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Histoire Recensions

Ils ont fait l’Egypte moderne

Éditeur ‏ : ‎ Perrin; Illustrated édition (5 octobre 2017)
Langue ‏ : ‎ Français
Broché ‏ : ‎ 300 pages
ISBN-10 ‏ : ‎ 2262064237
ISBN-13 ‏ : ‎ 978-2262064235
Poids de l’article ‏ : ‎ 520 g
Dimensions ‏ : ‎ 14 x 3.4 x 21 cm

C’est à travers une vingtaine de portraits que Robert Solé dresse l’histoire de l’Egypte contemporaine, une Egypte attirée par la modernité tout en demeurant ancrée dans la tradition. Les portraits proposés par Robert Solé sont relatifs à des hommes politiques comme Nasser, des religieux comme Hassan al-Banna, des écrivains comme le Prix Nobel de littérature Naguib Mahfouz… Que retenir au terme de ce voyage ? La plupart des tentatives menées pour ancrer l’Egypte au monde moderne ont échoué, par exemple celle d’Ismaïl pacha au milieu du XIX° siècle. Et cependant ce dernier avait toujours dit son attachement à l’islam mais le traditionalisme était incapable de transiger. C’est dire si le poids de la religion – entendez l’islam – est colossal. Impossible d’entreprendre une quelconque réforme si, dans le même temps, on ne délivre pas aux autorités religieuses nombre de brevets de bonne conduite. On en vient ici à la difficulté récurrente du monde arabo-musulman : concilier son entrée de plain-pied dans la modernité tout en ne reniant ni culture, ni tradition, ni religion.

Robert Solé, Ils ont fait l’Egypte moderne, Perrin, 2017, 385 pages, 22.90 €

L’extrait : « L’Egypte a-t-elle à sa tête un nouveau Nasser ? L’entrée en scène fracassante de Sissi en juillet 2013 a pu le laisser croire. » (p. 342)

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Biographies Recensions

De Lattre

Éditeur ‏ : ‎ Perrin (9 novembre 2017)
Langue ‏ : ‎ Français
Broché ‏ : ‎ 280 pages
ISBN-10 ‏ : ‎ 2262047332
ISBN-13 ‏ : ‎ 978-2262047337
Poids de l’article ‏ : ‎ 420 g
Dimensions ‏ : ‎ 14.1 x 3 x 21.1 cm

Cette biographie dresse un portrait très franc du chef de l’ancienne 1ère Armée française. D’un côté des pages d’histoire glorieuses écrites en Afrique en 1942 ou en Allemagne en 1945, de l’autre un caractère difficile, orgueilleux et présomptueux. Après une brillante campagne en mai et juin 1940, il est affecté à l’armée de Vichy. Il quitte cette dernière en 1943 pour rejoindre les troupes gaullistes. La suite est connue : le Débarquement, la libération du pays, l’invasion de l’Allemagne… jusqu’à la capitulation à Berlin. De Lattre a l’honneur de représenter la France lors de la capitulation du Reich, rôle essentiellement politique puisqu’il s’agit de rehausser le prestige d’un pays atteint dans son honneur par la raclée de mai 1940. Personnage au caractère ombrageux, De Lattre occupe ensuite de hautes fonctions dans la défense du camp occidental après qu’un rideau de fer s’est abattu sur l’Europe de l’Est. Fin de carrière du maréchal en Indochine où il entend  conserver le territoire à la France. C’est à cette époque qu’il gagne le surnom de « roi Jean », roi sans couronne, mais homme des grandes rencontres avec l’Histoire.

Ivan Cadeau, De Lattre, Perrin, 2017, 325 pages, 22 €

L’extrait : « … c’est bien un meneur d’hommes qu’était de Lattre. C’est peut-être là qu’il convient de trouver sa plus grand qualité : dans l’encadrement et le commandement, dans l’aptitude à susciter l’adhésion de ses contemporains. » (p. 13)

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Actualités Recensions

Une guerre sans fin

Éditeur : Les éditions du Cerf (13 janvier 2017)
Langue : Français
Broché : 480 pages
ISBN-10 : 220411782X
ISBN-13 : 978-2204117821
Poids de l’article : 760 g
Dimensions : 15.5 x 3.5 x 24 cm

La guerre sans fin dont parle Pierre Lellouche est ce conflit planétaire qui oppose l’Occident à l’islamisme, un combat sans merci entre deux systèmes, deux conceptions du monde totalement antinomiques. Cette lutte possède deux faces : le front extérieur et la sécurité intérieure. Une victoire vient d’être enregistrée dans la première avec la fin de Daesh, mais elle ne sera certainement pas suffisante pour annihiler l’hydre djihadiste. Pour l’auteur, nous ne sommes qu’au début d’un processus inéluctable. L’explosion démographique que va connaître l’Afrique risque d’entraîner un mouvement migratoire susceptible d’entraîner le naufrage de la vieille Europe. Parmi tous ces migrants, une majorité de musulmans. Poser, comme le fait l’auteur, la question de savoir si demain l’Europe ne sera pas majoritairement musulmane n’est pas incongrue. Ne sommes-nous pas en effet d’assister à un bouleversement démographique et anthropologique de première grandeur ?

