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Recensions Religion

Jésus et le divorce

Broché : 149 pagesv Editeur : Cerf (12 février 2015)v Collection : LECTIO DIVINA
ISBN-10 : 2204103640
ISBN-13 : 978-2204103640
Dimensions : 19,5 x 1,2 x 12,5 cm

 Jésus et le divorce

Entre deux synodes romains consacrés à la famille, le premier s’étant tenu à l’automne 2014 et le second ayant lieu un an plus tard, les interventions d’évêques et de théologiens vont bon train. Pour beaucoup, au-delà de l’ample question de la famille au sein de la société contemporaine, la question des divorcés-remariés demeure un sujet qu’il est impératif de prendre à bras-le-corps. Au plus haut sommet et de façon feutrée des cardinaux s’opposent, les uns proposant des positions ouvertes (cardinal Walter Kasper), les autres prêchant en faveur du statu quo (cardinal Raymond Leo Burke). Le grand théologien états-unien John Paul Meier, auteur d’une somme remarquable sur Jésus (Un certain juif, Jésus), a désiré intervenir dans le débat. Le concours du théologien est uniquement d’ordre intellectuel. Etudiant l’Ancien Testament, les Evangiles et les Epîtres de Paul, il aboutit à une conclusion d’un simplisme presque déroutant : la pratique du divorce dans le monde juif, par répudiation de l’épouse par le mari, était une chose largement admise et ne posant aucune difficulté. Les propos de Jésus vont totalement à rebours : une fois débarrassé des adjonctions ultérieures les paroles prêtées au Christ vont toutes dans le sens d’une interdiction absolue du divorce. Cette défense est si absolue, si contraire aux usages juifs « qu’un Juif pieux qui prendrait soin de respecter toutes les règles prescrites par la Loi mosaïque concernant le divorce serait néanmoins coupable d’avoir enfreint le sixième commandement du décalogue (« Tu ne commettras point l’adultère ») en contractant un nouveau mariage. » (p. 146)

S’il est des catholiques pour penser que le recours à l’exégèse sera de nature à régler certains problèmes générés par la discipline de l’Eglise vis-à-vis du mariage, ils risquent d’être déçus. Pour le grand spécialiste qu’est John Paul Meier, il ne fait pas de doute que Jésus a énoncé une interdiction absolue, formelle. Cette intransigeance peut désarçonner et peut-être faudrait-il la contextualiser, ce que ne fait pas le théologien dans le cadre de ce petit essai. J.-P. Meier prévient son lecteur dès les premières pages : il n’écrit pas pour régler des problèmes pastoraux actuels et il n’est pas évident que les résultats de la recherche théologique ait « quelque chose à dire à la foi ou à la théologie chrétienne. »

 

John Paul Meier, Jésus et le divorce, 2015, Cerf, 151 pages, 14 €

 

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Recensions Témoignages

Passion Kaboul

Broché : 355 pages
Editeur : CERF EDITIONS (25 septembre 2014)
Collection : HISTOIRE A VIF
Langue : Français
ISBN-10 : 2204098795
ISBN-13 : 978-2204098793
Dimensions : 24 x 1,9 x 15 cm

