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L’essor du christianisme

Broché : 304 pages
Editeur : Excelsis (17 juin 2013)
Collection : L’Eglise dans l’histoire
Langue : Français
ISBN-10 : 2755001887
ISBN-13 : 978-2755001884
Dimensions : 21,9 x 1,5 x 16 cm

 L’essor du christianisme

Connu pour son retentissant Triomphe de la raison (sous-titre : Pourquoi la réussite du modèle occidentale est le fruit du christianisme), paru en 2007, le sociologue des religions Rodney Stark récidive dans sa défense et son apologie du christianisme. Agnostique, l’auteur réfléchit sur un mode uniquement scientifique : comment expliquer la propagation du christianisme au cours des premiers siècles de notre ère ? Mettant au service de sa thèse ses connaissances en sociologie et en histoire, Rodney Stark livre un ouvrage passionnant et convaincant. Il commence à expliquer de façon mathématique la croissance démographique des premières communautés chrétiennes ainsi que l’attraction du christianisme auprès de nombreuses communautés juives. Mais, a-t-on envie de dire, là n’est pas l’essentiel. Pourquoi, en dépit des persécutions (moins nombreuses qu’on le croit), le christianisme a-t-il supplanté le paganisme de façon aussi définitive ? Il y a, remarque Rodney Stark, deux sortes d’explications. Les premières ont trait à l’épuisement du paganisme, devenu aux I° et II° siècles un ensemble de superstitions en voie d’épuisement auquel plus personne ne croyait. Reste la question : qu’est-ce qui, dans la religion nouvelle, attirait païens et juifs ? Pourquoi de nombreux païens ont-ils cessé de croire en leur improbable panthéon pour rejoindre la foi véhiculée par les premiers disciples de Jésus de Nazareth. La réponse, déjà prononcée par un antiquisant comme Lucien Jerphagnon, est évidente : beaucoup de gens ont décidé de se convertir au christianisme parce qu’ils jugeaient cette religion supérieure aux autres. Cette supériorité s’était par exemple manifestée avec éclat durant la peste qui avait touché l’Empire romain au III° siècle : la solidarité et la compassion vécues entre chrétiens avaient montré que l’amour et la miséricorde n’étaient pas des mots creux. Comme l’écrit l’auteur en conclusion, « le christianisme a apporté une nouvelle conception de l’humanité à un monde accablé par une cruauté capricieuse et par un amour de la mort par procuration. » (p. 266). Le christianisme et ses organisations sociales étaient jugés attirants, libérateurs et efficaces. Un livre éloquent et nécessaire.

 

Rodney Stark, L’essor du christianisme, Excelsis, 2013, 303 pages, 23 €

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Histoire du blasphème en Occident (XVI°-XIX° siècle)

Broché : 320 pages
Editeur : ALBIN MICHEL (6 mai 2015)
Collection : Bibliothèque de l’évolution de l’humanité
Langue : Français
ISBN-10 : 2226253858
ISBN-13 : 978-2226253859
Dimensions : 19 x 1,2 x 12,7 cm

 Histoire du blasphème en Occident (XVI°-XIX° siècle)

