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La haine du monde

Broché : 237 pages Editeur : Cerf (5 février 2016) Collection : PHILO Langue : Français ISBN-10 : 2204108065 ISBN-13 : 978-2204108065 Dimensions : 21 x 1,9 x 13,5 cm
Broché : 237 pages
Editeur : Cerf (5 février 2016)
Collection : PHILO
Langue : Français
ISBN-10 : 2204108065
ISBN-13 : 978-2204108065
Dimensions : 21 x 1,9 x 13,5 cm

 La haine du monde

Le dernier livre de la philosophe Chantal Delsol donne le sentiment que cette dernière clôt un chapitre d’une réflexion entamée dès 2011 avec L’âge du renoncement. Elle poursuit sa recherche dans un livre dense avec pour sous-titre : « Totalitarismes et postmodernité ». Pour Chantal Delsol, les sociétés occidentales contemporaines sont traversées par deux courants principaux. Le premier, qui s’origine dans les Lumières et les années les plus sanglantes de la Révolution française, a pour but l’émancipation totale des individus, lequel doit s’affranchir du poids de l’histoire, des traditions, un individu oublieux de ce qui le fonde, un quidam hors-sol, nomade, obnubilé par la consommation et le divertissement. Tout au contraire, le second courant vise à préserver les racines, à faire prendre conscience à l’individu qu’il est le fruit d’une histoire et d’une mémoire, que le passé l’oblige, que tout n’est pas permis et que l’existence peut être tragique. Le premier courant, qui se réfère sans cesse aux droits de l’homme, est aussi inconséquent que naïf : il n’imagine pas à quel point il se rattache, par les buts qu’il recherche, aux totalitarismes les plus furieux du siècle passé, le communisme en premier lieu. Ce dernier, à l’instar du courant transhumaniste contemporain, souhaitait l’apparition d’un homme nouveau, lavé de sa culture et de ses origines. C’était – mais ses partisans ne le voient pas – se rendre pieds et mains liés aux forces les plus puissantes, celles du marché dans lequel tout se vend et tout s’achète et dans lequel le puissant écrase le pauvre et l’innocent. La force de ce courant émancipateur, qu’angoisse Chantal Delsol, se nourrit d’un mépris du peuple déjà à l’œuvre dans les totalitarismes. Si nous retrouvons dernier à l’âge post-moderne, c’est parce qu’il s’agit encore aujourd’hui d’imposer une idéologie pour laquelle les peuples n’ont pas de goût – et donc d’arguer de leur incompétence pour les écarter du pouvoir. » (p. 166) Dans ce livre brillant, Chantal Delsol déroule avec brio une pensée sans compromission.

 

Chantal Delsol, La haine du monde, Cerf, 2016, 238 pages, 19€