 Passion Kaboul – Le père Serge de Beaurecueil

Après ses biographies des pères Jaussen et Anawati, Jean-Jacques Pérennès, l’actuel directeur de l’Institut Dominicain des Etudes Orientales (IDEO), s’est intéressé à un autre membre de la prestigieuse équipe des fondateur de l’IDEO, au Caire : le P. Serge de Beaurecueil. Passant rapidement sur les jeunes années du P. de Beaurecueil, l’auteur le place vite dans le contexte où il va faire fructifier son talent. Alors que ses confrères dominicains s’intéressent à la langue arabe ou à la théologie musulmane, Serge de Beaurecueil choisit la mystique en étudiant les œuvres du grand mystique afghan Abdullah Ansari. Il en devient assez vite le spécialiste. Mais, alors qu’il vit une vie assez paisible au Caire, ne voilà-t-il pas qu’il ressent une irrépressible attirance pour le pays natal d’Ansari, l’Afghanistan. Le P. de Beaurecueil est alors âgé d’un peu plus de 45 ans. L’appel est si fort qu’après un premier séjour il décide de s’y fixer. L’Afghanistan de cette époque est un pays coupé du monde, pauvre, où traditions et coutumes ancestrales sont un frein puissant à toute tentative de réforme. Il en faudrait plus pour ralentir le désir de Serge de Beaurecueil, désireux de se faire Afghan au milieu des Afghans. Là où tout prosélytisme est interdit, il entretient d’excellents rapports avec les autorités politiques et religieuses de ce pays quasiment coupé du monde, englué dans les rets d’un islam très strict et les conflits inter-ethniques. A son arrivée, le P. de Beaurecueil est enseignant, puis directeur d’école. Cette activité n’aura qu’un temps car il est vite rattrapé par les réalités de ce pays pauvre, en particulier par le cas de ces gosses perdus qu’on trouve dans la rue. D’enseignant le P. de Beaurecueil va devenir éducateur et sa demeure accueillera bientôt une vingtaine de gamins de la rue. Là, sans prosélytisme, juste par amour, il devient ce grand-père qu’ils appellent « padar ». Devant quitter le pays après l’invasion soviétique, Serge de Beaurecueil quitte l’Afghanistan en 1983 ; il n’y reviendra plus. Une dernière rencontre avec ses orphelins, quelque vingt ans plus tard, lui permettra de prendre pleinement conscience de l’importance de l’œuvre qu’il a laissée là-bas, reprise depuis par l’un de ses pensionnaires. L’association « Afghanistan demain » poursuis l’œuvre du Padar : l’accueil et l’éducation des enfants laissé dans la misère. Merci au P. Jean-Jacques Pérennès d’avoir eu la belle idée de nous raconter la vie si pleinement et bellement donné du P. de Beaureceuil.

 

Jean-Jacques Pérennès, Passion Kaboul, Cerf, 2014, 355 pages, 24 €

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Littérature Recensions Religion

Les plantes de la Bible et leur symbolique

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Broché : 110 pages
Editeur : Cerf (21 novembre 2014)
Collection : BIB CERF
Langue : Français
ISBN-10 : 2204102709
ISBN-13 : 978-2204102704
Dimensions : 22 x 0,7 x 16,5 cm

 Les plantes de la Bible et leur symbolique

Parmi toutes les façons de lire la Bible, il en est une à laquelle nous pensons peu. La Bible évoque d’abord et avant tout l’ancienne et la nouvelle Alliances, la relation étroite entretenue entre Dieu et son peuple. Dans leur spécificité et à leur manière, chacun des livres parle longuement de cette relation, avec ses hauts et ses bas. En même temps qu’il y a cette histoire d’amour on peut imaginer les Ecritures comme un vaste décor, avec ses paysages, ses animaux et ses plantes. Tout cela n’est pas sans importance. On doit ce kaléidoscope de couleurs et d’odeurs au fait que toute l’histoire biblique tient en une terre – la Terre Sainte – bien particulière. Si l’histoire sainte s’était déroulée dans ce qui était autrefois la Gaule, le rapport au divin aurait-il été différent ? C’est possible car, après tout, on peut très bien penser que l’horizontalité du désert pousse à la verticalité. Une végétation luxuriante ou de type nordique semble à première vue plus propices au paganisme. Le désert pousse au contraire à une certaine radicalité. Il est la matière première du monothéisme, d’abord juif, chrétien ensuite, musulman enfin.

