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Biographies Recensions

Raspoutine

Broché : 352 pages
Editeur : Perrin (3 novembre 2016)
Collection : Biographie
Langue : Français
ISBN-10 : 2262040656
ISBN-13 : 978-2262040659
Dimensions : 14,1 x 3 x 21,1 cm

Longue barbe hirsute, regard magnétique, tout habillé de noir, Raspoutine incarnait l’image du mal, la représentation vivante d’un démon qui allait entraîner les Romanov dans sa chute, un régime vieux de trois siècles. Le livre d’Alexandre Sumpf ne ressemble en rien à une biographie classique. Certes, l’auteur parsème son récit d’éléments biographiques mais ces derniers comptent moins que ce que la légende et les arts, en particulier le cinéma, ont dit de Raspoutine. Il ne convient pas d’attribuer à Raspoutine un rôle plus important qu’il n’était dans la déréliction du régime impérial. Certes, Raspoutine exacerba le mysticisme de l’impératrice Alexandra et coupa un peu plus Nicolas II des réalités mais si le régime est tombé aussi facilement, c’est que le ver était dans le fruit depuis longtemps, bien avant que Raspoutine exerçât quelque influence. Il n’en reste pas moins que dans cette atmosphère de fin d’un monde que sont les dernières années du régime tsariste, Raspoutine se voit comme un homme béni par Dieu de façon particulière (p. 111).

Alexandre Sumpf, Raspoutine, Perrin, 2016, 343 pages, 23€

L’extrait : « Au terme de quatre-vingts ans de représentation à l’écran, Raspoutine a donc fini par figurer le mal absolu, entre satanisme et magie noire… » (p. 299)

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Histoire Recensions

La Grande Guerre oubliée

Broché : 527 pages
Editeur : Perrin (2 octobre 2014)
Langue : Français
ISBN-10 : 2262040451
ISBN-13 : 978-2262040451
Dimensions : 24 x 3,8 x 15,5 cm

 La Grande Guerre oubliée

Trop souvent la Première Guerre mondiale se confond avec la guerre des tranchées, celle qui a ensanglanté le nord-est de la France. C’est oublier que cette guerre était mondiale et que d’autres théâtres d’opérations ont vu, eux aussi, couler des torrents de sang. Les Alliés auraient-ils gagné la guerre si l’armée russe n’avait pas retenu un bon tiers de l’armée allemande ainsi que le plus gros des forces de la Double Monarchie ? Le livre d’Alexandre Sumpf n’est en rien une histoire de la Grande Guerre à l’Est. Ici, la guerre ne fait que s’inscrire en toile de fond d’un récit plus large. Ce qui compte davantage aux yeux de l’auteur, c’est le climat qui saisit un pays dans l’ensemble de ses strates économiques, sociales et culturelles. Si l’on excepte le chapitre réservé aux combattants, La Grande Guerre oubliée vise davantage à retracer la vie des habitants au contact du front ou à l’arrière. Alexandre Sumpf passe l’ensemble des secteurs de la société russe d’avant la Révolution de 1917, une société en guerre, certes bien mobilisée mais cependant moins, en raison de l’étendue du pays et de l’hétérogénité de ses populations, que les principales nations occidentales en guerre : le moral de la troupe et des habitants, les conditions de la survie dans un pays en guerre, les revendications ouvrières, la propagande, etc… Le théâtre, les coulisses et les épreuves de la guerre achèveront la dissolution de la nation impériale. La guerre allait en effet mettre à nu et accélérer les maux d’une société dont Dieu, le tsar et la patrie n’assuraient plus le ciment. La Grande Guerre oubliée révèle les nombreuses contradictions d’une société à bout de souffle, laminée par ses contradictions internes. Pour Lénine et ses affidés, la vieille Russie n’allait pas tarder à tomber comme un fruit blet ; il suffirait juste de mettre à jour les éléments les plus pourris de l’entité russe.

Grâce à ce travail novateur, Alexandre Sumpf dévoile un pan caché de l’historiographie contemporaine, réalisant un ouvrage que les historiens russes et soviétiques n’avaient pas entrepris avec toute la conviction nécessaire. Si la Grande Guerre a permis l’éclosion de la république des soviets, elle

 

Alexandre Sumpf, La Grande Guerre oubliée, Perrin, 2014, 527 pages, 25 €