Ouvrage à visée historique, cette Histoire du blasphème en Occident répond indirectement à une interrogation très actuelle : Comment se fait-il que dans nos sociétés d’incroyance généralisée on accorde autant d’importance au blasphème ? Se peut-il qu’il soit le havre ultime d’une liberté de conscience chèrement acquise à l’encontre des religions révélées ? En effet, l’histoire du blasphème est intimement liée à celle des monothéismes, Bible et Coran prohibant l’usage injurieux du nom de Dieu. Dans le christianisme, les Pères de l’Eglise ne mirent pas longtemps à intégrer le blasphème à la liste des péchés graves. Aux XVI° et XVII° siècles, les Eglises pourchassent inlassablement le blasphème. Durant les guerres de religion, ce dernier prend une coloration différente car il devient synonyme d’hérésie. Pour un catholique, un protestant est forcément blasphémateur et vice-versa. Peu à peu, avec la naissance de l’Etat moderne, les puissances séculières vont s’emparer de l’interdiction sous prétexte que le blasphémateur contrevient à l’ordre social. Par la suite, la position des hiérarchies et des théologiens s’adoucira, distinguant par exemple le blasphème et l’esprit de blasphème, « l’une pouvoir recevoir le pardon, l’autre non » (p. 192). Si le blasphème est toujours condamné par les instances religieuses, le sens de cette condamnation n’est plus le même qu’autrefois. L’exemple le plus évident est produit par les interdits lancés par les responsables religieux, chrétiens, juifs ou musulmans, lorsque radicaux, fondamentalistes et libres penseurs s’en prennent à l’image même de Dieu : en mettant en avant un Dieu vengeur et cruel, ne blasphèment-ils pas le nom de Dieu ? La solide étude d’Alain Cabantous nous rappelle avec bonheur que le « péché de langue » subsiste encore dans les sociétés contemporaines. Instauré en vue d’adoucir les mœurs, il a pris, avec la mondialisation, une coloration autre : désormais il s’agit moins de montrer que l’on est un esprit fort que de dévaloriser la figure de l’autre.

Alain Cabantous aura réussi à montrer qu’ « avec le blasphème, il s’agit de prendre la mesure de la relation entre le divin et l’humain, de saisir la limite entre deux mondes coexistants et pourtant de plus en plus distincts dans l’approche spirituelle de l’Europe moderne. »

 

Alain Cabantous, Histoire du blasphème en Occident, Albin Michel, 2015, 340 pages, 16.50 €

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Chrétiens en danger. Vingt raisons d’espérer

Broché: 194 pages
Editeur : Béatitudes (1 septembre 2013)
Langue : Français
ISBN-10 : 2840245124
ISBN-13 : 978-2840245124
Dimensions : 21 x 1,7 x 13,5 cm

 Chrétiens en danger. Vingt raisons d’espérer

Dans ce petit livre, facile et plaisant à lire, Marc Fromager, l’actuel directeur de l’Aide à l’Eglise en Détresse, se livre à l’examen de vingt pays dans lesquels la vie des chrétiens n’est pas de tout repos. Le catalogue des maux qu’ils subissent, du meurtre à la vexation, est large. Si les situations sont évidemment différentes selon les pays, il ressort de ce tableau que les chrétiens constituent la minorité religieuse la plus persécutée dans le monde.

Continent par continent, Marc Fromager a choisi vingt pays dans lesquels les chrétiens sont exposés à une persécution quasi continue. Quand ils sont minoritaires, les chrétiens souffrent des brimades des extrémistes, musulmans quand il s’agit de l’Asie et de l’Afrique, hindous quand sont concernés les vingt-cinq millions de chrétiens qui vivent en Inde. Même s’ils sont majoritaires, leur situation peut devenir dangereuse ; par exemple, les assassinats de prêtres, au Brésil ou en Colombie, sont monnaie courante. S’il ne se livre pas à une analyse des raisons qui expliquent la recrudescence des violences anti-chrétiennes, l’auteur n’hésite pas à mêler ses expériences personnelles à des considérations plus larges touchant aussi bien la géopolitique que l’évolution des phénomènes religieux sur la planète. Pour chaque cas rencontré, qui va de l’Irak à la Chine en passant par le Kosovo, Marc Fromager explique les raisons qu’il y a d’espérer. Car, malgré les avanies et les persécutions, les chrétiens tiennent debout. Les chrétiens de Mossoul, qui ont tout perdu, et qui n’avaient de choix qu’entre la conversion à l’islam ou la fuite, viennent de prouver combien les mots de saint Paul résonnent dans notre monde : « Quand je suis faible, c’est alors que je suis fort » (2ème épître aux Corinthiens). Ils ont quitté leur foyer, ont tout perdu et pourtant aucun n’a renié sa foi. On imagine difficilement la force de tels témoignages. En Inde, les extrémistes hindous s’en prennent aux chrétiens parce qu’ils savent que ces derniers ne répliqueront pas, mais cela n’empêche pas les conversions. Au Nigeria, nombreux sont les musulmans à être impressionnés devant la patience et l’esprit de pardon qui animent les communautés chrétiennes. Si le sang des martyrs est semence de chrétiens, leur ténacité et leur accueil de l’autre l’est tout autant.

