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Recensions Témoignages

Passion Kaboul

Broché : 355 pages
Editeur : CERF EDITIONS (25 septembre 2014)
Collection : HISTOIRE A VIF
Langue : Français
ISBN-10 : 2204098795
ISBN-13 : 978-2204098793
Dimensions : 24 x 1,9 x 15 cm

 Passion Kaboul – Le père Serge de Beaurecueil

Après ses biographies des pères Jaussen et Anawati, Jean-Jacques Pérennès, l’actuel directeur de l’Institut Dominicain des Etudes Orientales (IDEO), s’est intéressé à un autre membre de la prestigieuse équipe des fondateur de l’IDEO, au Caire : le P. Serge de Beaurecueil. Passant rapidement sur les jeunes années du P. de Beaurecueil, l’auteur le place vite dans le contexte où il va faire fructifier son talent. Alors que ses confrères dominicains s’intéressent à la langue arabe ou à la théologie musulmane, Serge de Beaurecueil choisit la mystique en étudiant les œuvres du grand mystique afghan Abdullah Ansari. Il en devient assez vite le spécialiste. Mais, alors qu’il vit une vie assez paisible au Caire, ne voilà-t-il pas qu’il ressent une irrépressible attirance pour le pays natal d’Ansari, l’Afghanistan. Le P. de Beaurecueil est alors âgé d’un peu plus de 45 ans. L’appel est si fort qu’après un premier séjour il décide de s’y fixer. L’Afghanistan de cette époque est un pays coupé du monde, pauvre, où traditions et coutumes ancestrales sont un frein puissant à toute tentative de réforme. Il en faudrait plus pour ralentir le désir de Serge de Beaurecueil, désireux de se faire Afghan au milieu des Afghans. Là où tout prosélytisme est interdit, il entretient d’excellents rapports avec les autorités politiques et religieuses de ce pays quasiment coupé du monde, englué dans les rets d’un islam très strict et les conflits inter-ethniques. A son arrivée, le P. de Beaurecueil est enseignant, puis directeur d’école. Cette activité n’aura qu’un temps car il est vite rattrapé par les réalités de ce pays pauvre, en particulier par le cas de ces gosses perdus qu’on trouve dans la rue. D’enseignant le P. de Beaurecueil va devenir éducateur et sa demeure accueillera bientôt une vingtaine de gamins de la rue. Là, sans prosélytisme, juste par amour, il devient ce grand-père qu’ils appellent « padar ». Devant quitter le pays après l’invasion soviétique, Serge de Beaurecueil quitte l’Afghanistan en 1983 ; il n’y reviendra plus. Une dernière rencontre avec ses orphelins, quelque vingt ans plus tard, lui permettra de prendre pleinement conscience de l’importance de l’œuvre qu’il a laissée là-bas, reprise depuis par l’un de ses pensionnaires. L’association « Afghanistan demain » poursuis l’œuvre du Padar : l’accueil et l’éducation des enfants laissé dans la misère. Merci au P. Jean-Jacques Pérennès d’avoir eu la belle idée de nous raconter la vie si pleinement et bellement donné du P. de Beaureceuil.

 

Jean-Jacques Pérennès, Passion Kaboul, Cerf, 2014, 355 pages, 24 €

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Recensions Religion

Le Père Antonin Jaussen, o.p. (1871-1962) : Une passion pour l’Orient musulman

Broché: 132 pages
Editeur : Cerf (31 mai 2012)
Collection : L’histoire à vif
Langue : Français
ISBN-10: 2204088811
ISBN-13: 978-2204088817
Dimensions : 21,2 x 13,4 x 1,4 cm

 Le père Antonin Jaussen, o.p. (1871-1962)

            Entre l’Orient et l’Occident les différences sont nombreuses. Une des plus évidentes réside dans le fait qu’historiquement les Orientaux se sont généralement peu intéressés à ce qui se passait en Occident. Au contraire, dès la fin du XVIII° siècle avec l’expédition de Bonaparte en Egypte, nombreux furent les Occidentaux à se passionner pour ce qui venait de là-bas. La civilisation égyptienne, les conquêtes d’Alexandre, le début du christianisme, l’islam… tout cela faisait rêver égyptologues, historiens, scientifiques et… hommes d’Eglise. La liste est longue de ces rêveurs géniaux, fascinés par cet Orient à la fois proche et lointain, simple et compliqué, de Lawrence d’Arabie au père Lagrange, le fondateur de la célèbre Ecole Biblique de Jérusalem. Au sein du monde catholique, après les mercédaires spécialisés dans le rachat des esclaves chrétiens, les dominicains se prirent de passion pour l’Orient, chrétien et musulman. Le P. Jaussen est l’un d’eux. Né en 1871 en Ardèche, des études brillantes dans les langues orientales font prendre à sa vie un départ inattendu : celle de l’intellectuel et de l’aventurier de cette époque telle qu’on se l’imagine aujourd’hui. Il y a chez Jaussen du Guillaume de Rubrouck et du Henri de Monfreid. Polyglotte comme la plupart des membres de l’Ecole Biblique, il passe son temps entre l’étude, la découverte des populations et des lieux. C’est que le P. Jaussen n’a rien d’un intellectuel en chambre ; il n’aime rien moins que de rencontrer les bédouins. La Première Guerre Mondiale lui donne l’occasion de mettre ses connaissances de la culture locale au service de la cause alliée. Les autorités françaises le chargent en effet d’organiser le services de renseignements en Palestine et en Syrie. Après la guerre, il quitte Jérusalem pour Le Caire ; il est de l’équipe qui va fonder le prestigieux Institut Dominicain d’Etudes Orientales (IDEO). Bâtir un pont entre l’Orient musulman et l’Occident chrétien, c’était pour lui, accompagné de ces autres pionniers que furent les pères Anawati et de Beaureceuil, un véritable acte de foi.

L’auteur de cette biographie, le P. Jean-Jacques Pérennès, actuellement directeur de l’IDEO, était évidemment le mieux placé pour raconter la biographie d’un de ses grands prédécesseurs. Ce petit livre, toujours passionnant, constitue une introduction de qualité pour mieux apprécier la qualité de l’œuvre toujours vivante des dominicains en terre d’Islam.

Jean-Jacques Pérennès, Le père Antonin Jaussen o.p. (1871-1962) : Une passion pour l’Orient musulman, Le Cerf, 2012, p. 132, 13 €