’auteur distingue les deux champs d’action de l’ancien Secrétaire Général. Au plan diplomatique, de concert avec des présidents américains, il initia la politique de la détente, rendant la guerre nucléaire de plus en plus improbable. Ses relations avec les chefs d’Etat occidentaux furent généralement bonnes, chacun s’accordant à trouver le Soviétique patelin et bonhomme. Là où le bât finit par blesser  relevait du domaine intérieur. Sous Brejnev, le ver était dans le fruit. En face de secteurs performants (armement, recherche spatiale) il existait trop de domaines défaillants (produits de consommation, industrie légère…) qui finirent par plomber définitivement le système. Ce Brejnev donne à voir un homme plutôt actif, plein de bonne volonté, mais dépassé par les signes de la débâcle qui mena à la chute du système en 1989.

Andreï Kozovoï, Brejnev, Perrin, 2021, 459 pages, 24 €

L’extrait : « Les Russes regrettent en réalité moins Brejnev  que son époque, synonyme de stabilité et de rayonnement dans le monde. » (p. 413)

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Histoire Recensions

Napoléon et de Gaulle

Éditeur : Tempus Perrin (17 septembre 2020)
Langue : Français
Poche : 480 pages
ISBN-10 : 226208792X
ISBN-13 : 978-2262087920
Poids de l’article : 280 g
Dimensions : 10.8 x 2.4 x 17.8 cm

Ne tournons pas autour du pot : ce Napoléon et de Gaulle, signé par ce spécialiste de la Révolution et de l’Empire qu’est Patrice Gueniffey, est un très grand livre d’histoire. Style impeccable, maîtrise totale du sujet, vues en surplomb des personnages et des périodes considérées, Napoléon et de Gaulle est un livre à lire et à relire. Au-delà de la simple comparaison biographique de deux militaires faits pour la politique et la marche des grandes affaires, Patrice Gueniffey dresse un portrait sans concession de l’état du pays. Fini les guerres et les conflits, terminé le temps de jouer à une grande puissance qui n’en a plus les moyens, achevé les grandes ambitions… Reste la médiocrité du quotidien, une classe politique impuissante qui a délégué le pouvoir régalien à des organismes supranationaux. Parmi les autres qualités que l’on peut accorder à ce remarquable ouvrage, retenons les considérations sur l’enseignement de l’histoire et le piètre état de la culture général, les valses hésitations d’un pays qui a troqué la grandeur – laquelle, selon de Gaulle, ne se marchandait pas – aux bêtes joies de la consommation et du divertissement.

Patrice Gueniffey, Napoléon et de Gaulle, Tempus, 2020, 492 pages, 10€

L’extrait : « Pour de Gaulle, l’art du commandement est l’art de cultiver la distance, pour Napoléon l’art de l’effacer. » (p. 247)

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Actualités Recensions

Une guerre sans fin

Éditeur : Les éditions du Cerf (13 janvier 2017)
Langue : Français
Broché : 480 pages
ISBN-10 : 220411782X
ISBN-13 : 978-2204117821
Poids de l’article : 760 g
Dimensions : 15.5 x 3.5 x 24 cm

La guerre sans fin dont parle Pierre Lellouche est ce conflit planétaire qui oppose l’Occident à l’islamisme, un combat sans merci entre deux systèmes, deux conceptions du monde totalement antinomiques. Cette lutte possède deux faces : le front extérieur et la sécurité intérieure. Une victoire vient d’être enregistrée dans la première avec la fin de Daesh, mais elle ne sera certainement pas suffisante pour annihiler l’hydre djihadiste. Pour l’auteur, nous ne sommes qu’au début d’un processus inéluctable. L’explosion démographique que va connaître l’Afrique risque d’entraîner un mouvement migratoire susceptible d’entraîner le naufrage de la vieille Europe. Parmi tous ces migrants, une majorité de musulmans. Poser, comme le fait l’auteur, la question de savoir si demain l’Europe ne sera pas majoritairement musulmane n’est pas incongrue. Ne sommes-nous pas en effet d’assister à un bouleversement démographique et anthropologique de première grandeur ?

Pierre Lellouche, Une guerre sans fin, Cerf, 2017, 482 pages, 24 €

L’extrait : « Comme elles (les élites françaises) continuent, pour beaucoup, de nier l’autre face du drame qui commence sous nos yeux, la lente mais inexorable métamorphose du pays […] » (p. 14)

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Histoire Recensions

Charles le Téméraire

Éditeur : Perrin (5 février 2015)
Langue : Français
Broché : 480 pages
ISBN-10 : 2262043027
ISBN-13 : 978-2262043025
Poids de l’article : 660 g
Dimensions : 15.6 x 3.7 x 24.1 cm

Qui, dans les jeunes générations, connaît encore la vie du flamboyant duc de Bourgogne, le « grand-duc d’Occident », Charles le Téméraires (1433-1478) ? Les plus âgés, se remémorant des souvenirs d’école, ont peut-être gardé à l’esprit ces images où se faisaient face à face le flamboyant Charles et le tortueux Louis XI. D’un côté le matamore à l’imagination débordante, attifé comme un satrape oriental ; de l’autre, un roi perfide, ennemi du luxe et de forfanterie, tissant sa toile pour mieux étouffer son ennemi. On sait comment s’acheva cette inexpiable lutte : par la mort du duc au siège de Nancy, son ultime défaite, celle qui devait précipiter l’écroulement définitif de cette construction hétérogène et mal agencée qu’étaient les Etats bourguignons, l’ancienne Lotharingie, couvrant l’espace situé entre le Rhin et la Meuse, limité au sud par le duché de Bourgogne et le comté de Bourgogne. Avec le souci pédagogique qui est le sien, la sûreté de ses sources et l’intelligence du propos, Georges Minois a réussi là une biographie de bout en bout impeccable. Sous sa plume, ce qui paraît obscur s’éclaircit, le complexe devient plus simple.