Une belle et poignante leçon pour les chrétiens pépères que nous sommes.

 

 

Marc Fromager, Chrétiens en danger. Vingt raisons d’espérer, Editions des Béatitudes, 2013, 194 pages, 14 €

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Les plantes de la Bible et leur symbolique

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Broché : 110 pages
Editeur : Cerf (21 novembre 2014)
Collection : BIB CERF
Langue : Français
ISBN-10 : 2204102709
ISBN-13 : 978-2204102704
Dimensions : 22 x 0,7 x 16,5 cm

 Les plantes de la Bible et leur symbolique

Parmi toutes les façons de lire la Bible, il en est une à laquelle nous pensons peu. La Bible évoque d’abord et avant tout l’ancienne et la nouvelle Alliances, la relation étroite entretenue entre Dieu et son peuple. Dans leur spécificité et à leur manière, chacun des livres parle longuement de cette relation, avec ses hauts et ses bas. En même temps qu’il y a cette histoire d’amour on peut imaginer les Ecritures comme un vaste décor, avec ses paysages, ses animaux et ses plantes. Tout cela n’est pas sans importance. On doit ce kaléidoscope de couleurs et d’odeurs au fait que toute l’histoire biblique tient en une terre – la Terre Sainte – bien particulière. Si l’histoire sainte s’était déroulée dans ce qui était autrefois la Gaule, le rapport au divin aurait-il été différent ? C’est possible car, après tout, on peut très bien penser que l’horizontalité du désert pousse à la verticalité. Une végétation luxuriante ou de type nordique semble à première vue plus propices au paganisme. Le désert pousse au contraire à une certaine radicalité. Il est la matière première du monothéisme, d’abord juif, chrétien ensuite, musulman enfin.

Puisque l’histoire biblique commence dans un jardin, il eut été regrettable que l’on ne s’intéressât pas aux plantes de la Bible. Dans ce petit ouvrage très pédagogique et bien illustré, Christophe Boureux, dominicain, présente une cinquantaine de plantes et d’arbres qui jalonnent le récit biblique : l’ivraie, la mandragore, la grenade, le cèdre, le lierre, le noyer, le blé, l’ortie… La présentation de chaque plante est illustrée d’un passage biblique. Dans son texte, l’auteur, Christophe Boureux, s’est attaché à décrire la symbolique attachée à chacune de ces plantes. Cette symbolique est d’une richesse parfois incroyable. Nous qui vivons dans un monde technicien avons oublié la fonction symbolique des choses qui nous entourent. Là où nous voyons un arbre, une plante, aussi beaux soient-ils, les anciens voyaient davantage.

Une belle et originale façon d’entrer dans le grand récit de la Création. Comme le dit la quatrième de couverture : « Bienvenue dans le jardin divin ! »

 

Christophe Boureux, Les plantes de la Bible et leur symbolique, Cerf, 2014, 109 pages, 14 €

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Le vertige divin : La saga des stylites

Broché : 308 pages
Editeur : Cerf (20 mai 2014)
Collection : HISTOIRE
Langue : Français
ISBN-10 : 2204102350
ISBN-13 : 978-2204102353
Dimensions : 24 x 2,3 x 15,5 cm

