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Recensions Religion

Charles le Catholique : De Gaulle et l’Eglise

Broché: 389 pages
Editeur : Plon (3 novembre 2011)
Langue : Français
ISBN-10: 2259212573
ISBN-13: 978-2259212571
Dimensions : 23,8 x 15,4 x 3,6 cm

 Charles le Catholique

Le livre de Gérard Bardy, Charles le Catholique, n’est pas le premier à mettre en scène la foi du Général de Gaulle. Michel Brisacier l’avait fait en son temps avec un livre intitulé La foi du Général ; de même qu’Alain Larcan avec De Gaulle inventaire. La culture, l’esprit, la foi. Bien d’autres ont été écrits sur ce thème : les convictions profondes qui animaient ce « souverain » (J. Lacouture). Cette abondance n’est pas le fruit du hasard. La foi du Général de Gaulle est  une sorte de foi du charbonnier, empreinte de piété et de référence constante à l’Ancien Testament et à l’Evangile. Sa correspondance privée est émaillée de citations bibliques. Souvent il fait référence à l’abnégation, à l’esprit de sacrifice, à l’héroïsme… Ce n’est pas le train-train qui l’intéresse, mais les vertus qui suscitent l’espérance. Tout, dans son attitude, atteste l’héritage catholique, familial d’abord, scolaire ensuite : élevé dans une famille très croyante le jeune Charles de Gaulle avait fait ses études chez les jésuites ; il en a été durablement marqué. « Son acceptation des sacrifices,  […]  son souci permanent de la dignité de l’homme, son respect de la morale tant privée que publique, le caractère sacré qu’il donne à la famille, sa relation à la souffrance, au handicap et à l’argent, ses manifestations de charité chrétienne faites avec une extrême discrétion » (p. 12) tout chez De Gaulle indique la prégnance d’une foi catholique indissociable des grandes heures de l’histoire de France. Toute laïque qu’elle est, la France demeure toujours dans son esprit « la fille aînée de l’Eglise ».

Toute sa vie De Gaulle manifesta une foi profonde. S’il savait, en tant que président d’une République laïque, marquer la distinction entre ce qui ressort du comportement public du privé, il était enclin à avoir de la France une image puisée dans la littérature chrétienne. Dans ses discours et ses allocutions les mots à connotation religieuse sont légion. En privé, sous une grande pudeur, le Général de Gaulle manifestait une grande piété. Devant la grandeur divine, il n’hésite pas à se reconnaître humble pécheur.

Gérard Bardy nous gratifie d’un ouvrage remarquable, autant par la facilité de lecture que par la sûreté de l’information. De Gaulle fut sa vie entière imprégné des valeurs classiques du catholicisme. Finalement, tant par son style que par ses croyances, De Gaulle apparaît comme un homme du XIX° siècle, un siècle qui, contrairement au mot féroce de Léon Daudet, fut loin d’être stupide

Gérard Bardy, Charles le Catholique : De Gaulle et l’Eglise, Plon, 2011, 385 pages, 22 €

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Recensions Témoignages

Le prix à payer

Broché
Editeur : Editions de la Loupe (22 octobre 2010)
Collection : Récit
Langue : Français
ISBN-10: 2848683406
ISBN-13: 978-2848683409
Dimensions : 21,8 x 14,8 x 2,6 cm

 Le prix à payer

Alors qu’en Occident on n’a jamais construit autant de mosquées, la situation des chrétiens en pays musulmans demeure des plus précaires. Mais ce n’est pas la pire. Quitter l’islam pour une autre religion, autrement apostasier, ou tout simplement prendre le parti de l’athéisme ou de l’agnosticisme est pratiquement impossible. Ou alors à ses risques et périls. C’est dans sa chair, au péril de sa vie, que Joseph Fadelle a fait l’expérience de cette impossibilité : abjurer l’islam, c’est être un traître. Quand on sait à quel point l’honneur familial est important dans les sociétés musulmanes, un traître n’a droit à aucune pitié. C’est sur sa propre tentative d’assassinat par ses frères que commence Le prix à payer. L’essentiel reste la conversion de ce chiite irakien, héritier d’une famille puissante, et qui aurait eu tout à gagner à demeurer musulman, quitte à vivre dans l’hypocrisie. Oui, mais voilà, la rencontre personnelle qu’il fait avec le Christ, dans la personne d’un compagnon de chambrée chrétien, va complètement bouleverser le cours de sa vie. Témoignant au début de beaucoup de morgue à l’égard de Massoud, le chrétien, il en vient à s’intéresser à la vie de Jésus de Nazareth, à lire les Evangiles. Et là, stupéfaction ! La grâce du Christ opère, par la lecture et par un songe dans lequel l’auteur reconnaît le Christ qui lui offre le « pain de vie ». La suite, Joseph Fadelle – anciennement Mohammed – la décrit avec une simplicité et une force qui rendent la lecture passionnante : le reniement de son père, la rencontre avec des prêtres et des religieuses, la proximité toujours plus grande du Christ, une vie quotidienne entre peur et dissmulation… En 2001, Joseph Fadelle et sa famille gagnent la France via la Jordanie.