Puisque l’histoire biblique commence dans un jardin, il eut été regrettable que l’on ne s’intéressât pas aux plantes de la Bible. Dans ce petit ouvrage très pédagogique et bien illustré, Christophe Boureux, dominicain, présente une cinquantaine de plantes et d’arbres qui jalonnent le récit biblique : l’ivraie, la mandragore, la grenade, le cèdre, le lierre, le noyer, le blé, l’ortie… La présentation de chaque plante est illustrée d’un passage biblique. Dans son texte, l’auteur, Christophe Boureux, s’est attaché à décrire la symbolique attachée à chacune de ces plantes. Cette symbolique est d’une richesse parfois incroyable. Nous qui vivons dans un monde technicien avons oublié la fonction symbolique des choses qui nous entourent. Là où nous voyons un arbre, une plante, aussi beaux soient-ils, les anciens voyaient davantage.

Une belle et originale façon d’entrer dans le grand récit de la Création. Comme le dit la quatrième de couverture : « Bienvenue dans le jardin divin ! »

 

Christophe Boureux, Les plantes de la Bible et leur symbolique, Cerf, 2014, 109 pages, 14 €

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Recensions Religion

Le vertige divin : La saga des stylites

Broché : 308 pages
Editeur : Cerf (20 mai 2014)
Collection : HISTOIRE
Langue : Français
ISBN-10 : 2204102350
ISBN-13 : 978-2204102353
Dimensions : 24 x 2,3 x 15,5 cm

 Le vertige divin

Qui se souvient encore de la saga de ceux qu’on appelle les stylites ? Dans la Syrie et la Palestine, des IV° au XI° siècle de notre ère, des moines décident de tout plaquer pour aller habiter au sommet d’une colonne. Non, vous ne rêvez pas, la chronique l’assure : des chercheurs de Dieu, voulant vivre jusqu’au bout dans l’ascèse, fuirent le monde pour se réfugier en haut d’une colonne surmontée d’une plate-forme d’environ un à deux mètres carrés. Ces hérauts de la mortification, dont Philippe Henne donne une image très réaliste, vont pousser toujours plus loin le désir de fuite du monde et de macération. La plupart de ces moines, à commencer par le plus connu d’entre eux, Siméon le Stylite, ont connu la vie cénobitique, en communauté. Poussant toujours plus loin l’exigence ascétique, voulant se rapprocher de Dieu, ils en arrivent à trouver la vie monastique trop accommodante avec l’esprit du siècle, d’où la nécessité de rechercher des formes extrêmes. Après la courte vogue des moines stationnaires vient le courant, lancé par Siméon, des moines stylites. Connus pour leur sainteté, les stylites poussent l’exigence à se faire construire une colonne qui sera leur demeure définitive. Là, personne ne viendra perturber leur soif de prière et leur exigence d’ascèse. Du haut de leur « perchoir », soumis aux intempéries, pouvant à peine s’étendre, se nourrissant de presque rien, les stylites vont écrire la page la plus impressionnante de la mystique chrétienne. Du haut de leur colonne, ces champions de la foi recherchent plusieurs buts : échapper à l’engouement du peuple chrétien à leur endroit afin de ne pas se laisser distraire, se consacrer corps et âme à la prière et à la méditation, nouer une relation verticale avec le divin, espérer gagner le salut au moyen de mortifications inouïes dont nous sommes bien incapables de comprendre le sens. Les stylites n’étaient pas fous. Ces athlètes de Dieu cherchaient avant tout à se rapprocher du Ciel, peu importe la dureté des conditions pratiques qu’ils devaient affronter. Si le pari de l’auteur était de décrire comment ces mystiques ont réussi à « manifester le triomphe de l’esprit sur le corps » (p. 95), eh bien il y a pleinement réussi.

 

Philippe Henne, Le vertige divin, Cerf, 2014, 309 pages, 22 €

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Recensions Religion

L’Odyssée de la Bible : Études et thèmes

Broché : 977 pages
Editeur : Cerf (2 octobre 2014)
Collection : LIRE LA BIBLE
Langue : Français
ISBN-10 : 2204102776
ISBN-13 : 978-2204102773
Dimensions : 20 x 2,6 x 13,5 cm