 Le vertige divin

Qui se souvient encore de la saga de ceux qu’on appelle les stylites ? Dans la Syrie et la Palestine, des IV° au XI° siècle de notre ère, des moines décident de tout plaquer pour aller habiter au sommet d’une colonne. Non, vous ne rêvez pas, la chronique l’assure : des chercheurs de Dieu, voulant vivre jusqu’au bout dans l’ascèse, fuirent le monde pour se réfugier en haut d’une colonne surmontée d’une plate-forme d’environ un à deux mètres carrés. Ces hérauts de la mortification, dont Philippe Henne donne une image très réaliste, vont pousser toujours plus loin le désir de fuite du monde et de macération. La plupart de ces moines, à commencer par le plus connu d’entre eux, Siméon le Stylite, ont connu la vie cénobitique, en communauté. Poussant toujours plus loin l’exigence ascétique, voulant se rapprocher de Dieu, ils en arrivent à trouver la vie monastique trop accommodante avec l’esprit du siècle, d’où la nécessité de rechercher des formes extrêmes. Après la courte vogue des moines stationnaires vient le courant, lancé par Siméon, des moines stylites. Connus pour leur sainteté, les stylites poussent l’exigence à se faire construire une colonne qui sera leur demeure définitive. Là, personne ne viendra perturber leur soif de prière et leur exigence d’ascèse. Du haut de leur « perchoir », soumis aux intempéries, pouvant à peine s’étendre, se nourrissant de presque rien, les stylites vont écrire la page la plus impressionnante de la mystique chrétienne. Du haut de leur colonne, ces champions de la foi recherchent plusieurs buts : échapper à l’engouement du peuple chrétien à leur endroit afin de ne pas se laisser distraire, se consacrer corps et âme à la prière et à la méditation, nouer une relation verticale avec le divin, espérer gagner le salut au moyen de mortifications inouïes dont nous sommes bien incapables de comprendre le sens. Les stylites n’étaient pas fous. Ces athlètes de Dieu cherchaient avant tout à se rapprocher du Ciel, peu importe la dureté des conditions pratiques qu’ils devaient affronter. Si le pari de l’auteur était de décrire comment ces mystiques ont réussi à « manifester le triomphe de l’esprit sur le corps » (p. 95), eh bien il y a pleinement réussi.

 

Philippe Henne, Le vertige divin, Cerf, 2014, 309 pages, 22 €

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Les ressources de la foi

Broché : 274 pages
Editeur : Salvator (22 janvier 2015)
Collection : Forum
Langue : Français
ISBN-10 : 2706712600
ISBN-13 : 978-2706712609
Dimensions : 22 x 2 x 14,5 cm

 Les ressources de la foi

Le P. Henri-Jérôme Gagey, enseignant à l’Institut Catholique de Paris, vient d’écrire un ouvrage de réflexion consacré au présent et à l’avenir proche de l’Eglise catholique en France. Intitulé Les ressources de la foi, le livre du P. Gagey se donne pour mission d’explorer les conditions de l’évangélisation dans la France de 2015. Selon lui, devant cette « crise sans précédent », l’Eglise doit faire preuve d’imagination. Elle doit le faire en sachant qu’il n’existe pas de solutions pastorales miraculeuses et que « la nouvelle évangélisation se présente comme une opération complexe de déchiffrement de la situation et d’invention du nouveau style de vie d’Eglise. » (p. 40). On sent dans ces propos une référence à certains travaux du P. Ghislain Lafont, lui aussi désireux d’ « imaginer l’Eglise catholique ». Malheureusement, trois freins bloquent l’imagination. Il faut en effet en finir avec trois idées bien ancrées. L’Eglise n’est plus l’institution rituelle du salut qu’elle a été durant des siècles ni ce corps théologico-politique désireux, comme l’Etat, de s’ériger en société parfaite. En dernier lieu, même si l’on peut éprouver quelque nostalgie à l’égard de la civilisation paroissiale d’autrefois, le système paroissial apparaît lui-même de plus en plus inopérant. Alors que la société n’a que faire de l’Eglise et de la foi, la tentation des communautés pourrait être de se calfeutrer. Avant d’aller plus loin, l’auteur a tenu à faire un tour du côté des tenants de la pastorale d’engendrement ; soucieuse d’une saine coopération entre l’Eglise et la société, elle est susceptible de donner les outils nécessaires à la revitalisation de la foi. Car, dans l’ère du vide qui caractérise l’époque, l’Eglise n’a pas dit son dernier mot. Le philosophe Marcel Gauchet estime, par exemple, « que l’Eglise pourrait bien reprendre pied en se présentant comme une ressource pour la construction du sujet postmoderne fragilisé. ». Oui, l’Eglise a une belle carte à jouer en se présentant comme un peuple de témoins à l’écoute de nouveaux arts de vivre, ce que H.-J. Gagey appelle « le service évangélique de l’humain ». L’Eglise n’est pas à appeler à devenir une contre-culture. Avec les ressources de la Parole et de la raison, elle puise à sa source pour aider les contemporains à avoir une vie bonne, une vie qui ne se réduit pas à la seule consommation.