Œuvre poignante, Le prix à payer raconte l’inexorable descente aux enfers de ces musulmans qui choisissent par conviction de devenir chrétiens. Une question qui devrait être au cœur du dialogue islamo-chrétien. Le respect des consciences ne peut pas être unilatéral.

 
Joseph Fadelle, Le prix à payer, Editions de l’œuvre, 2010, 221 pages, 19 € (également disponible en Pocket)

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Recensions Religion

Manuel de théologie fondamentale

Broché: 874 pages
Editeur : Cerf; Édition : Nouvelle (7 novembre 1990)
Collection : Cogitatio Fidei
Langue : Français
ISBN-10: 2204031194
ISBN-13: 978-2204031196
Dimensions : 21,4 x 13,2 x 4,4 cm

 Manuel de théologie fondamentale

Il n’y a pas qu’en économie, dans le dialogue social ou en sport que les Allemands sont bien placés. La production livresque germanique est également digne du plus haut intérêt. Au minimum, elle indique l’excellence de la patrie de Goethe dans le domaine intellectuel. Depuis environ deux siècles, dans un certain nombre de sciences les Allemands sont à la pointe. En matière d’exégèse biblique et de recherches théologiques, ils sont parmi les meilleurs, si ce n’est les premiers. Au XIX° siècle, ils avaient Strauss et Harnack. Au XX° siècle, ils ont eu Rahner, Ratzinger… ainsi que toute une pléiade de théologiens, protestants et catholiques, de très haut niveau. Tant en matière d’exégèse, de droit canonique, de liturgie ou de dogmatique, la production allemande compte parmi ce qui se fait de mieux. Le jésuite Hans Waldenfels fait partie de ces théologiens. Son Manuel de théologie fondamentale – un pavé ! – constitue un travail très longue haleine. Le résultat, sous forme de synthèse, est impressionnant. En cinq parties d’égale longueur (la théologie et son contexte, Dieu, le Christ, l’Eglise, l’Evangile), H. Waldenfels donne l’essentiel de ce qu’il y a lieu de savoir une fois que l’on a abordé cet immense continent qu’est la théologie, y compris la pensée qui entend la réfuter : l’athéisme. La construction de l’ouvrage est typique du produit de l’Université allemande : toutes les informations données sont hiérarchisées, systématisées. Par exemple, le chapitre consacré à Jésus s’ouvre par une partie intitulée « Points de vue ». Comme il s’agit d’un manuel, ne sont pas exposés là les points de vue de l’auteur sur le Christ. Non, ce qui a intéressé l’auteur c’était de considérer ce qui était dit sur le Christ, vu d’en haut, d’en bas, de l’intérieur et de l’extérieur, ceci afin de ne rien oublier de ce que l’apologie ou la critique aurait pu produire sur le sujet.

 

La première édition de cet ouvrage datant de plus de vingt ans, on pourra trouver les sources quelque peu datées, c’est sans doute regrettable mais cette imperfection a le mérite de replacer l’ouvrage dans une époque ; il ne faut jamais oublier que la théologie est une discipline vivante. Evidemment, la lecture d’une telle masse est aride ; elle exige la pleine concentration du lecteur. Pourtant, une fois cet écueil dépassé, demeure l’ineffable plaisir d’avoir vogué du côté des cimes.