Pierre Lellouche, Une guerre sans fin, Cerf, 2017, 482 pages, 24 €

L’extrait : « Comme elles (les élites françaises) continuent, pour beaucoup, de nier l’autre face du drame qui commence sous nos yeux, la lente mais inexorable métamorphose du pays […] » (p. 14)

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Recensions Témoignages

Les conquérants de l’inutile

Broché : 200 pages
ISBN-10 : 2352212308
ISBN-13 : 978-2352212300
Éditeur : Paulsen – Guerin (30 mars 2017)
Langue : Français
Dimensions : 15.2 x 3.5 x 21.1 cm

C’est en 1961 que l’alpiniste Lionel Terray, qui n’a que 40 ans, publie ce livre de souvenirs au titre si suggestif. Depuis sa publication, le succès des Conquérants de l’inutile ne s’est jamais démenti et c’est justice. Ecrit d’une plume alerte, empli de poésie, respirant finesse et intelligence, le livre de L. Terray est un des monuments de la littérature consacrée à l’alpinisme. Adolescent, il ne savait pas trop que faire de sa vie. Mais rapidement lui est venu l’amour des hauts sommets ; un amour vite transformé en passion incandescente. Rêvant montagnes et pensant montagnes il en fit son métier. Se liant avec quelques-uns des as de l’alpinisme français de l’après-guerre, comme Gaston Rébuffat et Louis Lachenal, il se lança à l’assaut des sommets les plus abrupts, des faces les plus dangereuses. Toujours plus haut, toujours plus de risque et de fatigue, tant est si bien que le lecteur se pose fatalement la question du pourquoi.  Lionel Terray est décédé dans l’exercice de son art à l’âge de 44 ans. La montagne perdait un de ses plus grands amoureux et la littérature un espoir prometteur.

Lionel Terray, Les conquérants de l’inutile, Guérin, 1961 (rééd. 2017), 435 pages, 22€

L’extrait : « Sans autre témoin que son compagnon de cordée, dans la solitude et le silence de la montagne, l’alpniste se at pour la seule joie de triompher de l’obstacle qu’il s’est imposé, pour le seul orgueil de se sentir fort et courageux. Aucun jeu n’est plus dépouillé des contingences humaines, aucune activité n’est plus pure, plus désintéressée que l’alpinisme dans sa forme primitive… » (p. 185)

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Histoire Recensions

Lénine, l’inventeur du totalitarisme

Broché : 450 pages
Editeur : Perrin (28 septembre 2017)
Langue : Français
ISBN-10 : 2262065373
ISBN-13 : 978-2262065379
Dimensions : 15,4 x 3,4 x 24,1 cm

Il était temps que toute la vérité sur Lénine fût rétablie, ce que fait avec brio Stéphane Courtois, l’un de nos meilleurs historiens du communisme. Son Lénine est une véritable bouffée d’oxygène, un livre à prendre au premier degré, une sorte de programme à appliquer d’urgence… quand on sait qu’il existe dans la France de 2018 des avenues et des stades Lénine. En retraçant la vie de Lénine, l’auteur dévoile un être cruel, sans pitié, cynique, animé d’une seule passion : s’emparer du pouvoir et le conserver. L’itinéraire politique de Lénine est une chose, sa personnalité une autre. S’il est un leader charismatique, il est très tôt dépeint comme « un égocrate développant une vision mégalomaniaque, assis sur une vision paranoïaque du monde divisé entre amis et ennemis, légitimant la violence… » (p. 218) Au fond, Lénine a aimé l’humanité à la façon de Marat : pour faire le bonheur d’une minorité, il était prêt à exterminer le reste de l’humanité par le fer et le feu.