 

Henri-Jérôme Gagey, Les ressources de la foi, Salvator, 2015, 274 pages, 21 €

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L’Odyssée de la Bible : Études et thèmes

Broché : 977 pages
Editeur : Cerf (2 octobre 2014)
Collection : LIRE LA BIBLE
Langue : Français
ISBN-10 : 2204102776
ISBN-13 : 978-2204102773
Dimensions : 20 x 2,6 x 13,5 cm

 L’Odyssée de la Bible : Études et thèmes

Dominicain et professeur à l’Ecole biblique de Jérusalem, le P. Etienne Nodet s’est lancé dans un travail de titan qui consistait à disséquer la Bible par thèmes, de « Aaron » à « Zélote ». L’accomplissement d’une telle œuvre supposer une connaissance à la fois large et pointue de la Bible considérée comme objet d’études. Ce dictionnaire de plus de trois cents entrées permet un parcours complet couvrant l’ensemble des livres bibliques, de la Genèse à l’Apocalypse. Les articles sont généralement courts et le tout ressemble à s’y méprendre à un livre de poche. En lieu et place de gros dictionnaires pesant deux à trois kilos, L’odyssée de la Bible adopte une forme simple, souple et commode. Au fil de ces mille pages, Etienne Nodet réussit son pari de rendre proche le texte biblique et d’épuiser l’ensemble des thèmes qui parcourent les 73 livres qui la composent. Ainsi que le rappelle la quatrième de couverture, tous les thèmes et toutes les questions sont abordés : « Quelle est l’histoire de la rédaction de la Bible ? Quelles sont les sources de l’Ancien Testament ? Du Nouveau Testament ? Sur quels critères les livres qui la constituent ont-ils été retenus ? Qu’est-ce que la Bible hébraïque ? La Septante ? La Vulgate ?  Quelle est l’histoire de sa réception à travers les siècles ? » et ainsi de suite.

Les articles sont truffés de références scripturaires qui permettent le recours facile aux sources sans avoir à se reporter aux notes de bas de page ou de fin d’ouvrage. Cette commodité n’est cependant pas sans inconvénients. Le texte paraît haché par tous ces « Lc 13, 18-21 » ou « Si 44, 16-19 » qui, en eux-mêmes, demandent une connaissance minimale des références bibliques. Le plaisir de la lecture s’en trouve considérablement amoindri car la présence aussi proche et cadencée de toutes ces références pousse à l’usage systématique de la Bible. C’est la raison pour laquelle cette Odyssée semble plus faite pour les chercheurs et les étudiants que pour le grand public. Paradoxalement, en voulant jouer la praticité Etienne Nodet a tellement alourdi l’usage du texte qu’est bannie la lecture

 

Etienne Nodet, L’Odyssée de la Bible : Etudes et thèmes, Cerf, 2014, 977 pages, 29 €

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A quoi sert un chrétien ?

Broché : 273 pages
Editeur : Cerf (30 octobre 2014)
Collection : EPIPHANIE
Langue : Français
ISBN-10 : 2204102954
ISBN-13 : 978-2204102957
Dimensions : 21 x 2,2 x 13,5 cm

 A quoi sert un chrétien ?

