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Une révolution sous nos yeux

Broché : 556 pages Editeur : L’artilleur
Édition : Poche (12 février 2014)
Collection : TOUC.ESSAIS
Langue : Français
ISBN-10 : 2810005702
ISBN-13 : 978-2810005703
Dimensions : 11 x 3,2 x 18 cm

 Une révolution sous nos yeux – Comment l’Islam va transformer la France et l’Europe

Editorialiste au Financial Times, le journaliste américain Christophe Caldwell s’intéresse de près l’évolution contemporaine de l’Europe occidentale. Lauréat du Prix du livre incorrect 2012, il a écrit un livre choc dont le sous-titre est en lui-même tout un programme : « Comment l’islam va transformer la France et l’Europe ». Après les événements qui ont ensanglanté la capitale en ce début d’année, j’avoue avoir regardé d’un œil suspicieux le livre de C. Caldwell, présupposant une charge assez violente à l’encontre de l’islam. Mais quoi ! Péguy avait raison : il faut voir ce que l’on voit ! Quarante ans d’immigration peu contrôlée, voire incontrôlée, sont en train de bouleverser le visage du vieux continent. Cela mérite qu’on s’y attarde, qu’on laisse de côté anathèmes et jugements approximatifs pour analyser un phénomène qui se massifie. Livre choc, le livre de C. Caldwell est avant tout un livre d’analyses. L’arrivée massive de populations ayant une histoire et une culture qui ne sont pas les nôtres pose inévitablement question. L’erreur de beaucoup de politiques est de minorer les changements induits par de tels flux. Tout se conjugue pour donner du grain à moudre aux partis qui font de l’immigration leur cheval de bataille. Ce qui hier ne concernait que des lieux peu nombreux et facilement identifiables fait tâche d’huile, tant est si bien qu’on en est venu à parler des « territoires perdus de la République ». Bien qu’employant un langage modéré, l’auteur ose appeler un chat un chat. Quand des personnes appellent à l’application de la Charia dans nos sociétés démocratiques avec tout ce que cela suppose dans les comportements, comme la minorisation de la place de la femme, la vigilance s’impose. Une révolution sous nos yeux est un livre qui a pour vocation d’alerter, de pousser à la réflexion. Tout responsable politique qui se respecte devrait s’approprier la thématique développée ici. Sans langue de bois, à l’aide de nombreux exemples, l’auteur se montre convaincant. J’émets toutefois deux réserves : l’islam est plus divisé que ne l’affirme C. Caldwell et il faut aussi s’interroger sur la place et le rôle des musulmans modérés, voire même des musulmans laïques. Tout musulman n’est pas un adepte de la Charia.

 

Christophe Caldwell, Une révolution sous nos yeux, Editions du Toucan, 2009, 539 pages, 11 €

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Recensions Témoignages

Des nouvelles d’Agafia, ermite dans la Taïga

Broché : 220 pages
Editeur : Actes Sud Editions (31 août 2013)
Collection : Babel
Langue : Français
ISBN-10 : 2330022794
ISBN-13 : 978-2330022792
Dimensions : 17,6 x 1,5 x 11,1 cm

 Des nouvelles d’Agafia

Cet ouvrage fait suite au superbe récit, signé Vassili Peskov, paru en 1992 chez Actes Sud sous le titre Ermites dans la taïga. On se souvient de cette histoire d’une famille de vieux-croyants orthodoxes ayant fui le monde à la suite de la modernisation liturgique adoptée par le patriarche Tikhon au milieu du XVIII° siècle. Comme beaucoup d’autres croyants, ils – la famille Lykov – s’étaient encore un peu plus éloignés de la civilisation lorsque le communisme a pris pied en Russie : c’est qu’il ne faisait pas bon pratiquer une religion à l’époque des pères fondateurs de la patrie du communisme. Les Likov, parents et enfants, s’étaient réfugiés dans une vallée perdue de l’immensité sibérienne, vivant totalement en autarcie, n’ayant aucun lien avec ce qu’ils appelaient – et appellent encore – le « siècle », incarnation du mal car éloignant le croyant de l’essentiel, à savoir une relation intime et privilégiée avec Dieu. C’est en 1978, tout à fait par hasard, qu’un groupe de géologues, abasourdis, découvre l’existence de ces gens totalement coupés du monde, vivant des produits de la pêche, de la chasse, cueillette et petite agriculture. A l’été bref et intensif – quatre mois, guère plus, pour constituer les réserves de bois et de nourriture – succède le rude hiver sibérien, temps de latence qui permet au vieux-croyant de lire des livres de prières usés jusqu’à la moelle à la lueur d’une bougie. Coupés de tout, ignorant la marche du monde durant des décennies, la famille Lykov s’est forgée une philosophie où, face au dénuement, la moindre récolte ou la petite chasse fructueuses devient une bénédiction.

Salarié d’un journal soviétique, Vassili Peskov, dès 1992, s’est passionné pour le sort des Lykov. Lui, l’athée impénitent, s’est pris d’affection pour Agafia, la rescapée d’une famille tôt endeuillée. Chaque été, il s’est rendu en hélicoptère au domaine d’Agafia, mentionnant leur commune relation dans les courts chapitres qui constituent le présent livre. Racontée avec tendresse, cette histoire d’amitié, loin du barnum médiatique et de la surconsommation, est un vrai ballon d’oxygène. Un récit touchant.

 

Vassili Peskov, Des nouvelles d’Agafia, Actes Sud, 2009, 219 pages, 7,70€