Hans Waldenfels, Manuel de théologie fondamentale, Le Cerf, 2010, 868 pages, 47.50 €

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Recensions Témoignages

Dans les forêts de Sibérie

Poche: 304 pages
Editeur : Folio (26 avril 2013)
Collection : Folio
Langue : Français
ISBN-10: 207045150X
ISBN-13: 978-2070451500
Dimensions : 17,8 x 10,8 x 1,2 cm

 Dans les forêts de Sibérie

Avec ce nouvel opus, Sylvain Tesson nous offre un incroyable bol d’air glacial, un air sibérien, à proximité du Lac Baïkal. Las de cette vie moderne qui ne fait plus la place au silence et à l’intériorité, l’auteur a vécu, durant six mois, une vie d’ermite au bord du Baïkal, le plus grand lac du monde, en pleine Sibérie, là où faire des centaines de kilomètres sans rencontrer âme qui vive ressort de l’ordinaire. Dans sa cabane, l’ermite volontaire savoure le temps qui passe, il prend plaisir à ne rien faire, à contempler le rythme des jours et des saisons. Notre Robinson Crusoë n’est pas venu les mains vides. Il est arrivé avec des vivres, du matériel, une caisse de livres, de la vodka et… des icônes orthodoxes, histoire de s’immerger pleinement dans l’éternelle Russie. Ah ! Lire Hemingway ou Camus, seul dans sa cabane, alors que le voisin le plus proche habite à quatre heures de marche, quelle volupté ! Bien sûr, il y a un prix à payer à cette fuite du monde : on ne revient pas indemne de six mois de solitude ou, à l’exception de quelques rares visites, les seuls êtres animés rencontrés sont des animaux sauvages. Il n’en reste pas moins que l’auteur met le doigt sur une aspiration, un fantasme que probablement beaucoup partagent : une vie simple, loin du charivari engendré par la vie moderne.

Pour s’évader d’un quotidien qu’ils jugent morne et routinier, nombreux sont-ils à prendre la route ou l’avion pour… s’entasser sur une plage des Antilles ou de Thaïlande. Ce qui paraît pour beaucoup le comble de l’exotisme ne souffre pas la comparaison avec l’expérience vécue par l’auteur qui, après avoir lu la Vie de Rancé, consigne ces lignes : « L’exotisme, c’est de naviguer dans les intrigues politiques, les chinoiseries de la cour versaillaise, les haines mazarines et les brûlures jansénistes pendant que le vent agite doucement les cèdres sibériens. » (p. 171).

On connaissait les qualités d’écriture de Sylvain Tesson. Le Prix Médicis qui a été décerné à ce livre est amplement mérité. De superbes trouvailles stylistiques – comme ce bel oxymore : « On ne se sent jamais aussi vivant que mort au monde », d’une grande vérité – donnent encore plus de corps à une oeuvre envoûtante.

 

Sylvain Tesson, Dans les forêts de Sibérie, Gallimard, 2012, 267 pages, 17.90 €

 

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Recensions Témoignages

La Traversée

Broché: 178 pages
Editeur : Parole et Silence Editions (2 février 2012)
Collection : DOCUMENTS
Langue : Français
ISBN-10: 2889180263
ISBN-13: 978-2889180264
Dimensions : 23,4 x 15,2 x 1,6 cm

 La Traversée

Le discours qui prévaut aujourd’hui est qu’il faut tout faire pour échapper à la souffrance. Toute épreuve est a priori à éviter ; elle est jugée inutile et malfaisante, il n’y a rien à en tirer. Dénégation et évitement sont rois. Le problème, c’est que si au final l’épreuve est la plus forte la personne risque la dépression, l’effondrement. Le cœur de ce livre, écrit à quatre mains, est de signifier qu’au lieu de bâtir des châteaux en Espagne, autant vivre pleinement sa condition d’homme et de femme. Mieux vaut vivre dans la vérité de cette condition assumée que dans les artifices d’un monde où ce sont les modes et les nouveaux cultes qui dictent les choix de vie.

La doxa contemporaine a fabriqué un monde artificiel où l’idée d’échec est tout simplement insupportable. Le problème c’est que la vie n’est pas un conte de fées et qu’il faut bien se confronter aux épreuves qu’elle envoie. Mgr Vincent Jordy, évêque de Saint-Claude, et Christine Rebourg-Roesler, psychothérapeute, réfléchissent en praticiens aux énormes enjeux de ces questions qui touchent la vie et la mort. L’un, au titre de l’accompagnement spirituel, l’autre, de l’accompagnement thérapeutique, insistent sur la nécessité de consentir au réel, de se confronter aux épreuves de la vie, pas par masochisme mais parce que la douleur de l’épreuve peut aider à grandir. L’euthanasie à l’égard des personnes en fin de vie et la sélection des embryons ne sont-elles pas des signes de ce désir d’évitement ? Des bien-portants jugent qu’une personne n’a pas d’intérêt à vivre, que sa vie sera une vallée de larmes. Cependant, assure la psychologue, « si la vie est douloureuse parfois, voire souvent, elle est légitime. Elle mérite d’être vécue de A à Z, avec toutes les nuances, les pleins et les déliés, les temps de silence et de révélation, à tous les âges. » « L’épreuve, ajoute l’évêque de Saint-Claude, est un élément profondément constitutif de la vie ; sans souhaiter pour autant d’épreuve à personne, celle-ci permet toutefois de creuser la noblesse d’une vie et de la mettre en pleine lumière. ». Consentir au réel est le premier pas, en tout cas le plus nécessaire, pour devenir pleinement homme. La Traversée réussit à inviter à cette prise de conscience.