Il y avait longtemps qu’un ouvrage comme celui-ci n’avait pas vu le jour, je veux dire un livre s’interrogeant sur la santé actuelle de l’Eglise catholique et les réponses qu’elle peut apporter à son déclin en Occident. Jean-Guilhem Xerri a su relever le défi, mettant en avant ce que révélait de positif la crise actuelle et en donnant des raisons d’espérer.

Dans les premiers chapitres, faisant l’état des lieux de l’Eglise en Occident, il ne mâche pas ses mots, relevant ici les attaques dont la foi chrétienne est régulièrement l’objet, déplorant là le fait que de nombreux catholiques ne sont plus véritablement chrétiens. L’exculturation du catholicisme, relevé naguère par Danièle Hervieu-Léger, n’est pas une vue de l’esprit : le programme est en partie réalisé car, explique l’auteur, « plus la modernité se développe, plus la religion se rétracte » (p. 39). Cela dit, c’est à la fin d’un christianisme que nous assistons, non à la fin du christianisme. Un christianisme de compagnonnage peut se substituer à un christianisme d’autorité. Pour ce faire, Jean-Guilhem Xerri pointe trois préalables : ne pas se laisser absorber par la peur du déclin, considérer que l’effondrement de la culture et de la morale chrétiennes oblige à se proposer le cœur de la Révélation – la mort et la résurrection du Christ – et comprendre que la transmission peut se faire autrement que dans le seul rapport à la verticalité. Une vraie vie chrétienne doit reposer sur ces deux piliers que sont une vie intérieure de qualité, en relation étroite avec le Christ, et un esprit de charité qui donne envie. Donner envie ! Dans une époque ravagée par la perte de sens, n’est-ce pas ce à quoi tout chrétien est appelé ? Cette envie, c’est dans une alliance permanente entre prière et charité qu’il faut la chercher.

Ne nous leurrons pas : A quoi sert un chrétien ? n’est pas un livre de recettes. Il appelle simplement à se mettre dans des dispositions favorables, pour recevoir la Parole et comprendre le cœur de la foi, pour accueillir l’autre dans une relation de service et de fraternité. Cela n’a rien à voir avec un quelconque christianisme triomphant ou une volonté de revanche de la sécularisation.

 

Jean-Guilhem Xerri, A quoi sert un chrétien ?, Cerf, 2014, 274 pages, 20 €

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Au rythme des fêtes chrétiennes / L’année liturgique

Broché : 194 pages
Editeur : CERF (2 octobre 2014)
Collection : CATECHESE
Langue : Français
ISBN : 978-2-204-10278-0
EAN : 9782204102780
Dimensions : 21 x 1,5 x 14 cm

  Au rythme des fêtes chrétiennes

Les populations d’ici vivent dans un temps de plus en plus laïque : ici la fête de l’hiver a succédé à Noël, ailleurs c’est Pâques qui a dû s’effacer pour laisser place à une improbable faite de l’hiver. Dans une Europe qui a peur de son histoire comme de son ombre, le rythme du temps n’est plus scandé que par le rythme des saisons – encore pour combien de temps ? – et celui des innovations technologiques. La société traditionnelle égrainait le temps sur un rythme plus lent et plus régulier. Pendant des siècles, dans cet Occident encore chrétien, l’écoulement du temps, c’est-à-dire celui des jours et des siècles, était ponctué par le calendrier liturgique. Dans l’Occident d’autrefois, les fêtes chrétiennes jouaient un rôle énorme. Avec la sécularisation, l’empreinte chrétienne n’est visible que par un vocabulaire qui, en dépit des vicissitudes, demeure : Pâques, la Toussaint, l’Avent (et non l’Avant comme on le voit grotesquement écrit par des commerçants désireux de pousser à l’achat de galettes ou de calendriers), Noël… Les chapitres de l’ouvrage de Marie-Christine Bernard sont tous écrits selon la même ordonnance : un passage de l’Ecriture, souvent les Evangiles, suivi d’un commentaire écrit sur un ton très personnel. Evitant avec soin l’intellectualisme, l’auteur met à jour l’essentiel de ce qu’il faut retenir, la quintessence du message dans son rapport aux chrétiens d’aujourd’hui. « Comment comprendre cela ? » demande-t-elle à plusieurs reprises. Quel sens la naissance du Christ (Noël), sa mort (Vendredi Saint) et sa résurrection (Pâques) sur la croix ont-elles ? Pour chaque chapitre, Marie-Christine Bernard décrit le cadre et l’ambiance dans lesquels les événements de la Nouvelle Alliance se placent. Quel sens ont-ils au regard de la foi chrétienne et quel écho spirituel retentit-il jusqu’à nous ?

