Catégories
Littérature Recensions

François Mauriac – Correspondance intime 1898 – juillet 1970

Broché: 739 pages
Editeur : Robert Laffont (6 septembre 2012)
Collection : Bouquins
Langue : Français
ISBN-10: 2221116607
ISBN-13: 978-2221116609
Dimensions : 19,8 x 13,4 x 2,6 cm

 François Mauriac – Correspondance intime

Grâces soient rendues aux Editions Robert Laffont qui viennent d’éditer, dans la fameuse collection « Bouquins », la correspondance privée de François Mauriac. S’il fallait faire court, tournons-nous vers Jean-Luc Barré, le meilleure exégète de l’œuvre de Mauriac : « Indispensable complément du Bloc-notes et des Nouveaux mémoires intérieurs, cette correspondance reflète soixante années d’histoire, littéraire, politique, intellectuelle ».

En plus de ses romans, essais et articles divers, le Prix Nobel de littérature 1952 était un fameux épistolier. Commencées vers sa 20ème année, les lettres recensées dans ce volume couvrent toute la vie de l’auteur. Elles s’adressent aux correspondants les plus divers : familiers, écrivains comme Paul Claudel et Georges Duhamel, politiques comme le général De Gaulle et Pierre Mendes France. L’intérêt des lettres est bien sûr variable mais, au final, ce n’est pas cela qui compte. Cette Correspondance intime nous renvoie à une époque où écrire était un art. Loin de l’éphémère engendré par les mails, les tweets et le fourbi contemporain, écrire une lettre signifiait que l’on confiait à autrui ce qu’il y avait de plus cher et de plus secret dans sa vie. Une telle correspondance s’apparente au style du journal. La révélation d’une personnalité s’accompagne de considérations personnelles sur la politique, la religion, l’art, la littérature. L’amplitude des sujets évoqués rend le genre passionnant et contribue à l’inscrire dans la durée ; tout le contraire de la communication d’aujourd’hui qui, elle, se caractérise par son extrême fugacité. Aujourd’hui, l’outil est devenu une fin en soi, il a tendance à primer sur la teneur du message. Enfin, les lettres de Mauriac nous touchent parce que, précisément, elles s’inscrivent dans leur temps et, des décennies après, nous disent beaucoup, non seulement d’un homme, mais d’une époque. Si cette correspondance a autant d’épaisseur, cela est dû à deux raisons. La première, évidemment, tient au style de l’auteur du Nœud de vipère, un des plus grands littérateurs français du siècle dernier. La seconde découle d’une culture littéraire, politique et religieuse aussi vaste que l’était la curiosité de l’auteur. Pour qui aime l’œuvre de Mauriac, un livre nécessaire.

François Mauriac, Correspondance intime, Robert Laffont, 2012, 768 pages, 30 €