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Littérature Recensions

Napoléon et la campagne de France – 1814

Broché: 368 pages
Editeur : Armand Colin (22 janvier 2014)
Collection : Hors collection
Langue : Français
ISBN-10: 2200287402
ISBN-13: 978-2200287405
Dimensions : 23,2 x 15,2 x 2 cm

 Napoléon et la campagne de France – 1814

Le centenaire de la Grande Guerre a malheureusement tendance à occulter un événement important de l’histoire de France : la campagne de France de 1814, prélude à la première abdication de l’Empereur Napoléon.

Successeur de Jean Tulard à la tête de l’Institut Napoléon, déjà auteur d’une trentaine d’ouvrages, Jacques-Olivier Boudon était bien placé pour donner, en un petit livre, une bonne synthèse de cette campagne. Il faut convenir que l’auteur réussit son pari avec maestria : style limpide, maîtrise de l’information, visée pédagogique… Bien sûr, on pourrait faire la fine bouche en se demandant ce que cet ouvrage apporte de neuf à une histoire bien connue et maintes fois racontée. Mais face à l’hémiplégie mémorielle contemporaine, l’argument est de peu de poids : il est bon de chanter, à temps et à contretemps, les belles pages de l’histoire de France. Et, quoique essentiellement militaire, celles écrites par Napoléon et sa petite armée font partie de ces dernières. Assailli par des forces infiniment supérieures, Napoléon multiplie les victoires (Vauchamps, Montereau, Montmirail…) grâce au mot d’ordre qu’on lui connaît depuis ses plus jeunes années : « Vitesse et activité », tactique qui lui permet de tenir tête à une coalition dont les armées réunies sont plusieurs fois supérieures au total des hommes qu’il a pu réunir et équiper. Le brio avec lequel Napoléon retarde l’échéance n’a qu’un temps, la disproportion des forces étant trop importante. Faisant fi de l’attitude de Napoléon et de son armée, les souverains coalisés mettent un terme à la guerre en prenant Paris. La France étant un pays extrêmement centralisé, la perte de la capitale signifie la fin de l’Empire. On sait la suite : l’abdication de Fontainebleau, le départ pour l’Ile d’Elbe, puis les Cent-Jours et enfin Waterloo.

Jacques-Olivier Boudon livre une synthèse accomplie de cet hiver 1814, n’oubliant pas les fronts périphériques comme l’Italie ou la difficulté de mobiliser un peuple en guerre constante depuis plus de vingt ans. Bref, un beau livre pour une belle page d’histoire.

 

Jacques-Olivier Boudon, Napoléon et la campagne de France – 1814, Armand Colin, 2014, 365 pages, 20 €

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Biographies Recensions

Kennedy : Une vie en clair-obscur

Broché: 240 pages
Editeur : Armand Colin (18 septembre 2013)
Collection : Hors collection
Langue : Français
ISBN-10: 2200279833
ISBN-13: 978-2200279837
Dimensions : 22 x 14,4 x 2,6 cm

 Kennedy : Une vie en clair-obscur

Qui était John Fitzgerald Kennedy ? Tellement a été dit sur sa vie et sa courte présidence que l’on se demande bien ce qu’un livre de plus peut apporter. On vante généralement l’image d’un Kennedy, jeune, beau et dynamique, incarnation de l’Amérique triomphante. Le Kennedy de Thomas Snégaroff dit bien autre chose. Carrière fulgurante, court mais étincelant passage dans l’armée, gloire et aisance, certainement. En contrepoint demeure un négatif qui a longtemps été tu. S’il est aventureux de dire que l’obscurité dépasse ici la clarté, ce Kennedy n’en jette pas moins une lumière crue sur ce fils de politicien, lui-même politicien, catholique, amateur de jolies femmes. Quand les foules voient le play-boy, sûr de lui, toujours bronzé, le symbole d’une Amérique sûre de sa force, l’Histoire voit la douleur d’un homme qui a sans cesse vécu avec des ennuis de santé, cherchant sa personnalité dans l’image que lui renvoient les autres et d’abord les membres de sa famille « Toute sa vie, il aura admirablement joué le rôle que d’autres lui ont attribué » (p. 214). C’est son père, Joseph, qui le pousse à faire une carrière dans la politique, une carrière à l’origine dévolue à Joseph Junior, le fils préféré.

Ambitieux, débordant de vitalité, John F. Kennedy a vécu toute une vie dans la souffrance physique et à l’ombre de la mort. Le livre de Thomas Snégaroff livre l’autre face du rêve américain. Ce Kennedy se lit comme un roman. Manque peut-être quelques pages sur la politique menée par un président dont on ne peut réduire la vie à un mythe.

Thomas Snégaroff, Kennedy : Une vie en clair-obscur, Armand Colin, 2013, 224 pages, 19.90 €

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Histoire Recensions

L’héritage de Vichy

Relié: 256 pages
Editeur : Armand Colin (3 octobre 2012)
Collection : Hors collection
Langue : Français
ISBN-10: 2200275129
ISBN-13: 978-2200275129
Dimensions : 22,8 x 17,4 x 2,4 cm

 L’héritage de Vichy

Déjà auteur de Sous l’œil de l’occupant, album photographique relatant la façon dont les Allemands voyaient les Français entre 1940 et 1944, Cécile Desprairies poursuit son exploration de l’Occupation. Elle le fait par un biais original. Si les signes et symboles les plus voyants de l’Etat français ont été niés et effacés – plus d’Hôtel du Parc, siège de l’Etat français, à Vichy ! -, un certain nombre de mesures existent encore, dont les Français profitent et qui, horresco referens !, ont été prises par le gouvernement de Vichy. Beaucoup connaissent la plus universelle, la Fête des Mères, mais il en reste quantité d’autre qui n’ont pas été abrogées par les républiques.

Tout n’était pas mauvais, loin s’en faut, dans les 16 786 lois et décrets promulgués par Vichy. Comme l’écrivait Marc-Olivier Baruch, « tout n’était pas à rejeter dans la production administrative de ces quatre années, qui seraient pourtant quelque temps plus tard décrites comme ‘à rayer de notre histoire’ ». Que ce soit la vie quotidienne, l’éducation, l’alimentation, la culture ou le sport, pas un de ces domaines qui n’ait été épargné par la production législative de l’Etat français. Certaines de ces mesures n’ont au départ d’autre but que la surveillance de la population, comme la carte d’identité. D’autres sont le fruit de la pression de l’occupant comme le délit de non-assistance à personne en danger (loi du 25 octobre 1941), incitation faite à la population française de collaborer. Il en est qui proviennent des restrictions imposées par la dureté des temps comme l’obligation, au restaurant, du menu à prix fixe. Pour le reste, la recension de Cécile Desprairies compte moult mesures qui font partie du patrimoine génétique des Français et ne comptent pas pour rien dans l’identité de la France. De cet inventaire à la Prévert, retenons, entre autres, l’accouchement sous X, l’heure d’été et l’heure d’hiver, la nouvelle place de l’apéritif, l’extension des vins AOC, la Réunion des musées nationaux, le film en couleur et le film d’animation, l’enseignement du dessin, les comités d’entreprise, l’INSEE, la retraite des vieux, le hand-ball, le carnet de santé, le code de la route, les autoroutes, etc. Très instructif.

Cécile Desprairies, L’héritage de Vichy, Armand Colin, 2012, 237 pages, 27.50 €