Avec le sens de la pédagogie qu’on lui connaît, Sœur Marie-Christine Bernard a su rendre vivantes des fêtes qui nous aident à ne pas désespérer de ce monde froid et technicien.

 

Marie-Christine Bernard, Au rythme des fêtes chrétiennes, Cerf, 2014, 192 pages, 14 €

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L’islam et nous

Broché : 274 pages
Editeur : CERF EDITIONS (11 septembre 2014)
Collection : L’histoire à vif
Langue : Français
ISBN-10 : 2204100560
ISBN-13 : 978-2204100564
Dimensions : 21 x 2 x 13,5 cm

 L’islam et nous

Dans le foisonnement d’ouvrages écrits sur l’islam, celui de Dominique Josse devrait faire date ; ce serait justice. Que voilà un livre intelligent ! Il dit en termes simples des choses parfois compliquées, il ose appeler chat un chat, affirmant la fracture irréversible qui sépare le christianisme de l’islam tout en appelant à la création de ponts. L’islam a hélas tendance à se dévoiler sous son jour le plus violent mais le chrétien, désabusé et noyé comme tout un chacun dans l’océan de la consommation, peut tirer du positif quand il observe le degré de foi manifesté par beaucoup de musulmans. L’islam serait-il la seule religion à résister au rouleau compresseur de la mondialisation ? Si oui, dans quelle mesure pourrait-il inspirer les chrétiens afin qu’ils montrent davantage d’assiduité à la prière et se montrent fiers de leur foi ?

Dominique Josse a divisé son ouvrage en trois grandes parties : les sources de l’islam, la théologie de l’islam et la pratique de l’islam. J’ai rarement lu un livre aussi pédagogue sur le sujet. Sans entrer dans le détail, le sentiment est que l’auteur s’attache à donner du Dieu de l’islam une image radicalement différente du Dieu des chrétiens – une image respectueuse, mais différente – qui s’explique par le fait que l’islam est « la religion naturelle du Dieu révélé » (Alain Besançon) (p. 54). L’auteur fait souvent référence à la notion d’extrinsécisme chère au grand orientalisant Louis Gardet : l’image que les musulmans d’Allah est si puissante, si transcendante, si éloignée de la condition humaine que le croyant, même au paradis, est toujours placé sous le regard terrible et pénétrant du Tout-Puissant. Le Dieu musulman, contrairement au Dieu chrétien, se situe loin de la condition humaine : il est l’Omniscient, l’Omnipotent, Celui qui voit et sait tout et devant lequel le croyant n’a qu’une attitude à adopter : la soumission. L’islam n’est pas la religion de l’amour, mais de la foi, une foi pure, un bloc massif, impénétrable. Dans sa dernière partie, D. Josse insiste sur les différences irréversibles qui distinguent islam et christianisme. Cependant, alors que le canon résonne en Syrie et en Irak, il émet un rêve : que, sans renoncer à ce qui fonde leur foi, chrétiens et musulmans se rapprochent pour donner un peu d’âme à un monde desséché et desséchant. Depuis qu’on a liquidé Dieu en Occident et quand on considère le mal-être ambiant, on se demande où est le progrès !

 

Dominique Josse, L’islam et nous, Cerf, 2014, 274 pages.