Stéphane Courtois, Lénine, l’inventeur du totalitarisme, Perrin, 2017, 497 pages, 25€

 

L’extrait : « Des trois grandes passions de Lénine, une seule avait abouti : la passion révolutionnaire de la destruction de la société. » (p. 436)

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Histoire Recensions

Histoire économique de Vichy

Broché : 500 pages
Editeur : Perrin (7 septembre 2017)
Langue : Français
ISBN-10 : 2262035652
ISBN-13 : 978-2262035655
Dimensions : 15,5 x 3 x 24 cm

Il est un aspect de l’Etat français (1940-1944) qui a été peu évoqué jusqu’à présent, il s’agit de la vie économique. Ce manque vient d’être comblé par une équipe de trois jeunes historiens, auteurs de cette excellente étude. Comme l’écrivent les auteurs, « la collaboration économique […] a servi les intérêts de l’Allemagne nazie, sous couvert de bien maigres contreparties. » (p. 115). Ce que l’on savait moins, sans totalement l’ignorer, les trois auteurs l’évoquent à satiété : une certaine forme de revanche idéologique prise par les tenants de l’ordre ancien sur la France du Front populaire, la spoliation des entreprises et des biens détenus par les Français de confession juive… Les auteurs ne versent pas dans le manichéisme. Leur typologie des collaborations est éclairante qui distingue le collaborationnisme économique, la collaboration-profit et la collaboration-survie. De même précisent-ils qu’à Vichy il y avait tout un monde entre les tenants de la France rurale traditionnelle, que l’Etat français voulait remettre sur le devant de la scène, des jeunes loups de la finance et de l’économie qui ont su prendre des décisions qui durent encore (le P-D. G date de l’époque).

Fabrice Grenard, Florent Le Bot, Cédric Perrin, Histoire économique de Vichy, Perrin, 2017, 440 pages, 27 €

L’extrait : « La collaboration économique a servi les intérêts de l’Allemagne nazie sous couvert de bien maigres contreparties. » (p. 115)

 

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Histoire Recensions

Churchill et la France

Broché : 576 pages
Editeur : Perrin (12 janvier 2017)
Collection : Hors collection
Langue : Français
ISBN-10 : 2262033242
ISBN-13 : 978-2262033248
Dimensions : 15,4 x 3,3 x 24 cm

Anglophile et auteur d’une fameuse biographie de Lawrence d’Arabie, Christian Destremeau récidive dans l’excellence avec ce Churchill et la France. Les deux guerres mondiales jouent un rôle majeur dans cette histoire mouvementée et parfois un peu fantasque. […] Si Churchill eut parfois des mots durs à l’encontre des dirigeants français, il conserva toute sa vie un véritable attachement à la France, à preuve ses fréquents passages dans la capitale, son amour pour la langue de Molière – qu’il malmenait ! -, son attachement au terroir français, sa cuisine… ses vins et ses alcools… L’auteur semble éprouver une sympathie sans bornes pour l’ancien Premier Ministre britannique. Comment ne pas le comprendre ? Les gaffes, bourdes et erreurs de Churchill furent toujours rachetées par sa bonhommie, son humour potache et ses faiblesses, faiblesses d’autant plus facilement pardonnées qu’elles font partie du personnage à part entière, comme son amour pour les cigares et le whisky. Les aléas de la cohabitation franco-britannique n’y ont rien changé : Churchill a toujours bénéficié en France d’un capital inentamé de sympathie. Le livre de C. Destremeau ne le fera pas chuter, bien au contraire !

Christian Destremeau, Churchill et la France, Perrin, 2017, 404 pages, 24 €

L’extrait : « Il a choisi la familiarité et la proximité, voire le comique de bas étage, qui éclairent un peu sa vision des Français : un peuple doué, éminemment sympathique, mais manquant de maturité et qu’il faut guider dans le droit chemin. » (p. 11)

 

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Recensions Religion

La guerre des intelligences

Broché : 250 pages
Editeur : JC Lattès (4 octobre 2017)
Collection : Essais et documents
Langue : Français
ISBN-10 : 2709660849
ISBN-13 : 978-2709660846
Dimensions : 22,5 x 2,7 x 14 cm

Pour Laurent Alexandre, il ne fait pas de doute que l’on ne pourra échapper au développement rapide et inéluctable de l’intelligence artificielle. On se fera une petite idée du basculement qui risque de s’opérer quand on songe que vers la fin du XXI° siècle il est possible que les machines aient conscience de n’être… que des machines. Ce serait une révolution majeure. Le but de Laurent Alexandre est de faire prendre conscience du changement de civilisation qui va arriver. D’après lui, il ne faut pas s’en effrayer. Tout au moins nous faut-il prendre conscience de la place grandissante de l’intelligence artificielle dans nos vies. Pour l’auteur, si l’homme veut rester concurrentiel, il lui faut dompter l’intelligence artificielle, s’en servir afin de toujours conserver un temps d’avance. Il imagine par exemple l’appoint de l’IA en matière d’éducation. Pourquoi ne pas s’en servir pour doper notre intelligence et augmenter notre QI ? Ce disant, l’auteur laisse entrevoir les bouleversements moraux et éthiques qui vont advenir. Que deviendront ceux qui refusent de booster leur QI en augmentant leurs capacités par des puces ou des connexions ? Si l’auteur demeure serein, il y a de quoi effrayer ceux qui estiment proche la venue du « meilleurs des mondes ».

