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Les amants du Goulag

Broché: 332 pages
Editeur : Presses de la Cité (13 septembre 2012)
Collection : Documents
Langue : Français
ISBN-10: 225809478X
ISBN-13: 978-2258094789
Dimensions : 23,8 x 15,2 x 3,2 cm

 Les amants du Goulag

L’universitaire britannique Orlando Figes s’est forgé une belle réputation dans le monde des soviétologues. Ses dernières publications, comme son Histoire de la révolution russe, ont montré de façon éclatante ses dons d’analyste et de conteur. Son dernier livre, Les amants du Goulag, atteste son aptitude à mêler histoire générale et histoires particulières. Cette Une histoire d’amour et de survie dans les camps de Staline (c’est le sous-titre) raconte la relation épistolaire d’une quinzaine d’années entre Lev, déporté au Goulag, et Svetlana, une jeune fille qu’il a rencontrée avant la guerre. Cette histoire n’aurait pu voir le jour sans les centaines de lettres échangées clandestinement entre les deux amants. Simplement suspecté pour avoir été fait prisonnier par les Allemands, Lev ne sort des griffes des SS que pour mieux tomber dans celle du NKVD. Condamné en 1945 pour intelligence avec l’ennemi, il est déporté à Petchora, près du Cercle Arctique. De là, grâce à des complicités, il nourrit une correspondance étroite et suivie avec Svetlana. Au-delà d’une simple et belle histoire d’amour, leurs lettres, retrouvées au début des années 2000 dans trois vieilles malles, disent plus long sur l’état de l’Union Soviétique à cette époque que les traités les plus savants. Répression, surveillance, pénurie, délation, bureaucratie et inefficacité sont constitutives de la situation du pays. Quant au Goulag, il était bien ce monde à part qu’avait décrit Gustaw Herling. C’est bien un monde féroce et ubuesque que dépeignent les lettres de Lev. L’amour que lui portait Svetlana l’a aidé à traverser les épreuves. On ne lit pas sans émotion la constance de ce couple qui parvint à tenir bon dans les orages.

L’aventure devait se terminer de façon heureuse, par la libération de Lev à l’époque de la déstalinisation. Il lui fallait désormais réapprendre la liberté, chose qui était loin d’être simple quand on avait passé le meilleur de sa jeunesse loin de la civilisation.

Orlando Figes, Les amants du Goulag, Presses de la Cité, 2012, 334 pages, 19.50 €