 L’Odyssée de la Bible : Études et thèmes

Dominicain et professeur à l’Ecole biblique de Jérusalem, le P. Etienne Nodet s’est lancé dans un travail de titan qui consistait à disséquer la Bible par thèmes, de « Aaron » à « Zélote ». L’accomplissement d’une telle œuvre supposer une connaissance à la fois large et pointue de la Bible considérée comme objet d’études. Ce dictionnaire de plus de trois cents entrées permet un parcours complet couvrant l’ensemble des livres bibliques, de la Genèse à l’Apocalypse. Les articles sont généralement courts et le tout ressemble à s’y méprendre à un livre de poche. En lieu et place de gros dictionnaires pesant deux à trois kilos, L’odyssée de la Bible adopte une forme simple, souple et commode. Au fil de ces mille pages, Etienne Nodet réussit son pari de rendre proche le texte biblique et d’épuiser l’ensemble des thèmes qui parcourent les 73 livres qui la composent. Ainsi que le rappelle la quatrième de couverture, tous les thèmes et toutes les questions sont abordés : « Quelle est l’histoire de la rédaction de la Bible ? Quelles sont les sources de l’Ancien Testament ? Du Nouveau Testament ? Sur quels critères les livres qui la constituent ont-ils été retenus ? Qu’est-ce que la Bible hébraïque ? La Septante ? La Vulgate ?  Quelle est l’histoire de sa réception à travers les siècles ? » et ainsi de suite.

Les articles sont truffés de références scripturaires qui permettent le recours facile aux sources sans avoir à se reporter aux notes de bas de page ou de fin d’ouvrage. Cette commodité n’est cependant pas sans inconvénients. Le texte paraît haché par tous ces « Lc 13, 18-21 » ou « Si 44, 16-19 » qui, en eux-mêmes, demandent une connaissance minimale des références bibliques. Le plaisir de la lecture s’en trouve considérablement amoindri car la présence aussi proche et cadencée de toutes ces références pousse à l’usage systématique de la Bible. C’est la raison pour laquelle cette Odyssée semble plus faite pour les chercheurs et les étudiants que pour le grand public. Paradoxalement, en voulant jouer la praticité Etienne Nodet a tellement alourdi l’usage du texte qu’est bannie la lecture

 

Etienne Nodet, L’Odyssée de la Bible : Etudes et thèmes, Cerf, 2014, 977 pages, 29 €

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Portraits Recensions

Maurice Druon, le partisan

Broché: 258 pages
Editeur : CERF EDITIONS (2 octobre 2014)
Collection : BIB CERF
Langue : Français
ISBN-10 : 2204102679
ISBN-13 : 978-2204102674
Dimensions : 21,5 x 2,1 x 14 cm

 Maurice Druon, le partisan

De tous ceux qui, depuis quelques décennies, se sont succédé au Ministère de la Culture, Maurice Druon demeure l’un des plus connus. Parfois contestée car taxée de conservatisme, son action s’inscrit durablement dans le paysage culturel français car elle a su reposer sagement sur un classicisme de bon aloi qui, cependant, ne craignait pas la nouveauté. Hervé de Boisbaudry et le P. Philippe Verdin retracent avec verve la vie de l’auteur des Rois maudits, écrivain et serviteur de l’Etat. C’était au temps – les années 1970 – où les ministres de la Culture – les Malraux, Duhamel, Druon – lisaient encore des livres…

Résistant de la première heure, parti tôt rejoindre les rangs gaullistes à Londres, co-auteur avec son oncle Joseph Kessel du Chant des partisans, Maurice Druon se fait remarquer par son amour de la liberté et sa puissance de travail. Après la guerre, il donne libre cours, tel un nouvel Alexandre Dumas, à son imagination épique. En 1955 il publie une œuvre destinée à demeurer et qui, adaptée deux fois à la télévision, sera traduite dans de nombreuses langues : Les rois maudits. Historien, romancier, essayiste, sa force de travail semble, en ces décennies 1950-1960, inassouvie. Gaulliste, observateur de la société française, angoissé devant le désarroi de l’Occident, c’est dans l’idée qu’il se fait de la culture occidentale qu’il trouve des raisons d’espérer : le beau et le vrai ne peuvent mourir.

