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Le Mur de l’Ouest n’est pas tombé

Broché : 288 pages Editeur : PIERRE-GUILLAUME DE ROUX (29 mai 2015) Collection : PGDR EDITIONS Langue : Français ISBN-10 : 2363711289 ISBN-13 : 978-2363711281 Dimensions : 22,5 x 2,3 x 14 cm
Broché : 288 pages
Editeur : PIERRE-GUILLAUME DE ROUX (29 mai 2015)
Collection : PGDR EDITIONS
Langue : Français
ISBN-10 : 2363711289
ISBN-13 : 978-2363711281
Dimensions : 22,5 x 2,3 x 14 cm

 Le Mur de l’Ouest n’est pas tombé

Le dernier livre de l’essayiste Hervé Juvin est plus un pamphlet qu’une étude longuement mûrie sur le monde contemporain. Avec la chute du mur de Berlin, l’Europe pensait avoir recouvré son unité et son indépendance. Beaucoup croyaient à l’époque qu’elle jouerait à nouveau un rôle de premier plan dans l’histoire du monde. Hélas, c’était ne pas vouloir comprendre que la construction européenne se muerait en une sorte de coquille vide et que l’imperium américain ne consentirait jamais à laisser l’Europe devenir une puissance majeure. Bien sûr, il est toujours possible de considérer que la domination américaine est moins pesante qu’à l’époque de l’Union Soviétique. A cet égard, il est certain que l’émergence de puissances comme la Chine ou l’Inde paraît avoir affaibli la prépondérance américaine. Si l’on y regarde de plus près, on peut faire un autre constat. La puissance américaine a mué, elle a changé. Pour Hervé Juvin, ce qui compte désormais, c’est moins le nombre de tanks et de tonnes d’acier fabriquées que l’environnement international. Or, celui-ci s’est fondu dans une globalisation qui doit beaucoup aux grandes compagnies états-unienne, genre Google ou Amazon. C’est grâce à de tels leviers que l’américanisation du monde est en marche. Hervé Juvin ne s’en prend pas aux USA en tant que tel, il considère seulement que ce pays est devenu le tremplin de tous ceux qui pousse au règne omnipotent de la globalisation, de Georges Soros aux mafieux ukrainiens. Face à ce bulldozer, l’Europe, incapable d’avoir une politique cohérente et ambitieuse, ne pèse pas lourd. Dans cet essai un peu brouillon, Hervé Juvin appelle au non-alignement de l’Europe et au rapprochement avec des acteurs majeurs comme la Russie. Parfois confus, Le Mur de l’Ouest… rappelle un certain nombre d’urgences, qu’elles soient politiques, militaires, économiques ou environnementales. Comment, tout comme lui, ne pas être pantois devant le fait que nous continuions à confondre économie et raison de vivre, croissance et civilisation. Que les hommes mettent du temps à comprendre le monde !

 

Hervé Juvin, Le Mur de l’Ouest n’est pas tombé, Pierre-G. de Roux, 2015, 276 pages, 23€

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La grande séparation : Pour une écologie des civilisations

Broché: 400 pages
Editeur : Gallimard (10 octobre 2013)
Collection : Le Débat
Langue : Français
ISBN-10: 2070142876
ISBN-13: 978-2070142873
Dimensions : 20,4 x 13,8 x 2,8 cm

 La grande séparation

Autrefois apôtre de la mondialisation et de ses mirages, Hervé Juvin devient aujourd’hui, au fil de ses ouvrages, l’un de ses plus fervents contempteurs. Certes, il est prêt à lui reconnaître certains mérites mais, quand il la juge à l’aune de ce qu’il appelle « l’écologie des civilisations », il en voit les dangers et les horreurs.

Qu’est-ce que « la grande séparation » dont l’auteur redoute les effets ? La mondialisation est en train, subrepticement, de créer un homme nouveau, un homme hors-sol, un homme de nulle part, sans repères ni tradition, dépourvu d’identité, un consommateur hédoniste s’abrutissant dans le contentement de soi. Bref, un homme séparé de tout ce qui jadis concourait à sa construction, mais « la séparation de l’homme à l’égard de toute détermination » n’est-elle pas le pari de la modernité (p. 92) ? Les conséquences de cette entreprise de déculturation auront nécessairement des effets périlleux sur nombre de civilisations, surtout les plus fragiles comme les peuples vivant en marge, dans la jungle indonésienne ou amazonienne. Le rouleau compresseur de la « grande séparation » repose sur trois piliers : la mondialisation, le développement économique et l’hégémonie du contrat. Se moquant des Etats, des traditions et des cultures, elle vise rien moins qu’à l’avènement d’un homme nouveau, consommateur sans racines, individu interchangeable. Pour H. Juvin, l’advenue d’une telle monstruosité n’est pas inéluctable, « d’où, écrit-il, l’actualité d’une écologie humaine, une politique de la diversité qui placerait les sociétés humaines, les cultures et leurs modes de vie avant même la diversité végétale ou animale, au rang des conditions de survie de l’espèce humaine – de notre survie » (p. 369)

Intellectuellement charpenté, l’ouvrage de Hervé Juvin s’appuie aussi sur l’expérience de l’auteur, voyageur impénitent qui a vu de près les ravages de la mondialisation en terme environnemental et civilisationnel. Si la thèse de La grande séparation est à prendre très au sérieux, on n’omettra pas de signaler qu’en moyenne, dans le monde, la pauvreté est en recul et que l’espérance de vie progresse. La mondialisation n’a pas que de effets négatifs. L’idéal serait de mieux l’arrimer aux particularismes existants, mais est-ce possible ?

Un livre passionnant pour comprendre le monde qui vient, mais qui aurait sans doute gagné à s’alléger d’une centaine de pages.

 

Hervé Juvin, La grande séparation : Pour une écologie des civilisations, Gallimard, 2013, 388 pages, 22.50 €