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Actualités Recensions

Les marchands de nouvelles

Broché : 528 pages
Editeur : L’artilleur (24 octobre 2018)
Collection : TOUC.ESSAIS
Langue : Français
ISBN-10 : 2810008469
ISBN-13 : 978-2810008469
Dimensions : 14 x 3,6 x 22 cm

D’aucuns pourraient trouver ce sous-titre exagéré. Evidemment, les grandes chaînes de TV ou de radio, de même que les grands titres de la presse écrite, sont à mille lieues de la propagande de la Russie stalinienne ou de l’Allemagne hitlérienne. Le Monde n’est pas la Pravda. Il n’empêche. A force de cultiver une sorte d’entre-soi parisien, beaucoup de journalistes racontent le monde non pas tel qu’il est mais comme ils voudraient qu’ils soient. En pointant quelques problèmes contemporains  comme la question du réchauffement climatique, I. Riocreux explique la façon dont les journalistes les plus zélés « se croient investis d’une mission de conversion des masses » (p. 421-422), si bien qu’au bout du compte il devient très difficile de présenter la thèse contraire sous peine de passer pour un rétrograde impénitent. Le sentiment domine que certains se sont  donnés comme mission de rééduquer un peuple susceptible de penser de travers. Au fond, la question que soulève l’auteure tient dans cette phrase : comment les grands médias, généreusement subventionnés par l’argent public, ont-ils le front de considérer lecteurs, auditeurs et téléspectateurs pour des imbéciles, ou au mieux pour des naïfs pensant mal ?

Ingrid Riocreux, Les marchands de nouvelles, L’Artilleur, 2018, 524 pages, 22€

L’extrait : « Considérer celui qui se rend coupable  de déviance par rapport à la morale officielle comme un « fou » traduit une forme de bienveillance à son égard. Il n’est pas méchant, il est seulement malade, et un malade on le soigne. » (p. 449)

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La langue des médias

Broché : 336 pages
Editeur : L’artilleur (16 mars 2016)
Collection : TOUCAN ESSAIS
Langue : Français
ISBN-10 : 2810006962
ISBN-13 : 978-2810006960
Dimensions : 14 x 3 x 22 cm

 La langue des médias

Nous autres, lecteurs, auditeurs, consommateurs compulsifs aux écrans, sommes des éponges. Nous absorbons, souvent sans broncher, les propos torrentiels venus du monde médiatique. Or, il faut s’en méfier. Non pas que les journalistes poussent la fourberie à nous mentir sous des propos riants ou anodins, mais plus simplement parce que, du fait de leur formation et du conformisme qui règne dans la profession, ils sont portés, contrairement au souhait formulé jadis par Péguy, à ne pas voir ce qu’ils voient. Le Journaliste n’est pas là pour donner des informations brutes. Commentateur de l’actualité, son image est de moins en moins neutre et il est devenu un prescripteur d’opinion chargé de dire le bien et le mal. Le pire, c’est que le système médiatique, dans sa toute-puissance, n’a pas érigé de contre-pouvoir. Au contraire, il est devenu une sorte de « fabrique du consentement », de sorte que le conformisme de la pensée semble des plus naturels. Puisque le consommateur consent, il n’a pas à réfléchir. Le livre d’Ingrid Riocreux est une charge puissante contre le moule uniforme dans lequel veut nous enfermer les journalistes et ceux qui les paient.

Ingrid Riocreux, La langue des médias : Destruction du langage et fabrication du consentement, 2017, L’Artilleur, 333 pages, 20 €

L’extrait : « La capacité à se défendre en utilisant au mieux les techniques du discours, la possibilité de prendre la parole dans les assemblées pour faire valoir son point de vue et essayer de rallier les autres à sa cause étaient, par la rhétorique, rendues accessibles à tous. Et la République française qui se flattait de permettre à tous les citoyens de bénéficier de la scolarité se hâta de les priver de la maîtrise des moyens de s’exprimer. » (p. 288)

 

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La langue des médias

Broché : 336 pages
Editeur : L’artilleur (16 mars 2016)
Collection : TOUCAN ESSAIS
Langue : Français
ISBN-10 : 2810006962
ISBN-13 : 978-2810006960
Dimensions : 14 x 3 x 22 cm

 La langue des médias

Nous autres, lecteurs, auditeurs, consommateurs compulsifs aux écrans, sommes des éponges. Nous absorbons, souvent sans broncher, les propos torrentiels venus du monde médiatique. Or, il faut s’en méfier. Non pas que les journalistes poussent la fourberie à nous mentir sous des propos riants ou anodins, mais plus simplement parce que, du fait de leur formation et du conformisme qui règne dans la profession, ils sont portés, contrairement au souhait formulé jadis par Péguy, à ne pas voir ce qu’ils voient. Il existe une langue propre aux médias, sorte de volapuk qui tend à cacher la réalité, à l’amoindrir, à la travestir. Dans ce texte très argumenté, Ingrid Riocreux invite à réfléchir sur la fonction du journaliste. Ici, le journaliste prend la figure du professionnel des médias : le Journaliste (avec majuscule). Celui-ci n’est pas foncièrement malhonnête mais sa formation le pousse inexorablement à suivre les chemins de traverse. Armé d’une bonne conscience en bêton, sûr d’appartenir au camp du Bien, le Journalistes, écrit Ingrid Riocreux, peut écrire et dire n’importe quoi, pourvu qu’il serve la bonne cause. De toute façon, il n’a de compte à rendre à personne. Le Journaliste n’est pas là pour donner des informations brutes. Commentateur de l’actualité, son image est de moins en moins neutre et il est devenu un prescripteur d’opinion chargé de dire le bien et le mal. Le pire, c’est que le système médiatique, dans sa toute-puissance, n’a pas érigé de contre-pouvoir. Au contraire, il est devenu une sorte de « fabrique du consentement », de sorte que le conformisme de la pensée semble des plus naturels. Puisque le consommateur consent, il n’a pas à réfléchir. Le livre d’Ingrid Riocreux est une charge puissante contre le moule uniforme dans lequel veut nous enfermer les journalistes et ceux qui les paient.

 

Ingrid Riocreux, La langue des médias, 2017, L’Artilleur, 333 pages, 20€