Comme le soulignent les auteurs, Maurice Druon pouvait paraître outrecuidant et vantard, amoureux des honneurs et infatué de lui-même. Il y a du vrai dans ce jugement. Toutefois, c’est oublier que, parti de peu, il s’était fait lui-même à force d’obstination et de travail. Après la gloire littéraire et son élection à l’Académie française – il en a été longtemps le secrétaire perpétuel -, après la politique, la fin de sa vie fut consacrée à la défense de la langue française. « Il récusait, soulignent les auteurs, l’alignement de la langue sur l’évolution des idées et des mœurs et surtout la certitude que l’usage finit toujours par l’emporter et moderniser de manière naturelle et non autoritaire la langue ».

 

Hervé du Boisbaudry & Philippe Verdin, Maurice Druon. Le partisan, Cerf, 2014, 258 pages, 15 €

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A quoi sert un chrétien ?

Broché : 273 pages
Editeur : Cerf (30 octobre 2014)
Collection : EPIPHANIE
Langue : Français
ISBN-10 : 2204102954
ISBN-13 : 978-2204102957
Dimensions : 21 x 2,2 x 13,5 cm

 A quoi sert un chrétien ?

Il y avait longtemps qu’un ouvrage comme celui-ci n’avait pas vu le jour, je veux dire un livre s’interrogeant sur la santé actuelle de l’Eglise catholique et les réponses qu’elle peut apporter à son déclin en Occident. Jean-Guilhem Xerri a su relever le défi, mettant en avant ce que révélait de positif la crise actuelle et en donnant des raisons d’espérer.

Dans les premiers chapitres, faisant l’état des lieux de l’Eglise en Occident, il ne mâche pas ses mots, relevant ici les attaques dont la foi chrétienne est régulièrement l’objet, déplorant là le fait que de nombreux catholiques ne sont plus véritablement chrétiens. L’exculturation du catholicisme, relevé naguère par Danièle Hervieu-Léger, n’est pas une vue de l’esprit : le programme est en partie réalisé car, explique l’auteur, « plus la modernité se développe, plus la religion se rétracte » (p. 39). Cela dit, c’est à la fin d’un christianisme que nous assistons, non à la fin du christianisme. Un christianisme de compagnonnage peut se substituer à un christianisme d’autorité. Pour ce faire, Jean-Guilhem Xerri pointe trois préalables : ne pas se laisser absorber par la peur du déclin, considérer que l’effondrement de la culture et de la morale chrétiennes oblige à se proposer le cœur de la Révélation – la mort et la résurrection du Christ – et comprendre que la transmission peut se faire autrement que dans le seul rapport à la verticalité. Une vraie vie chrétienne doit reposer sur ces deux piliers que sont une vie intérieure de qualité, en relation étroite avec le Christ, et un esprit de charité qui donne envie. Donner envie ! Dans une époque ravagée par la perte de sens, n’est-ce pas ce à quoi tout chrétien est appelé ? Cette envie, c’est dans une alliance permanente entre prière et charité qu’il faut la chercher.

Ne nous leurrons pas : A quoi sert un chrétien ? n’est pas un livre de recettes. Il appelle simplement à se mettre dans des dispositions favorables, pour recevoir la Parole et comprendre le cœur de la foi, pour accueillir l’autre dans une relation de service et de fraternité. Cela n’a rien à voir avec un quelconque christianisme triomphant ou une volonté de revanche de la sécularisation.