 

Mgr Vincent Jordy & Christine Rebourg-Roeseler, La Traversée, Parole et Silence, 2012,173 pages, 18 €

 

 

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Actualités Recensions

Décivilisation

Broché: 216 pages
Editeur : Fayard (2 novembre 2011)
Collection : Documents
Langue : Français
ISBN-10: 2213666385
ISBN-13: 978-2213666389
Dimensions : 21,2 x 13,4 x 1,8 cm

 Décivilisation

Après La grande déculturation,  Renaud Camus revient à la charge contre l’époque contemporaine et ses travers. Dans La grande déculturation, il s’en prenait à l’école. Le changement d’appellation – le Ministère de l’Instruction Publique devenu Ministère de l’Education Nationale -, indiquait un changement de paradigme : l’Ecole est désormais chargée de suppléer les familles dans le registre de l’éducation. Une trentaine d’années après, le résultat est patent : tant l’école que la famille peinent à prendre en charge une jeunesse tiraillée entre modes éphémères et consommation. Avec Décivilisation, Camus insiste : quelles sont les causes profondes de ce qu’il faut bien appeler la mort de la culture ? Il le fait dans le style qui lui est propre : sans chapitre, en phrases longues… une écriture au final très personnelle. Si on suit bien sa pensée, c’est à se demander si la démocratisation de la culture n’est pas à l’origine de la disparition de cette dernière. Ce que l’auteur appelle l’hyper-démocratie a fait sortir « la démocratie de son lit politique pour la projeter dans des domaines qui, à première vue, ne lui sont guère congénitaux… » Parmi ceux-ci, la culture et la famille, lesquelles, en dernier ressort, ne peuvent, sous peine de disparaître, s’apparenter à des instances démocratiques. La consommation de masse entraîne un relativisme destructeur en matière culturelle.  Nombreuses sont les conséquences de ce déclassement de la culture. La langue, véhicule privilégié de toute civilisation, s’affadit, parsemée qu’elle est de niaiseries et de grossièretés. L’abandon du nom au profit du prénom, si commun à la télévision, est, mine de rien, le signe d’un véritable bouleversement anthropologique.  Le nom engage sa responsabilité, celle d’une lignée. En lieu et place voici venu le temps du gentil copinage celui du prénom roi, « marque d’une société désaffiliée, qui refuse l’héritage des pères ». Finalement, l’usage répété de ce dernier consonne bien avec une société « qui n’aspire qu’à se distraire, à s’étourdir, à oublier l’oubli. »  En 200 pages, Renaud Camus règle son compte à la société du divertissement, celle de « la vie sans pensée ». Ce combat, pratiquement perdu d’avance, vaut qu’on s’y intéresse tant ses conséquences risquent d’être incalculables.

 

Renaud Camus, Décivilisation, Fayard, 2011, 206 €, 17 €

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Recensions

Vendée : Du génocide au mémoricide

Broché: 444 pages
Editeur : Cerf (6 octobre 2011)
Collection : Politique
Langue : Français
ISBN-10: 220409580X
ISBN-13: 978-2204095808
Dimensions : 21,4 x 13,4 x 2,6 cm

 Vendée : Du génocide au mémoricide

La France est un pays curieux, prompt à faire la leçon au reste du monde mais incapable de réfléchir sur son propre passé. Le 23 janvier dernier,  le Parlement votait une loi pénalisant la négation du génocide arménien, loi faisant suite à une série de lois mémorielles plaçant l’histoire sous la coupe des politiques. Que l’on soit d’accord ou non, le fait est là : la loi a été votée. Or, n’est-il pas curieux de constater que la classe politique, si prompte à donner des bons et des mauvais points au reste du monde, demeure étrangement silencieuse dès qu’est évoqué le drame de la Vendée ? Comme reconnaître les massacres perpétrés en Vendée c’est mettre à mal le dogme républicain, pas touche ! Depuis bientôt trente ans Reynald Secher se bat pour que soit reconnue cette évidence : en 1793, la Convention et le Comité de salut public se sont rendus coupables d’un massacre qui a toutes les apparence d’un génocide. Contrairement au mythe officiel forgé depuis Michelet, la Vendée a été le théâtre d’une boucherie. Les estimations tournent autour de 120 000 morts, hommes, femmes et enfants. Quant au mot « génocide », il n’est pas usurpé : les Vendéens furent exterminés parce qu’ils étaient Vendéens.