Laurent Alexandre, La guerre des intelligences, J.-C. Lattès, 2017, 339 pages, 20.90€

L’extrait : « Dans les livres d’histoire, le XX° siècle fera figure de période assez calme et terne – quoique pleine de bruit et de fureur – comparée au siècle suivant. Une simple période vers une période d’accélération qui va laisser l’humanité clouée sur son siège. » (p.14)

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Biographies Recensions

Speer, l’architecte d’Hitler

Broché : 592 pages
Editeur : Perrin (5 octobre 2017)
Collection : Domaine étranger
Langue : Français
ISBN-10 : 2262065616
ISBN-13 : 978-2262065614
Dimensions : 16,5 x 4,5 x 24 cm

Par cette copieuse biographie, Martin Kitchen s’est donné la tâche de déconstruire le mythe du « bon nazi ». Ce mythe, Albert Speer l’a entretenu à partir de la condamnation qui lui a été infligée au procès de Nuremberg. Cependant, au terme d’une enquête fouillée, M. Kitchen met à jour les mensonges et affabulations d’un Speer qui, fondamentalement, n’a jamais renié ses anciennes amitiés, lui qui des années fut le confident et le protégé d’Adolf Hitler. Si Speer a échappé à la potence en 1946, c’est parce qu’il a su jouer à fond l’image de l’organisateur patriote, mettant le paquet pour défendre son pays, apolitique et ignorant pratiquement tout des ignominies commises par le régime. Beaucoup, dans le camp des vainqueurs, étaient admiratifs des prouesses réalisées par le Reich sous la houlette de Speer. Or, les preuves amassées par M. Kitchen montrent qu’au contraire Speer, ministre de l’Armement, avait connaissance de l’œuvre destructrice entreprise par le régime. En 1945, il a pris conscience de l’intérêt du peuple allemand en hâtant la fin de la guerre ; cela ne suffit pas à l’absoudre de sa participation aux actes effroyables commis par le régime.

Martin Kitchen, Speer, L’architecte d’Hitler, Perrin, 2017, 638 pages, 27€

L’extrait : « Il se laissait parfois aller à reconnaître  que son apparence de prophète rongé par le remords de conscience, dans le monde impitoyable de la technique, était un stratagème. » (p. 535)

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Histoire Recensions

Histoire des guerres romaines

Broché : 606 pages
Collection : L’art de la guerre
Langue : Français
ISBN-13 : 979-1021023000
ASIN : B01N6GO0KJ
Dimensions : 23 x 3,2 x 16,5 cm

Il y a une trentaine d’années, l’antiquisant Paul Petit avait publié un livre remarqué, La paix romaine. L’idée était arrêtée que Rome avait réussi à imposer la paix à des peuples barbares en perpétuelle guerre civile. C’était particulièrement vrai pour la Gaule, incapable de s’unir face à César. Ici, on a le sentiment que Yann Le Bohec prend le contre-pied en proposant une histoire militaire de la Rome antique, du milieu du VIII° siècle avant Jésus-Christ à 410 après J.-C., date de la prise de Rome par Alaric. Avec raison, il considère qu’au sein d’un monde porté à la violence les Romains n’étaient pas plus cruels que les autres peuples. Cependant, en présentant cette succession de guerres et de batailles, l’auteur donne le sentiment que Rome s’est largement bâtie par la guerre. Guerre pour assurer sa prééminence en Italie, guerre pour contrer des adversaires aussi hardis que Carthage, guerre pour imposer son impérialisme, guerre enfin pour se protéger des incursions barbares… Si l’exposé de Yann Le Bohec est aussi intéressant que complet, il conviendra de ne pas en rester là. Pour importante qu’elle soit, l’histoire bataille ne considère qu’un seul aspect d’une civilisation tellement riche par ailleurs. Cette réserve étant faite, cette Histoire des guerres romaines constitue une synthèse assez impressionnante.

Yann Le Bohec, Histoire des guerres romaines, Tallandier, 2017, 607 pages, 25.90 €

L’extrait : « L’Etat romain a souvent répondu à de vraies agressions, et de plus en plus souvent pour défendre des alliés. Mais qu’allait faire son armée, si loin de l’Italie ? » (p. 197)