 

Jean-Guilhem Xerri, A quoi sert un chrétien ?, Cerf, 2014, 274 pages, 20 €

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Au rythme des fêtes chrétiennes / L’année liturgique

Broché : 194 pages
Editeur : CERF (2 octobre 2014)
Collection : CATECHESE
Langue : Français
ISBN : 978-2-204-10278-0
EAN : 9782204102780
Dimensions : 21 x 1,5 x 14 cm

  Au rythme des fêtes chrétiennes

Les populations d’ici vivent dans un temps de plus en plus laïque : ici la fête de l’hiver a succédé à Noël, ailleurs c’est Pâques qui a dû s’effacer pour laisser place à une improbable faite de l’hiver. Dans une Europe qui a peur de son histoire comme de son ombre, le rythme du temps n’est plus scandé que par le rythme des saisons – encore pour combien de temps ? – et celui des innovations technologiques. La société traditionnelle égrainait le temps sur un rythme plus lent et plus régulier. Pendant des siècles, dans cet Occident encore chrétien, l’écoulement du temps, c’est-à-dire celui des jours et des siècles, était ponctué par le calendrier liturgique. Dans l’Occident d’autrefois, les fêtes chrétiennes jouaient un rôle énorme. Avec la sécularisation, l’empreinte chrétienne n’est visible que par un vocabulaire qui, en dépit des vicissitudes, demeure : Pâques, la Toussaint, l’Avent (et non l’Avant comme on le voit grotesquement écrit par des commerçants désireux de pousser à l’achat de galettes ou de calendriers), Noël… Les chapitres de l’ouvrage de Marie-Christine Bernard sont tous écrits selon la même ordonnance : un passage de l’Ecriture, souvent les Evangiles, suivi d’un commentaire écrit sur un ton très personnel. Evitant avec soin l’intellectualisme, l’auteur met à jour l’essentiel de ce qu’il faut retenir, la quintessence du message dans son rapport aux chrétiens d’aujourd’hui. « Comment comprendre cela ? » demande-t-elle à plusieurs reprises. Quel sens la naissance du Christ (Noël), sa mort (Vendredi Saint) et sa résurrection (Pâques) sur la croix ont-elles ? Pour chaque chapitre, Marie-Christine Bernard décrit le cadre et l’ambiance dans lesquels les événements de la Nouvelle Alliance se placent. Quel sens ont-ils au regard de la foi chrétienne et quel écho spirituel retentit-il jusqu’à nous ?

Avec le sens de la pédagogie qu’on lui connaît, Sœur Marie-Christine Bernard a su rendre vivantes des fêtes qui nous aident à ne pas désespérer de ce monde froid et technicien.

 

Marie-Christine Bernard, Au rythme des fêtes chrétiennes, Cerf, 2014, 192 pages, 14 €

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L’islam et nous

Broché : 274 pages
Editeur : CERF EDITIONS (11 septembre 2014)
Collection : L’histoire à vif
Langue : Français
ISBN-10 : 2204100560
ISBN-13 : 978-2204100564
Dimensions : 21 x 2 x 13,5 cm

 L’islam et nous

Dans le foisonnement d’ouvrages écrits sur l’islam, celui de Dominique Josse devrait faire date ; ce serait justice. Que voilà un livre intelligent ! Il dit en termes simples des choses parfois compliquées, il ose appeler chat un chat, affirmant la fracture irréversible qui sépare le christianisme de l’islam tout en appelant à la création de ponts. L’islam a hélas tendance à se dévoiler sous son jour le plus violent mais le chrétien, désabusé et noyé comme tout un chacun dans l’océan de la consommation, peut tirer du positif quand il observe le degré de foi manifesté par beaucoup de musulmans. L’islam serait-il la seule religion à résister au rouleau compresseur de la mondialisation ? Si oui, dans quelle mesure pourrait-il inspirer les chrétiens afin qu’ils montrent davantage d’assiduité à la prière et se montrent fiers de leur foi ?