Péguy disait : « Celui qui ne gueule pas la vérité lorsqu’il la connaît se fait le complice des menteurs et des faussaires ! » Rien n’est plus vrai s’agissant de la Vendée. Avec l’auteur, il faut bien le dire, le crier : la Convention a mené là une politique rationnelle, soigneusement pesée, d’anéantissement. Qu’on se souvienne des colonnes infernales, des noyades de Nantes, des exécutions sommaires (nourrissons y compris), embrochés, sabrés, brûlés vifs, etc. Un paroxysme dans l’horreur. Ce génocide, bien peu le dénoncent. Comme il n’est pas à l’honneur de la République, on préfère l’oublier, en enfouir le moindre souvenir. Au crime contre une population s’est ajouté un crime contre la mémoire, un « mémoricide ». Souhaitons qu’un jour la France regarde sans fard ce sinistre passé et que les parlementaires abrogent enfin « les lois d’anéantissement et d’extermination des 1er août et 1er octobre 1793, votées par leurs prédécesseurs. » (p. 15)

 

Reynald Secher, Vendée. Du génocide au mémoricide, Le Cerf, 2011, 444 pages, 24 €

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Histoire Recensions

Solférino : 24 juin 1859

Broché: 218 pages
Editeur : Librairie Académique Perrin (16 février 2012)
Langue : Français
ISBN-10: 226203706X
ISBN-13: 978-2262037062
Dimensions : 20 x 13,2 x 2,6 cm

 Solférino : 24 juin 1859

Le 24 juin 1859, à Solférino, en Italie septentrionale, l’armée franco-sarde emmenée par l’empereur Napoléon III battait l’armée autrichienne placée sous le commandement du tout jeune empereur François-Joseph. A cette époque, les nationalités commençaient tout juste à émerger ; l’Allemagne et l’Italie n’avaient pas encore réalisé leur unité. La guerre de ce temps-là oppose des empires. Elle a généralement lieu sur le sol européen. Plus tard, avec la colonisation, les conflits seront délocalisés outre-mer où l’on voudra se partager le monde à coups de zones d’influence. Sous ce regard, Solférino est une bataille importante car c’est elle qui marque le point de départ de l’unité italienne sous la prédominance de la Maison de Piémont – Savoie. Elle met en jeu des armements modernes : fusil à grande cadence de tir pour les Autrichiens, artillerie moderne chez les Français. Tactiquement, Solférino n’a rien à voir avec Austerlitz et Friedland. Le neveu est une bien pâle copie du grand oncle. La bataille de Solférino voit donc s’affronter deux énormes masses, front contre front, sans idée de manœuvre. Un tel affrontement ne peut que tourner à la boucherie. Le soir de la bataille,  un jeune Suisse du nom d’Henri Dunant parcourt, terrifié, le champ du massacre au milieu des cris de souffrance des blessés. Cette humanité à l’agonie ne peut être abandonnée sans soin : la Croix Rouge est née.

Pierre Pellissier écrit des livres d’histoire comme on les aime : un récit haletant, vivant, haut en couleurs. L’auteur du remarquable Fachoda et la mission Marchand demeure ici conforme à son image : un narrateur aimant raconter des histoires qui s’appuient sur un fond historique sûr. Malgré ou à cause de ces qualités, la lecture de ce Solférino s’avère quelque peu décevante. Deux cents petites pages paraissent trop justes pour relater de manière satisfaisante les préliminaires géopolitiques du conflit, les opérations de la campagne d’Italie de 1859 ainsi que le déroulement en détail de la gigantesque bataille de Solférino, peut-être la première de l’époque moderne, celle qui, en tout cas, est une des premières à ne plus ressembler aux affrontements de l’époque napoléonienne.

 

Pierre Pellissier, Solférino, 24 juin 1859, Perrin, 228 pages, 22 €