Georges Minois, Charles le Téméraire, Perrin, 2015, 543 pages, 25€

L’extrait : « En dix ans, il (Charles le Téméraire) a réussi à anéantir un siècle de patients efforts de trois générations de ducs de Bourgogne. » (p. 507)

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Actualités Recensions

Théorie de la dictature

Éditeur : Robert Laffont (9 mai 2019)
Langue : Français
Broché : 234 pages
ISBN-10 : 2221241754
ISBN-13 : 978-2221241752
Poids de l’article : 300 g
Dimensions : 13.5 x 2.1 x 21.5 cm

Avec cette Théorie de la dictature, Michel Onfray poursuit son petit bonhomme de chemin dans son aversion de ce qui est en train de se mettre en place : l’individualisme forcené, la guerre de tous contre tous due à des droits de l’homme n’ayant plus de limite, la marchandisation du corps humain, la faillite de l’école, l’abandon de la culture et ainsi de suite. Ce monde qui vient, l’auteur en voit l’exacte incarnation dans l’Europe de Maastricht, la même qui est en train de faire de l’Europe une terre consacrée à la consommation et au tourisme. Cette mise en pièces de l’Etat maastrichien est toute entière conduite sous l’égide de la littérature, La ferme des animaux de George Orwell étant une prémonition du monde qui est déjà là. Comparant les livres d’Orwell avec l’état de la société occidentale, il ne fait pour l’auteur aucun doute que nous sommes entrés dans une dictature d’un type nouveau : dictature ne reposant pas sur la coercition mais sur la servitude volontaire.

Michel Onfray, Théorie de la dictature, Robert Laffont, 2019, 230 pages, 20€

L’extrait : « Qui disconviendra aujourd’hui que le portrait du totalitarisme brossé par Orwell fait songer peu ou prou à une peinture de notre époque ? La liberté y est en effet mal portée, la langue est attaquée, la vérité abolie, l’histoire instrumentalisée, la nature effacée, la haine encouragée et l’Empire est en marche. » (p. 189)

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Actualités Recensions

Le temps des gens ordinaires

Éditeur : FLAMMARION (14 octobre 2020)
Langue : Français
Broché : 208 pages
ISBN-10 : 2081512297
ISBN-13 : 978-2081512290
Poids de l’article : 140 g
Dimensions : 13.7 x 1.3 x 21 cm

En France, certains les appellent les « sans-dents », aux Etats-Unis, ils sont les « déplorables… « Ils », ce sont les gens ordinaires, les gens de peu, les Français moyens… Certains ont cru que c’en était fini des classes populaires, qu’elles appartenaient définitivement au passé. Christophe Guilluy vient ici rappeler qu’il convient de rester prudent et qu’au contraire les gens ordinaires ont plus que jamais leur mot à dire. Nous vivons un temps paradoxal. En effet, jamais l’idéologie progressiste (antiracisme, multiculturalisme, féminisme…) n’a été aussi dominante et jamais elle n’a été autant contestée par le monde d’en bas, lequel tient à son mode de vie, à ses traditions, à ses racines. Si Le temps des gens ordinaires paraît posséder moins d’unité que les ouvrages antérieurs du même auteur, comment ne pas approuver le but qu’il se donne qui est de faire en sorte que les petites gens ne soient pas oubliées ? De même, on appréciera les commentaires de l’auteur relatifs à la France d’en haut, suffisante et paternaliste.

Christophe Guilluy, Le temps des gens ordinaires, Flammarion, 2020, 200 pages, 19€

L’extrait : « Cette situation n’a débouché ni sur la guerre civile ni sur le fantasme publicitaire d’un vivre-ensemble en carton-pâte mais bien sur l’avènement d’une société nécrosée par le séparatisme et la paranoïa identitaire. » (p. 57)

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Biographies Recensions

Pierre le Grand

Éditeur : Perrin (5 mars 2020)
Langue : Français
Broché : 500 pages
ISBN-10 : 2262048142
ISBN-13 : 978-2262048143
Poids de l’article : 560 g
Dimensions : 15.5 x 3.8 x 24.1 cm

La biographie que vient d’écrire Thierry Sarmant au sujet du grand tsar (1682-1725) donne à voir l’exemple type de l’autocrate réformant son pays au forceps. Arrivé au pouvoir, Pierre trouve une Russie arriérée, figée dans ses traditions. Voyageur curieux, il découvre, effaré, les différences qui existent entre un Occident à la pointe de la modernité et une Russie aux structures largement médiévales. C’est cet écart qu’il n’aura de cesse de combler, par la force, quitte à être impopulaire en bouleversant des traditions séculaires. C’est à un rythme effréné que Pierre multiplie les changements, suscitant de multiples oppositions dans la noblesse et le peuple, critiques que l’autocrate fait taire par la force si la persuasion ne suffit pas. Thierry Sarmant donne à voir une personnalité plus complexe que ne le laisse supposer le physique du tsar : un géant (2 mètres !) pour l’époque. L’œuvre réformatrice du tsar est si gigantesque que l’auteur le place du côté de grands réformateurs, par exemple l’empereur Meiji au Japon et  Mustapha Kemal en Turquie. Une solide biographie.

Thierry Sarmant, Pierre le Grand, Perrin, 2020, 557 pages, 26€

L’extrait : « C’est bien par ses réformes intérieures plutôt que par ses campagnes ou ses conquêtes que Pierre tient une place exceptionnelle dans l’histoire. » (p. 426)