Dominique Josse a divisé son ouvrage en trois grandes parties : les sources de l’islam, la théologie de l’islam et la pratique de l’islam. J’ai rarement lu un livre aussi pédagogue sur le sujet. Sans entrer dans le détail, le sentiment est que l’auteur s’attache à donner du Dieu de l’islam une image radicalement différente du Dieu des chrétiens – une image respectueuse, mais différente – qui s’explique par le fait que l’islam est « la religion naturelle du Dieu révélé » (Alain Besançon) (p. 54). L’auteur fait souvent référence à la notion d’extrinsécisme chère au grand orientalisant Louis Gardet : l’image que les musulmans d’Allah est si puissante, si transcendante, si éloignée de la condition humaine que le croyant, même au paradis, est toujours placé sous le regard terrible et pénétrant du Tout-Puissant. Le Dieu musulman, contrairement au Dieu chrétien, se situe loin de la condition humaine : il est l’Omniscient, l’Omnipotent, Celui qui voit et sait tout et devant lequel le croyant n’a qu’une attitude à adopter : la soumission. L’islam n’est pas la religion de l’amour, mais de la foi, une foi pure, un bloc massif, impénétrable. Dans sa dernière partie, D. Josse insiste sur les différences irréversibles qui distinguent islam et christianisme. Cependant, alors que le canon résonne en Syrie et en Irak, il émet un rêve : que, sans renoncer à ce qui fonde leur foi, chrétiens et musulmans se rapprochent pour donner un peu d’âme à un monde desséché et desséchant. Depuis qu’on a liquidé Dieu en Occident et quand on considère le mal-être ambiant, on se demande où est le progrès !

 

Dominique Josse, L’islam et nous, Cerf, 2014, 274 pages.

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L’Eglise catholique. Son être, sa réalisation, sa mission

Broché: 528 pages
Editeur : Cerf (10 avril 2014)
Collection : COGITATIO FIDEI
Langue : Français
ISBN-10: 2204100676
ISBN-13: 978-2204100670
Dimensions : 21,4 x 13,6 x 3,2 cm

 L’Eglise catholique. Son être, sa réalisation, sa mission

Président du Conseil pontifical pour la promotion de l’unité des chrétiens, le cardinal Walter Kasper n’hésite pas, de temps à autre, à reprendre du service dans ce domaine de la théologie dont il est un des meilleurs spécialistes : l’ecclésiologie, c’est-à-dire l’étude de l’Eglise. Comme il a l’occasion de l’écrire, l’Eglise prend ici diverses acceptions, de l’Eglise en tant que mystère à l’Eglise considérée comme institution. Comme l’affirme l’auteur, l’ecclésiologie « est en tant que théologie ecclésiale une réflexion de l’Eglise sur elle-même et sur sa mission dans le monde » (p. 78). Dans la mesure où l’ouvrage est publié au sein d’une collection consacrée à la théologie (Cogitatio Fidei), il ne faut pas s’attendre à une œuvre facile. L’Eglise catholique requiert un véritable effort d’attention et de compréhension car la réflexion touche de nombreux domaines hélas peu familiers à l’immense majorité des chrétiens. L’histoire universelle du salut ou la détermination de l’être de l’Eglise risquent d’apparaître obscures à beaucoup. C’est que Walter Kasper, en grand théologien surplombant son sujet, manie force sources et concepts. Avec une maîtrise insurpassable, il décline la matière de façon à considérer l’ensemble des champs d’action et de pensée touchés de près ou de loin par l’ecclésiologie. Peuple de Dieu, ministère de Pierre, responsabilité des laïcs, monachisme, avenir de la paroisse, rien de ce qui constitue l’être profond de l’Eglise n’est oublié. L’Eglise considérée comme institution, comme structure ! Voilà qui pourrait effrayer les plus rétifs à l’idée d’une Eglise vue comme une société, mais qu’ils se rassurent. En effet, l’auteur, n’oubliant jamais qu’il est d’abord théologien, enracine continûment sa pensée dans l’Ecriture.

Il y a plusieurs façons de lire semblable livre. Pour les plus entreprenants ou les plus courageux, on peut le travailler classiquement, de son ouverture à sa conclusion. On peut également picorer de ci de là des éléments de culture ou d’apprentissage de la foi catholique. Au total, L’Eglise catholique constitue un ouvrage quasi définitif sur le sujet, un outil important pour faire accroire que l’Eglise est toujours « mieux le peuple de Dieu, porteur de la Bonne Nouvelle du salut. »

 

Walter Kasper, L’Eglise catholique. Son être, sa réalisation, sa mission, Cerf, 2014, 583 pages, 49 €